- Aux élèves du collège
- Analyse de l'instruction donnée au service anniversaire de Pie IX.
- L'Assomption, 5e année, n° 28 (15 février 1879), pp. 217-219.
- 1 AMOUR DU PAPE
1 COLLEGE DE NIMES
1 COLLEGIENS
1 DECADENCE
1 DENIER DE SAINT-PIERRE
1 ENNEMIS DE L'EGLISE
1 HISTOIRE DE L'EGLISE
1 IMMACULEE CONCEPTION
1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
1 LIBRE PENSEE
1 ORDRE SURNATUREL
1 PAPE
1 PECHE ORIGINEL
1 PERSECUTIONS
1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
1 REVOLUTION ADVERSAIRE
1 ROI DIVIN
1 SATAN
1 SOCIETE
1 SOUVERAIN PROFANE
2 ADAM
2 ALEXANDRE LE GRAND
2 ARIUS
2 CESAR
2 CHARLEMAGNE
2 LEON XIII
2 LUTHER, MARTIN
2 MAHOMET
2 PAUL, SAINT
2 PIE IX
3 FRANCE
3 GAETE
3 ROME - COLLEGE élèves
- 7 feb 1879
- Nîmes
- Collège de l'Assomption
Le 7 février 1879 à l’Assomption.
Le vendredi 7 février, anniversaire de la mort de Pie IX le Grand et le Saint, un service solennel a été célébré dans la chapelle de la Maison. Le T. R. Père d’Alzon a voulu officier lui-même. Sur le catafalque avait été placée l’étole pontificale qui avait appartenu à Pie IX et qui était arrivée de Rome depuis quelques jours, ainsi que nous l’avons dit dans notre dernier numéro.
Après l’absoute, et en dehors de la chapelle, pour obéir aux exigences liturgiques, le P. d’Alzon nous offrit à baiser ce précieux souvenir, que chacun de nous pouvait en son particulier vénérer déjà comme une relique, et qui nous était présenté comme le symbole de la juridictioin universelle de Pierre.
Nous donnons ici une analyse de la belle instruction que le R.P. d’Alzon nous adressa après la Messe:
Le Pape pour lequel nous célébrons ce service funèbre afin de nous conformer aux règles de la liturgie, peut sans doute être invoqué en particulier comme l’ont déjà fait tant de personnes qu’on dit avoir obtenu des prodiges signalés par son intercession. Mais ce Pape, ne nous y trompons pas, clôt une grande époque et en ouvre une nouvelle. Aussi, les plus jeunes eux-mêmes peuvent-ils se féliciter d’être nés et d’avoir vécu sous le pontificat d’un Pape aussi grand que Pie IX, grand et par les grandes choses qu’il a faites, et par les grandes choses qui se sont accomplies sous son pontificat.
Peu de Souverains Pontifes ont laissé après eux un vide aussi considérable; quand Pie IX s’est couché dans la tombe, on peut dire qu’une époque a fini avec lui, et qu’il avait préparé lui-même une époque nouvelle, en traçant les grandes lignes du plan de l’Eglise pour les luttes à venir.
I
Il y a en effet dans la vie de l’Eglise différentes époques : la Papauté a traversé l’époque des grandes persécutions, l’époque d’Arius et des grands hérésiarques, l’époque de la chute de l’empire romain et des invasions barbares, l’époque de la fondation et de l’organisation de la société sur des bases chrétiennes, celle de la lutte contre Mahomet, et enfin, le grande révolte de Luther et du protestantisme. Nous sommes aujourd’hui à l’époque de la Révolution dans la société par la libre-pensée : nous voyons se produire la négation de tout ordre surnaturel.
Or voici que Pie IX, chassé par la révolution, est obligé de s’enfuir à Gaëte; et c’est au moment où il est exilé de la sorte et privé de sa couronne, qu’il vient à son esprit, ou plutôt à son coeur, de placer sur la tête de le Très-Sainte Vierge la plus belle des couronnes, celle de l’Immaculée-Conception.
Mais si Marie, et Marie toute seule parmi les créatures humaines a été, par une faveur spéciale et miraculeuse, préservée du péché originel, il s’ensuit que tous les autres hommes sont soumis à cette loi, à laquelle Marie seule a fait exception, la loi du péché originel. Pie IX établit donc ce grand principe, ce principe fondamental, la base et la clef de voûte du monde de la grâce ou des rapports nouveaux établis entre Dieu et l’humanité, le principe qui domine l’organisation et la direction des sociétés humaines, le principe de la déchéance originelle.
En outre par la définition de l’Immaculée-Conceptiion de la Très-Sainte Vierge, Pie IX a proclamé le surnaturel, le surnaturel divin par le miracle et la grâce qu’il constate en Marie, et aussi le surnaturel démoniaque : car enfin, si Satan n’existait pas, et par suite son horrible empire, Adam n’aurait pas succombé, et Marie n’aurait pas eu à être préservée du péché originel.
Telle est la double affirmation que Pie IX posa solennellement en face de la révolution (qui veut organiser ou conduire la société sans tenir compte du péché originel), et en face de l’incrédulité actuelle qui rejette le surnaturel et ne veut pas de Dieu.
II.
De la négation du sunaturel résultaient de violentes attaques contre l’Eglise.
Or voici qu’au moment où nous voyons disparaître toutes les royautés et crouler tous les trônes sous l’effort de la révolution victorieuse, Pie IX présente à nos regards une royauté majestueuse et divine, la royauté de celui qui a dit : Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité : Ego ad hoc natus sum et ad hoc veni in mundum ut testimonium perhibeam veritati. Cette royauté, Pie IX l’affirme en proclamant l’infaillibilité. Par ce grand acte, Pie IX répond aux attaques dont l’Eglise est l’objet, en la posant, en face des sociétés désorganisées, dans toute la force de de son unité, par la définition de l’infaillibilité de son Chef et Souverain, dans tout ce qui se rapporte à la doctrine et aux moeurs.
Mais pendant qu’il accomplit ce grand acte, nous le voyons, comme autrefois celui dont il est le vicaire, à l’heure solennelle de la croix, délaissé de tous; les Souverains l’abandonnent, j’ai pu constater, j’ai pu voir de mes yeux, si je puis parler ainsi, l’absence des ambassadeurs de ces souverains qui allaient d’ailleurs bientôt tomber ou être abandonnés à leur tour. Cette dispersion, ce délaissement devaient faire ressortir la puissance de cette royauté divine donnée à la vérité et à l’Eglise sur les sociétés humaines. Actuellement encore, il en est de même de Léon XIII, et la solitude se fait autour de lui; – toutefois, ainsi que j’avais hier le bonheur de l’apprendre de la bouche de notre évêque revenu de Rome, parmi toutes les nations, celle qui luiest le plus fidèle est encore la France.
Cependant portez vos regards sur les sociétés et voyez comment toutes sont prêtes à se dissoudre et sont presque arrivées au terme de leur dissolution. Est-ce leur fin qui approche, et doivent-elles revivre encore ? Dieu le sait : nous devons adorer ses décrets, et il ne nous appartient pas de les sonder. Mais si la société doit se relever encore, il est certain qu’elle ne le pourra que dans la foi catholique, parce qu’il est certain qu’en dehors de l’institution de la Papauté et de l’institution de l’Eglise, qui repose sur la Papauté comme sur sa base, il n’y a pas d’unité, ni d’union possible pour les sociétés humaines.
D’autre part, comment croire, dit l’Apôtre, s’il n’est personne pour prêcher: Quomodo autem credent sine praedicante ? Or cette voix de la vérité, cette lumière nécessaire, nous l’avons maintenant, nous l’avons d’une manière incontestable et sans qu’elle puisse jamais nous manquer ni vaciller: Pie IX nous l’a assuré, en proclamant l’infaillibilité de tous les successeurs de S.Pierre.
Immédiatement après cette proclamation, Pie IX fut, et je dirai même, devait être prisonnier : Il fallait faire constater au monde que les moyens humains sont opportuns, sont utiles à l’Eglise, mais que jamais ils ne sauraient lui être nécessaires. Pie IX est donc dépouillé, il est captif, et après une captivité de sept ans, nombre mystérieux et significatif, Pie IX, à la stupéfaction des puissants de la terre, montre un moyen de force, d’action et de royauté aussi merveilleux et puissant qu’inconnu pour eux: quand je serai séparé de la terre et attaché à la croix, j’attirerai tout à moi, disait Jésus-Christ; et Pie IX captif, attire à lui, par l’amour seul, le monde entier. Cum ego exaltatus fuero a terra, omnia traham ad meipsum. Quel chef, quel monarque a jamais été aimé comme Pie IX ? Ni Alexandre, ni Jules César, ni aucun autre souverain n’ont jamais été aimés comme Pie Ix IX fut aimé.
L’amour que nous avons eu pour un homme Souverain-Pontife, qui s’appelait Pie IX, reportons-le sur la Papauté qui, elle, demeure toujours; elle est un miracle sans doute, et nous sommes de l’école du miracle.
Considérez, par exemple, ce tribut volontaire qui soutient d’une manière si providentielle le Souverain-Pontife: ce moyen durera-t-il toujours ? C’est possible. Ce que je sais, c’est qu’il faut rapporter à la Papauté l’amour que l’on portait à Pie IX Pape; c’est par elle et autour d’elle, c’est sous son autorité et sa direction que la société désorganisée et dissoute doit se reconstituer et qu’elle se reconstituera en effet, si Dieu n’a pas marqué ces temps comme les derniers.
Vers l’an 800, le Pape sacrait les sociétés chrétiennes sur le front de Charlemagne; aurons-nous un Charlemagne ? Méritons-nous d’en avoir un ? Je ne sais; les génies comme Charlemagne sont rares : Dieu cependant les donne quelquefois, et ne nous a-t-il pas donné le grand Pie ? Toujours est-il que nous devons aimer Léon XIII; prions pour lui, afin que Dieu lui donne la sagesse et la force dont après tout il a besoin pour le gouvernement de l’Eglise universelle; demandons en outre, pour nous, l’obéissance et la fidélité, afin que, sous la conduite du Souverain-Pontife, nous arrivions au bonheur éternel où Pie IX, j’en ai la conviction,, nous a déjà précédés. Ainsi soit-il.