Fête de la conversion de saint Augustin.

Depuis quinze jours environ, je suis devenu travailleur. Tous les matins, dès 5 h. ½, je suis à me promener, un livre à la main. J’ai lu la Bible, Tertullien, les Confessions de saint Augustin. Le joli livre que ces Confessions! Comme cet homme avait une belle âme! Il était faible pourtant, il avait fait ses farces; mais aussi quels regrets! Et puis, son amitié pour ses amis! Il en parle d’une manière charmante. Je traduis du Tertullien; puis, je traduirai du Dante: j’ai déjà lu presque tout le texte de l’Enfer par l’entremise d’une traduction en regard. Enfin, j’ai de beaux projets d’études, au moins pour un mois. Je ne vous parle pas politique. C’est si desséchant que la politique! Aujourd’hui je ne vous en dirai rien. Ma lettre, cette fois-ci, ne constatera qu’un fait, c’est que je suis las de tout ce que je vois et que j’ai voulu me rafraîchir le cœur en vous l’ouvrant un peu. Prenez ce que je vous ai dit pour ce que vous voudrez, mais quand vous n’y verriez qu’une folie – ce que je ne crois pas, – on en fait tant aujourd’hui qu’il est bien permis d’en dire. Adieu.

Lettre à Luglien de Jouenne d’Esgrigny (Lettres, t. A, p. 127-128.

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