- PROPOS DU P. D'ALZON RAPPORTES PAR H. GALERAN
- Pour le service funèbre des victimes de Castelfidardo
- H.D. Galeran, Croquis du P. d'Alzon, B.P. (1924)
- "Discours de circonstance", dans *Croquis du P. d'Alzon*, p.160-162.
- ** Aucun descripteur **
- 5 octobre 1860
- 5 oct 1860
- Nîmes
- Cathédrale
Une remarquable originalité du Père, fut de monter en chaire, après l’Evangile, au service funèbre pour ls morts tombés à Castelfidardo, revêtu de la chasuble et de tous les vêtements sacerdotaux. C’était à la cathédrale de Nîmes (1).
Voici quelques-unes de ses paroles, rapportées par quelqu’un qui était présent:
« Vous êtes sans doute étonnés de me voir paraître en chaire revêtu des ornements de la messe. Dans un service aussi exceptionnel que celui que nous célébrons pour les victimes de la plus coupable des trahisons, je ma suis cru autorisé à déroger aux usages liturgiques. Les ornements que je porte sont symboliques, et ce symbolisme emprunte aujourd’hui aux événements une solennelle actualité.
« Les ennemis de la papauté ont tué ses héroïques défenseurs. Le Vicaire de Jésus-Christ est livré à ce qu’il y a de plus vil et de plus bas dans le monde parmi les hommes. Les scènes douloureuses de la Passion se renouvellent encore: les dérisions, les insultes, les épines, le manteau d’écarlate, le bandeau, les cordes pour lier les mains, tout reparaît, d’une façon ou d’une autre, dans les honteux traitements infligés au Souverain Pontife.
« On espère en finir avec le catholicisme! On n’en finira, ni avec le Pape, ni avec l’Eglise, pas plus qu’il ne fut possible d’en finir avec Notre-Seigneur, en dépit de tout. Et savez-vous pourquoi ? Voyez cette immense armée qui couvre le monde entier, et dont le Pape est le chef! Voyez le sacerdoce catholique, depuis le Pontife de Rome jusqu’au dernier prêtre, revêtant, chaque jour, en montant à l’autel, cette puissante armure, symbole d’une invincible force morale.
« L’amict, qui est le casque dont l’éclat doit paralyser les efforts diaboliques; l’aube, dont la blancheur vient du sang de l’Agneau, ce sang qui lave les consciences, donne la pureté et fortifie la volonté; le cordon, ces liens mystérieux qui entourent les reins et signifient la force morale qui vient de la chasteté et de la victoire sur les passions; le manipule des larmes et de la pénitence qui assurent le triomphe de ceux qui savent prier et souffrir; l’étole, symbole d’immortalité, car ceux qui combattent pour Dieu, après les épreuves seront remplis de joie; la chasuble ou le joug du Seigneur, joug suave et d’autant plus léger qu’on le porte plus volontiers; joug honorable qui nous attire l’abondance de la grâce, c’est-à-dire d’un secours surnaturel qui fait les héros et les vainqueurs.
« L’Eglise, vous le voyez, est bien armée; on ne peut pas lui arracher ses armes. On tue, on assassine ses enfants…il en reste encore! Mais regardez en haut, voyez-vous, autour du trône de l’Agneau, ces héros couverts de blessures glorieuses? Les voilà vivants d’une vie qu’ils ne peuvent perdre, et revêtus d’une puissance protectrice contre laquelle ne prévaudront jamais ni les impies, ni les apostats, ni les hypocrites, ni les assassins!… »
Je n’étais pas présent; je cite les paroles de l’orateur telles que je les ai reçues.