Je suis si profondément convaincu de ce que vous dites qu’après avoir assuré le succès du collège que j’ai fondé à Nîmes, je me retire, ces jours-ci, pour aller m’établir au milieu d’une association d’une centaine de jeunes gens, à qui je voudrais communiquer les vrais principes. Peut-être chercherais-je à creuser un peu plus profondément que vous, c’est-à-dire, que sous les principes de la famille, de la société et même des commandements de Dieu, je chercherais l’action de Dieu même. Déjà M. de Butenval affirme le péché originel, ce fait qui jette de si lugubres et de si fécondes clartés sur la nature humaine et sur J.C., son réparateur. Il ne faut point oublier une parole de Pie IX à Mgr Mermillod: ĞL’Eglise pose les principes, elle en laisse les applications aux hommesğ. Trop souvent on a confondu les principes éternels avec les applications humaines, et, dès lors, nécessairement infirmes. Quand une société a usé ses applications soit par la vétusté, soit par de fatales déviations des principes, il faut remonter à la source vraie pour retrouver l’élément divin qui fait la vie des peuples.
Lettre à Frédéric Le Play (Lettres, t. IX, p. 438).
Frédéric Le Play (1806-1882) est un ingénieur et un économiste connu, d’origine normande. Il fut professeur et conseiller d’Etat. Les analystes classent cet observateur et théoricien des faits sociaux du XIXème siècle dans le cadre des chercheurs conservateurs. Son fils Albert fut élevé dans les collèges de l’Assomption.