Vos expériences vous serviront peu, et le monde ne devant pas changer de si tôt, vos surprises dureront jusqu’à la fin des temps. Toutefois je suis loin de me décourager. Notre-Seigneur qui savait ce qu’il y a dans l’homme (1) est mort pour nous. Nous ne sommes pas encore à la hauteur des ingratitudes qu’il a subies; et puisque nous méritons ce qui nous arrive, notre valeur à nos propres yeux est plutôt dans ce que nous devrions et nous voudrions être que dans ce que nous sommes réellement. Je dois pourtant vous dire que les 9 religieux que nous aurons l’an prochain à Nîmes, sont pleins d’enthousiasme et d’entrain. La contagion a gagné jusqu’à votre mari. Je vois l’année qui s’ouvre avec les résultats moraux obtenus déjà et je suis plein d’une confiance partagée par tous les gens qui m’environnent. Quant aux oppositions, il faut que nous en ayons et de très fortes. Cela est indispensable Nous serons humbles, nous serons petits, nous serons joyeux comme les apôtres qui se retiraient d’auprès de ceux qui les avaient flagellés, pleins d’allégresse d’avoir subi des insultes pour Notre-Seigneur (2).
Lettre à Mme Cécile Germer-Durand (Lettres, t. VI, p. 134-135).
(1) Jn 2, 25.
(2) Ac 5, 41. Mme Cécile Germer-Durand (1818-1886) était l’épouse du professeur du Collège en lequel le P. d’Alzon avait pleine confiance mais dont il ne partageait pas toujours les appréhensions cauteleuses ou les mouvements d’humeur sombre. Devenue veuve, elle choisit la vie religieuse chez les Oblates et partit quelque temps en Orient. Un de leurs fils, Joseph, se fit assomptionniste.