Vendredi, 6h55, au sud de Paris. Une cloche en fonte tinte dans le vestibule du foyer pour étudiants de Cachan (Val-de-Marne), animé par les frères assomptionnistes. C’est l’heure des Laudes. Deux minutes plus tard, paupières lourdes, cinq jeunes dévalent l’escalier de bois et rejoignent les cinq religieux de la communauté à la chapelle. Après l’office, Frère Tram fonce à la boulangerie installée en haut de la rue. Les neuf autres s’attablent dans la salle à manger. Barbe rousse et sweat bleu marine orné du blason de son école, Jean-Baptiste, 23 ans, en dernière année d’ingénieur à l’École Spéciale des Travaux Publics voisine, frotte ses yeux bleus : « Le matin, je quitte mon lit à moitié endormi et je me réveille vraiment pendant les Laudes. C’est le plus beau des réveils ! ».
Ce soir, l’équipée de Cachan a rendez-vous avec soixante-dix autres jeunes de foyers animés par l’Assomption, à Notre-Dame de l’Ouÿe (Essonne), une maison d’accueil à trente kilomètres de Paris.
Après avoir cahoté sur les ornières d’un étroit chemin obscur, le vieux combi prêté au groupe de Cachan arrive à destination, en rase campagne. Dans le hall de Notre-Dame de l’Ouÿe, Jean-Baptiste fait la connaissance du père Sylvain Gasser en charge du foyer de Vincennes, raconte, enthousiaste : « Je rencontre les quinze étudiants le mardi pour la messe, le dîner et un échange autour de questions sociétales ou spirituelles ». Pauline et Ludovic co-animent ce foyer. Parents de quatre enfants, ils composent des menus équilibrés et gèrent les factures et les achats pour les dîners qui seront préparés par les jeunes à tour de rôle. « Je suis leur maman à Paris, aime à redire Pauline. Certains souffrent d’être loin de leur famille. Ils me confient leurs peines et leurs joies ». Tout en savourant un cake aux pommes, Jean-Baptiste interroge trois étudiantes séjournant à Lille, : « Ça vous plaît, la vie en foyer ? »
« Je me sens en famille, se réjouit Alix, les yeux pétillants. Et le soir, j’aime prier les complies». « Pas facile de préparer, chaque semaine, un repas pour dix. Mais cette initiation me rend plus adulte », ajoute Jean, en licence de sciences politiques. Bientôt agrégée en Lettres modernes, Thomas s’anime : « Les trois week-ends de retraite du foyer me font un bien fou et me permettent de prendre du recul ». Il se fait tard. Entre éclats de rires, prières et conférences, le week-end de retraite est chargé.
Tiré de Prions en Église, n° 390
P. Thibault Van Den Driessche, assomptionniste