Hé bien! Le même Dieu, dont les conseils sont impénétrables, avant de frapper contre l’Eglise de France le coup terrible qui la bouleversa jusque dans ses fondements, avait des vues de miséricorde sur notre patrie. Il entrait dans ses merveilleux desseins que l’Eglise de Nîmes, après avoir vu son dernier évêque proscrit comme un criminel, après avoir été réunie quelque temps à une église voisine, sortit pour ainsi dire de ses cendres, et qu’augmentée des débris de plusieurs diocèses voisins, elle présentât de tous les sièges épiscopaux de France le plus difficile à occuper. Ce fut pour le remplir qu’il fit naître le pontife objet de nos larmes, dans une province où la foi se maintint dès l’origine dans sa pureté primitive, et sur les frontières d’un pays protestant, afin que dès le berceau, le double spectacle et de la fermeté majestueuse de la vérité et des perpétuelles fluctuations de l’erreur, fortifiât dans son âme son attachement à l’Eglise et fît tout d’abord éprouver à son cœur cette touchante compassion qui l’anima toujours envers nos frères séparés.
Oraison funèbre de Mgr de Chaffoy (6 octobre 1837), d’après T.D. 1-5, p. 7-25.
(1) Mgr de Chaffoy (1752-1837) a été le premier évêque de Nîmes du XIXème siècle dont le siège avait été rétabli au concordat de 1817. Le P. d’Alzon lassista dans ses derniers moments et fut choisi pour prononcer son éloge public lors de ses funérailles, selon la coutume. Son discours d’éclat fut remarqué et même si controversé qu’il éprouva la nécessité de le faire imprimer pour ne pas donner prise à des interprétations polémiques qui en dénaturaient l’esprit.