- PROPOS DU P. D'ALZON RAPPORTES PAR H. GALERAN
- Le fils prodigue
- H.D. Galeran, Croquis du P. d'Alzon, B.P. (1924)
- Extrait de "Enfant prodigue" p.77-78, dans *Croquis du P. d'Alzon*, p.76-78.
- ** Aucun descripteur **
- Elèves du collège
- COLLEGE élèves
- Nîmes
- Chapelle du collège de l'Assomption
« Samedi dernier, dit le Père [d’Alzon], vous avez entendu un discours qui nous a tous profondément intéressés. Cependant, après avoir cherché pendant huit jours, vous ne paraissez pas avoir trouvé la clé de certaines allusions qui vous ont intrigués. Je vais vous donner cette clé. J’en demande la permission à M. l’abbé de Chareire qui occupe, là-haut, à la tribune de l’orgue, la place où j’étais assis pendant qu’il prêchait.
« Ecoutez-moi: Le prodigue, qu’il vous a si bien dépeint, quitta la maison paternelle sans demander sa portion de l’héritage. Sa mère vivait encore, et son père n’était pas homme à diviser son bien avant le temps. Il prit néanmoins une somme fort ronde qu’il tira en partie de sa mère et d’une ou deux tantes. Ainsi muni, il s’en alla in regionem longinquam, moralement parlant; car, de fait, il n’alla pas plus loin que Paris. Il n’y eut pour lui ni ferme, ni pourceaux, ni glands.
« Cependant, le pauvre enfant était bien loin, bien loin de Dieu et de sa foi. Sa mère et son père priaient et faisaient prier pour lui.
« Un jour, comme par distraction, il entra dans une église. Quelque chose le saisit; il fut tout retourné; c’était le in se reversus, suivi aussitôt du surgam! Il se leva, en effet; et pour se remettre bien sur pied, il entra dans un confessionnal, où, d’une main vigoureuse, il lava tout son linge sale. Il sortit propre, frais et présentable aux yeux de Dieu comme aux yeux des siens.
« Il revint chez son père, à la grande joie de tous; on ne tua pas le veau gras, car le jour où il frappa àla porte se trouvait un vendredi, on me l’a affirmé. On n’eut pas à le revêtir de la robe d’honneur; son âme était vêtue de blanc par l’absolution tombant sur un sincère repentir; son corps n’avait besoin ni de soie ni de broderies, parce qu’il déclara sa résolution de prendre la soutane, ce qu’il fit, en effet, bientôt après.
« Voilà le résumé du discours.; pour avoir la clé, maintenant, regardez là-haut vers ce digne prêtre, M. l’abbé de Chareire; c’est lui qui est le prodigue dont il vous a fait le portrait de main de maître. »