Il me semble que vous avez été toujours comme Marie-Madeleine, répandant sur les pieds de Notre-Seigneur son parfum silencieux (1). Madeleine ne disait rien, mais la bonne odeur de son vase se répandait dans toute la maison. Les regrets que vous laissez ici peuvent vous être un déchirement, mais un déchirement qui porte avec lui sa consolation. Comment vous y prenez-vous pour n’avoir pas d’amour-propre d’être tant aimée? Nous sommes en pleine Semaine Sainte, et j’ai bonne envie de me convertir. Profitez du repos qu’on va vous laisser probablement encore, ces jours-ci, pour prier un peu pour moi.
Lettre à Sœur Françoise-Eugénie de Malbosc (Lettres, t.V, p. 282).
(1) Scène évangélique d’après Jn 12, 3. Sœur Françoise-Eugénie de Malbosc, supérieure de la communauté de Nîmes, quitta le Midi pour Auteuil en mars 1865, suite à sa nomination de conseillère au chapitre général de 1864.
(2) Le P. d’Alzon a toujours eu une grande dévotion pour sainte Marie-Madeleine. Quand il quitta Lavagnac pour Nîmes en novembre 1835 et qu’il put peu après s’installer Rue de l’Arc-du-Gras, il emporta un grand tableau de Madeleine pleurant ses péchés, seul ornement de son appartement avec une tête de mort sur la cheminée de sa chambre, puis sur sa table de travail le grand crucifix offert par Mgr de Chaffoy et deux grandes glaces données par Mme d’Alzon (Notes et Documents, t. II, p. 80). Le P. d’Alzon goûta particulièrement une composition poétique du poète Reboul, intitulée Madeleine parue dans ses Tableaux évangéliques.