Je suis revenu, depuis deux jours, d’un pèlerinage aux Saintes-Maries. Pourquoi Dieu permet-il que ces femmes, les compagnes de ses courses apostoliques, les amies fidèles de ses ignominies au Calvaire, qui, avec saint Jean et la Sainte Vierge, formaient presque à elles seules le noyau de l’Eglise quand Jésus-Christ expira (1), dont l’amour survécut à sa mort et qui méritèrent d’apprendre, les premières, sa résurrection; pourquoi furent-elles jetées sur cette plage, sans secours, sans direction, sans action apostolique? Pourquoi ce délaissement? Pourquoi cette apparente sévérité de la part du divin Sauveur? Sainte Marthe évangélisa Tarascon, sainte Madeleine est la compagne des anges, la tradition ne donne aux saintes Maries que les sables, la mer et un climat insalubre. Que se passa-t-il, quand l’une d’elles vint à mourir, dans l’âme de celle qui survécut? Quelle épreuve dans cet abandon, quels mérites dans ces souffrances en apparence inutiles? L’une d’elles apporta la tête de son fils, saint Jacques, le premier apôtre martyrisé; l’autre n’avait rien avec elle que les souvenirs de la croix et de la résurrection. Cela suffisait à toutes les deux. Que la foi vous suffise, ma bien chère enfant, et vous aide à étendre vos ailes du côté du ciel!
Lettre à Mme de La Prade (Lettres, t. III, p. 447).
(1) D’après Lc 23, 49 ou 24, 10. Le 2 avril 2005 est le jour anniversaire du décès du pape Jean-Paul II.