A des dames ou jeunes filles

• A des dames ou jeunes filles
• Retraite [sur la Passion], commencée le 8 novembre 1863
  Dixième instruction [Barrabas]
• BZ 5 (notes de Cécile Varin), pp. 28-31.

• 1 AMOUR DES AISES
  1 CONFESSION DU RELIGIEUX
  1 DON DE SOI A DIEU
  1 HABITUDE DU PECHE VENIEL
  1 IMITATION DE JESUS CHRIST
  1 PRUDENCE DE LA CHAIR
  1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
  2 BARABBAS
  2 PILATE
• Tertiaires de l'Assomption
• Tertiaires Dames
• Du 8 au 15 novembre 1863
• NOV 1863
• Nîmes
• Prieuré des Religieuses de l'Assomption

Non pas Jésus, mais Barrabas.

Telle est la réponse des Juifs lorsque Pilate leur demanda: Lequel des deux délivrerai-je? Jes Juifs préférèrent Barrabas coupable, à Jésus innocent, et ce furent les princes des Prêtres qui leur inspirèrent cette réponse, car au fond les Juifs étaient indifférents. Pilate, tout en étant fort coupable, subit cependant l’influence du peuple et se trouva comme forcé de délivrer Barrabas. Nous nous indignons à ce récit, mais avant de condamner les Juifs, Pilate et les princes des Prêtres, réfléchissez, mes filles, que souvent peut-être vous aussi avez préféré Barrabas à Jésus. Dans cet auditoire, il n’y a personne certainement qui voulût envoyer Jésus à la mort comme firent les Juifs par cette indigne préférence, mais n’y a-t-il pas au fond de votre coeur un Barrabas, une attache au péché, une mauvaise habitude qu’il faut sacrifier si vous voulez suivre Jésus? Quelque petit que soit ce Barrabas, il ne peut vivre dans votre coeur avec Jésus et il faut choisir. C’est terrible et vous êtes tenté de dire que Dieu est bien exigeant de vouloir ainsi que vous vous sépariez de tout ce qui n’est pas lui, et vous voudriez bien qu’au moins on mît N.S. en prison afin qu’il ne vous gênât plus dans la vie commode et facile que vous voulez mener peut-être jusqu’à un certain âge; alors vous consentiriez à délivrer N.S., vous pleurerez, vous gémirez. N’est-ce pas là votre histoire, chères filles du plus ou moins?… et de même que les Juifs subissaient l’influence des princes des Prêtres, n’avez-vous pas subi aussi quelquefois celle de certaines personnes honnêtes, prudentes, considérées, qui vous ont dit: Quoi, vous aussi allez suivre J.C.? vous allez devenir une de ces personnes exagérées, austères, qui font trouver la dévotion si ennuyeuse? Mais songez que J.C. vient avec sa croix, avec sa couronne d’épines, avec sa prédication de pénitence et de renoncement. Barrabas est la dévotion facile et commode, suivez donc Barrabas. Voilà ce qu’on vous dira souvent dans le monde, et si vous allez ensuite trouver un confesseur et un directeur, faites attention de ne pas lui dire comme ces gens qui allaient consulter un prophète: dites-nous des choses agréables. Telle est la demande que firent les Juifs à Pilate en réclamant la délivrance de Barrabas, et Pilate, trop faible, consentit à leur désir. Ainsi certaines personnes viennent se faire dire des choses qui leur plaisent, et quelquefois un confesseur trompé par les apparences leur dit ce qu’elles veulent entendre. Voilà, mes filles, comment vous imitez quelquefois le crime des Juifs. Ah! désormais ne préférez pas un Barrabas quelque mignon qu’il soit, à J.C. avec sa croix, ses opprobres et ses souffrances. Choisissez, car Jésus et Barrabas ne peuvent vivre ensemble dans votre coeur. Barrabas était un larron, et toute attache étrangère dans votre coeur en déroberait une partie à Jésus. Soyez généreuses, et dans cette retraite retranchez de votre vie tout ce qui pourrait ressembler à Barrabas; dévouez-vous avec amour à celui que les Juifs ont fini par crucifier.