Prendre soin du pauvre. Je regarde le Christ : il passe son temps à prendre soin de l’humanité, non en théorie, par décrets ou par injonctions, mais en se mettant à la hauteur des hommes et de femmes qu’il rencontre sur son chemin : l’aveugle, le lépreux, le paralysé, la personne accusée, rejetée de la synagogue et de la société. Il ne passe pas à côté d’eux, en changeant de trottoir, parce qu’il doit rendre un culte à son Père : sa manière de rendre un culte à son Père, c’est de prendre soin de l’humanité blessée, broyée. Prendre soin de l’humanité : la religion du Christ et, pour moi, un test obligatoire !
Prendre soin du désir qui me constitue. Sonder le désir qui m’habite, creuser le désir qui me constitue, un désir qui me vient d’ailleurs, d’un autre, mais qui tend de toute son énergie à réaliser ce que je suis appelé à devenir. Ma dignité d’homme, de chrétien, de religieux vient de là. Désir mystérieux qui est le cœur de mon cœur : une question d’amour et source de mon intelligence, de ma foi et de ma joie.
Prendre soin de mes relations. Ce que je suis, je le dois aux autres et tout particulièrement à ceux avec qui j’ai parcouru un long chemin. Je ne crois pas avoir désavantagé ces relations privilégiées de confiance réciproque, d’abandon, de partage de joies et des épreuves ; mais, il me semble parfois, que le temps se dérobe pour les garder vives, les alimenter, les nourrir de gratuité : prendre soin de l’amitié, ce trésor caché dans les répliques de mon existence.
Prendre soin du Christ. Ambition prétentieuse, mais au cœur de ma
mission : annoncer Jésus-Christ dans un monde à mille distances de l’Évangile. Rendre Jésus à l’Évangile, à l’Heureuse Nouvelle du Royaume. Le nettoyage de toutes les gangues supprimées, de toutes les certitudes momifiées et de structures définies. Libérer ce « prisonnier de l’amour » des tabernacles et des sacristies pour le redonner à toute l’humanité dont il a pris la chair, pour le rendre aux chemins qui parcourent le monde.
Prendre soin du pauvre, prendre soin du désir qui me constitue, prendre soin de mes relations, prendre soin du Christ : modeste chemin de conversion et de fidélité.
P. Marie-Bernard Kientz, aa
Une parole pour aujourd’hui
» Je prends aujourd’hui à témoin contre vous
le ciel et la terre :
je mets devant toi la vie ou la mort,
la bénédiction ou la malédiction.
Choisis donc la vie,
pour que vous viviez, toi et ta descendance,
en aimant le Seigneur ton Dieu,
en écoutant sa voix, en vous attachant à lui ;
c’est là que se trouve ta vie, une longue vie
sur la terre que le Seigneur a juré de donner
à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob. «
(Dt 30,19-20)
Une prière
Que ta bienveillance nous accompagne, Seigneur, durant ces jours de privation, pour que la discipline imposée à nos corps soit vraiment pratiquée avec amour.
Que par le soin des pauvres, du désir qui nous constitue, de nos relations nous imitions le Christ qui par sa vie et son ministère a pris soin de l’humanité. Amen
