- Aux élèves du collège
- Instructions de carême aux élèves du collège (1871)
Les systèmes sur lesquels on veut baser la société aujourd'hui - OK 176 (lettre du 23 mars 1871 de Jules Ferret au P. Picard).
- 1 CAREME
1 CATHOLICISME
1 CHARITE ENVERS DIEU
1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
1 COLLEGE DE NIMES
1 DEMOCRATIE SOCIALISTE
1 DESOBEISSANCE
1 ELEVES
1 ENNEMIS DE LA RELIGION
1 ESPRIT DE L'EGLISE
1 GOUVERNEMENT
1 HUMILITE
1 LIBERALISME
1 LOI CIVILE
1 LOI DIVINE
1 MONARCHIE
1 REPUBLIQUE
1 RESPECT
1 REVOLTE
1 REVOLUTION ADVERSAIRE
1 SERMONS
2 FERRET, JULES
2 PICARD, FRANCOIS - Elèves du collège
- COLLEGE élèves
- 22 mars 1871
- 22 mar 1871
- Nîmes
- Collège de l'Assomption
Mes chers enfants, je ne ferai pas de politique, je n’étudierai pas quelle est la meilleure forme de gouvernement, quoiqu’à mon avis la monarchie ressemble plus au gouvernement de Dieu. Non, j’accepte tout ce que vous voudrez: république, monarchie. Mais je passerai en revue les différents systèmes sur lesquels on veut baser la société aujourd’hui en Europe.
Ces systèmes, je les partage en trois groupes: 1° la révolution qui nie Dieu et la Bible; 2° le libéralisme qui laisse de côté la notion de Dieu; 3° le catholicisme qui pose Dieu base de tout gouvernement. Trois conclusions ressortent de là: 1° la révolution doit être rejetée, une politique athée est une politique infernale; 2° le libéralisme doit être rejeté; qui veut se passer de Dieu n’aboutira jamais à rien de bon ni de durable; 3° c’est au catholicisme à faire triompher ses principes sur les idées révolutionnaires et libérales. Je dis idées, car dans la divinité seule repose tout principe.
1° La révolution doit être rejetée. Je vais vous dire une chose qui vous surprendra, c’est que vous êtes tous des révolutionnaires. Et en effet: qu’est-ce que veut dire le mot révolution? Il signifie révolte contre la loi, contre l’autorité. Commencez-vous à comprendre comme quoi vous êtes une collection de révolutionnaires. Eh! oui, toutes les fois que vous faites quelque acte d’insubordination, vous vous mettez en révolution, vous méconnaissez l’autorité. Vous suivez la devise de la révolution, devise infernale: non serviam. Et d’où vient ce manque de soumission chez les révolutionnaires? Il vient de ce que les révolutionnaires ne sont pas catholiques.
L’Eglise catholique est la grande école du respect. C’est dans son sein que l’homme apprend la sublime vertu de l’humilité; là où l’homme se montre le plus grand, c’est quand il sait courber sa volonté en même temps que son front sous le commandement de son supérieur.
L’Eglise catholique est aussi la grande école de l’amour. J.C. avant de mourir légua comme dernier héritage, comme résumé de tous ses enseignements, cette belle loi, que la terre n’aurait pu enfanter: « Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres ».
Cette dernière recommandation du Fils de Dieu, qui a l’air de ne s’adresser qu’aux individus, regarde aussi les sociétés. Que sont en effet les lois qui régissent toute société, sinon l’ensemble des lois particulières qui s’attachent aux individus. La loi divine particulière dit à chaque homme: « tu aimeras Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toutes tes forces ». De ce que les membres d’une famille vivent ensemble et sont par là même obligés de coordonner leurs actes entre eux, il s’ensuit que, pour que le membre puisse accomplir la loi qu’il porte gravée dans son coeur, il faut que la famille elle-même pose la même loi comme principe de sa vie. Or de même que la famille est un composé d’individus, la société est la réunion des familles; elle doit donc partir des mêmes lois pour se gouverner. [Trop long pour achever.]