- Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes
- Cahier des procès-verbaux 1854-1857
25. Séance du 19 avril 1855 - CE 8-15, p.27-29.
- 1 APOTRES
1 AUTEURS SPIRITUELS
1 BIEN SUPREME
1 BONHEUR
1 BONTE MORALE
1 BUT DE LA VIE
1 CHARITE DE MARIE
1 CHARITE ENVERS DIEU
1 CIEL
1 COLLEGE DE NIMES
1 DESIR DE LA PERFECTION
1 DIEU CENTRE DE LA VIE SPIRITUELLE
1 EPREUVES
1 GRACE
1 HUMILITE FONDEMENT DE VIE SPIRITUELLE
1 LUTTE CONTRE LE MAL
1 LUTTE CONTRE LE PECHE
1 MARTYRS
1 ORDRE SURNATUREL
1 ORGUEIL
1 PAIX DE L'AME
1 PASSION DE JESUS-CHRIST
1 PENITENCES
1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
1 PURETE D'INTENTION
1 RECHERCHE DE DIEU
1 RETRAITE SPIRITUELLE
1 SAINTETE
1 TIERS-ORDRE DE L'ASSOMPTION
1 TIERS-ORDRE MASCULIN
1 VIE ACTIVE
1 VIE DE SILENCE
2 ALEXANDRE LE GRAND
2 ATHANASE, SAINT
2 BRUNO, SAINT
2 JOSEPH, PERE
2 JOSEPH, SAINT
2 MONNIER, JULES
2 PAUL, SAINT
3 INDE
3 NIMES - Tertiaires de l'Assomption
- Tertiaires Hommes
- 19 avril 1855
- 19 apr 1855
- Nîmes
- Collège de l'Assomption
Séance du 19 avril [1855]
Présidence du P. Joseph.
Le P. Joseph, après la retraite de nos Elèves, a bien voulu adresser quelques paroles d’édification au T.O.
Il a appelé notre attention sur la sainteté.
Nous devons tous y parvenir, elle nous est commandée.
I. Pour mieux la concevoir réfléchissons d’abord sur la nature de la sainteté, et définissons-la, l’amour de l’ordre et la haine du désordre. En Dieu, elle est le souverain amour de l’ordre, la haine souveraine du désordre, et l’une et l’autre lui sont essentiels. Dans la créature, c’est l’attrait pour le bien, qui est en Dieu, et un attrait communiqué par la grâce.
Nous connaissons l’ordre: l’ordre, connu par l’intelligence est la notion naturelle de la sainteté.
L’ordre surnaturel consiste à voir Dieu en tout, à le chercher partout, [dans] les mouvements avoués de notre coeur, dans toutes nos pensées, toutes nos paroles, tous nos actes.
Voir, chercher, estimer Dieu; l’atteindre comme fin de notre vie; haïr ce qui nous détourne de cette fin, c’est la sainteté.
La sainteté c’est donc le zèle de l’ordre, dans sa notion la plus élevée.
II. Or le bonheur est dans la sainteté. Qu’est-ce que le plaisir, un éclair, une lueur passagère, rien ? Quel est donc en définitive le bonheur de l’homme de plaisir ?
Au contraire, le bonheur, le calme, le bien-être se trouve dans la sainteté, puisque la sainteté ou l’ordre est notre fin, et que trouver sa fin, c’est être heureux.
Cela est incontestable. A-t-on jamais songé à parler des malheurs de J.C. ? Toutes les souffrances qu’il a subies composent sa passion, nullement son infortune. On parle des persécutions, des douleurs de saint Athanase par exemple: mais le mot malheur n’est pas fait pour ces sortes d’épreuves.
Pourquoi donc ?
C’est que se placer dans la vertu, c’est se placer dans sa fin, car c’est être dans l’ordre: et l’ordre, encore une fois, est la base du bonheur. Le vrai malheur n’est pas compatible avec la vraie vertu, avec la sainteté: c’est faire un sophisme que de parler des malheurs de la vertu.
Ainsi la sainteté c’est le bonheur.
Qui la refuserait donc ?
III. Et maintenant, est-il donc si difficile d’y atteindre ? Envisageons-la par rapport à nous, individuellement. Consiste-t-elle dans des actes extraordinaires ? Devons-nous être semblables aux Apôtres ? Nous ferons-nous Trappistes ? Avons-nous à entreprendre les grandes oeuvres de certains saints ? Pas le moins du monde. Tout cet extraordinaire n’est que de l’accessoire, entendons-le bien. Nous le trouvons dans les grands hommes du siècle. Quel conquérant ne s’est pas exposé pour se faire un nom: dans l’histoire ? Alexandre est-il pour cela un saint ?
Non la sainteté est tout autre chose que la grande activité. Elle est toute intérieure: Omnis pulchritudo ejus ab intus.
Les grandes austérités, les pénitences sont-elles le fond de la sainteté ? Pas davantage. Les fakirs de l’Inde, à ce compte, seraient de grands saints. Mon Dieu! que d’orgueil souvent dans ces austérités! et que de traits dans l’histoire de l’Eglise nous ont fait voir des personnages canonisés de leur vivant par la rumeur populaire qui n’étaient que des réprouvés (voir dans la vie de saint Bruno – dans les Pères du désert).
Non, la haine vive du mal nous suffit et la paix sous la main de Dieu. Qu’a fait saint Joseph? quelle vie obscure! Est-il moins saint pourtant? Voyez ce qu’en pense l’Eglise. L’a-t-elle placé au dessous de saint Paul ? Bien au contraire, il est à la tête des saints.
Soumission aux événements de la vie; amour pratique du bien dans les choses les plus obscures; sanctification des actions ordinaires; fuite du péché; pureté d’intention; voilà la clef de la sainteté.
Un charpentier est plus haut dans la hiérarchie des saints que les Apôtres, que les Martyrs, parce qu’en lui s’est trouvée toute l’abondance de l’amour de Dieu. On l’a dit bien naïvement, mais avec une grande vérité: un tour de fuseau de la Ste Vierge était pour elle un acte de sainteté, parce qu’elle en faisait un acte d’amour de Dieu.
IV. Nous n’apprécions pas assez cette sainteté sous la main.Elle est cependant bien réelle, et bien méritoire aux yeux de Dieu. Nous voulons du bruit, de l’éclat, de l’extraordinaire! pauvres enfants! Ah! que le silence simple serait mieux!
Offrir sa vie à Dieu, une volonté d’aimer Dieu dépourvue de tout sentiment, paisible, calme, à l’intérieur et au dehors, selon l’attrait que Dieu veut nous donner de lui, c’est là toute la sainteté, la sainteté sainte.
Grandissons dans cette volonté d’aimer Dieu: pour le dehors tout ce qu’il lui plaira. Il ne nous demanderait dans toute notre vie qu’un seul mot pieux, cela est suffisant, et le ciel est au bout.
La séance est levée.
Le Président:|Le Secrétaire: J. M[onnier].