Le Congrès de Vienne avait été sur le point d’accorder à l’Autriche les Légations italiennes. L’Angleterre seule par son opposition empêcha une usurpation aussi criante. L’Angleterre rendit plusieurs autres services au Pape, pour lesquels elle demanda que le clergé irlandais fût pensionné par l’Etat et que le roi d’Angleterre eût le droit de présenter aux évêchés. Quelque funeste que fût le traité à la religion, le Pape, pour témoigner à une Puissance protestante sa reconnaissance de se voir sauvé des prétentions de Sa Majesté apostolique et des concessions de Sa Majesté très Chrétienne, était sur le point de le signer, quand les évêques anglais envoyèrent un de leurs confrères pour déclarer qu’ils ne reconnaîtraient jamais un tel Concordat, parce qu’en s’y soumettant ils tuaient la foi en Irlande; qu’ils préféraient vivre du pain de leurs pauvres compatriotes que de l’or que leur jetait l’Angleterre pour prix de leur liberté. Le Pape, qui ne comprenait pas bien d’abord, négocia; les évêques tinrent ferme, le Concordat ne fut pas signé, la liberté fut sauvée, et aujourd’hui cette Eglise héroïque s’avance à travers des luttes pénibles sans doute, mais aussi au milieu de victoires glorieuses, vers le plus brillant avenir.
Lettre à l’abbé Fabre (Lettres, t. XIV, p. 50).
Emmanuel d’Alzon avait connu cet abbé Césaire-Frédéric Fabre (1803-1877) comme directeur spirituel au grand séminaire de Montpellier durant les années 1832-1833.