- Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes
- Cahier des procès-verbaux 1845-1847
24 et 25. Séances des 19 et 26 avril 1846 - DI 208-210, pp. 22-24.
- 1 AMOUR DES ELEVES
1 AMOUR FRATERNEL
1 AMOUR-PROPRE
1 BOURGEOISIE
1 COLLEGE DE NIMES
1 CONTRARIETES
1 CRAINTE
1 DOUCEUR
1 ENSEIGNEMENT OFFICIEL
1 ESPRIT CHRETIEN DE L'ENSEIGNEMENT
1 ESPRIT D'INDIFFERENCE
1 ESPRIT DE L'EDUCATION
1 ETUDE DES CARACTERES
1 FAIBLESSES
1 FORMATION DES AMES DES ELEVES
1 OUBLI DE SOI
1 PAIX DE L'AME
1 PERSEVERANCE
1 PRIERE DE DEMANDE
1 PROVIDENCE
1 PURETE D'INTENTION
1 SEVERITE
1 TIERS-ORDRE MASCULIN
2 BLANCHET, ELZEAR-FERDINAND
2 CARDENNE, VICTOR
2 CUSSE, RENE
2 DECKER, FRANCOIS-JOSEPH
2 EVERLANGE, PIERRE-EMILE-LEON D'
2 FENELON
2 GERMER-DURAND, EUGENE
2 HENRI, EUGENE-LOUIS
2 JOVENICH
2 JUDE, PERE
2 LAURENT, CHARLES
2 MONNIER, JULES
2 SAUVAGE, EUGENE-LOUIS
2 SURREL, FRANCOIS
2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
3 FRANCE - Tertiaires de l'Assomption
- Tertiaires Hommes
- 19 et 26 avril avril 1846
- apr 1846
- Nîmes
- Collège de l'Assomption
[24] Séance du 19 avril 1846.
Présents: MM. Surel, Tissot, Henri, Cusse – Blanchet, d’Everlange, Cardenne, Monnier – Durand, Sauvage, Decker.
Nous recevons de M. d’Alzon une lettre inquiète et préoccupée à notre égard. Il nous demande où en est aujourd’hui notre courage. S’il n’a pas chancelé. Craindre, dans les oeuvres de foi, c’est reculer; hésiter, c’est manquer de foi. N’avons-nous pas craint, n’avons-nous pas hésité? Avons-nous avancé dans l’oeuvre à laquelle il est venu nous associer? Lui sommes-nous demeurés fidèlement dévoués? En faisons-nous notre affaire principale? Nous donnons-nous à elle tout entiers?
Cette lettre impressionne vivement la réunion, l’inquiète à son tour et la préoccupe sérieusement. On parle beaucoup aujourd’hui de dévouement mais lorsqu’on s’examine de près soi-même sur la part de dévouement que l’on consacre à une oeuvre, on s’effraie légitimement. La responsabilité assumée sur nous paraît alors bien grande, placée au regard de Dieu, et à la pensée du compte que nous aurons à lui rendre.
Avons-nous donc manqué à l’esprit d’union? Peut-être à cet égard avons-nous craint depuis quelque temps d’être plus refroidis les uns envers les autres que nous l’étions réellement. Cette crainte a exagéré nos réserves, nos apparentes froideurs, et, dans ces dispositions méfiantes, nous avons pu alimenter quelques susceptibilités d’amour-propre qui se sont en effet manifestées parmi nous. Regrettons-les sincèrement; mais ne nous décourageons pas pour si peu; c’est le triste privilège de notre faiblesse, il n’est pas honorable: acceptons-le cependant comme une salutaire et profitable humiliation. Et retrouvons dans le sentiment même des reproches que nous pensions avoir à nous faire, sentiment qui partait de la vivacité d’affection que nous nous portons, retrouvons plus simple, plus abandonnée, plus ouverte que jamais cette fraternité qui doit nous unir dans la patience, la bienveillance, la douceur, la mansuétude, le rapport, la confiance de la charité chrétienne.
Notre courage a-t-il faibli? Notre dévouement à l’Assomption s’est-il maintenu? L’intelligence de cette oeuvre sérieuse d’éducation s’est-elle développée en nous?
L’Assomption est combattue de tous côtés. Les obstacles lui viennent d’en haut, lui arrivent d’en bas. Les difficultés semblent plus d’une fois se multiplier pour arrêter son essor. Les appuis les plus légitimement espérés lui ont fait défaut, de grandes méfiances l’ont accueillie. C’est l’oeuvre folle au succès de laquelle beaucoup refusent de croire. Ces méfiances, ces délaissements, ces abandons, ne nous ont-ils pas ébranlés? Sommes-nous restés généreusement et fidèlement groupés autour de Celui qui s’est confié à nous pour l’aider dans son oeuvre? Les timidités, les hésitations n’ont-elles pas affaibli nos résolutions? Ne nous sommes-nous pas retirés de cette oeuvre comme d’une oeuvre hasardée? N’avons-nous pas vécu un peu avec elle un peu au jour le jour?
La conscience de chacun de nous doit lui répondre. Peut-être ici encore ne nous sommes-nous pas soutenus les uns les autres fraternellement. Peut-être avons-nous ici encore exagéré les inquiétudes qui ont pu naître en nous à certains moments.
A Dieu seul le secret de nos faiblesses et de nos timidités, s’il y en a eu parmi nous. Quoi qu’il en soit, jetons nos inquiétudes dans le sein de Dieu, et relevons en Lui nos courages s’ils ont faibli. Voyons avec calme nos intentions: jugeons-les au pied de la croix. Si elles sont toutes pour Dieu et avec Dieu, ne craignons plus. Nous trouverons dans ce calme et dans cette quiétude de la conscience qui peut se rendre un bon témoignage, les dispositions que Fénelon recommande dans l’accomplissement du devoir: nous nous appliquerons à l’oeuvre de l’Assomption avec exactitude et avec paix, sans esprit particulier, avec une sainte indifférence du succès, mais avec une fidèle persévérance à l’action. Dieu se plaît aux impossibilités, surtout lorsque les oeuvres commencent. Laissons-lui le soin de la nôtre. S’il veut qu’elle réussisse, il saura bien malgré tous les obstacles humains, la faire réussir. Ne nous inquiétons que d’une chose, de notre responsabilité dans le présent, de notre fidélité, de notre attachement à l’oeuvre en général, et à notre part d’action et de concours dans cette oeuvre.
Avons-nous prié Dieu de nous donner l’intelligence de notre mission auprès de nos élèves? Avons-nous cherché à comprendre tout ce que nous pouvions faire dès aujourd’hui pour la religion, pour la patrie, avec ces enfants que Dieu nous a confiés? Nous sommes-nous toujours rappelé que nous avions là sous la main des enfants que la fortune et la position de leurs familles appellent à exercer un jour une part d’influence sur le pays? Dans cette pensée nous sommes-nous toujours employés pour eux avec empressement, avec assiduité? Nos consciences nous répondront encore. Mais ne l’oublions pas: dans cette mission de l’éducation on peut faire un bien immense; et c’est un glorieux honneur que d’être appelé par J.C. à agir sur les âmes et sur les intelligences en coopération avec sa grâce et sa miséricorde, en participation avec les desseins de la Providence sur la France. Prions beaucoup Dieu pour qu’il nous élève à la hauteur de cette mission, et qu’il nous accorde la grâce de nous y appliquer d’une manière toujours digne de lui.
[25] Séance du 26 avril 1846.
Etaient présents: MM. Surrel, Tissot, Henri, Laurent, Cusse – d’Everlange, Cardenne, Jovenich, Monnier – Sauvage, Durand, Decker.
Présidence de M. Surrel.
Sur l’invitation du président, le secrétaire relit deux entretiens de M. d’Alzon du 1er et du 8 février sur l’Education chrétienne. Cette lecture suggère à la réunion de nouvelles réflexions sur l’action que nous devons exercer sur nos élèves.
Si nous comparons la liberté que nous avons d’agir en ce sens avec toutes les entraves qui gênent les maîtres les mieux intentionnés de l’Université, nous apprécierons mieux le bien que nous pouvons et que nous devons faire.
Cherchons autour de nous les exemples de dévouement à la jeunesse, à l’enfance. Ils ne nous manqueront pas et nous édifieront. Prions beaucoup. Lisons les livres où l’esprit chrétien à apporter dans l’éducation nous est enseigné. Etudions les petits traités du P. Jude, le livre du professeur, etc. Sachons surtout modifier dans certains cas particuliers nos habitudes de discipline, selon les caractères des élèves. Usons de ménagement et de prudence en toute occasion. Pratiquons fidèlement l’esprit de charité à l’égard de ces natures si inconsistantes, si variables, si faibles. Avertissons-nous les uns les autres s’il nous semble que certains caractères sont mal pris par nous. Etudions patiemment nos élèves et supportons-les avec cette douceur et cette charité qui n’excluent ni la fermeté, ni la sévérité, mais qui font prédominer toujours l’esprit de Jésus-Christ.