- PM_XV_282
- 5732 a
- DOCUMENTS NE FIGURANT PAS DANS LES T.D.
- Rapports avec les Religieux de l'Assomption
- Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 282.
- Ms. ACR, 2TH 70. Transcription de J.-P. Périer-Muzet. Seuls le dernier paragraphe et la signature sont de l'écriture du P. d'Alzon.
- ** Aucun descripteur **
- [Nîmes, le 13 septembre 1876] (1)
- 13 sep 1876
- Nîmes
- Collège de l'Assomption
Les Religieuses de l’Assomption réunies en Chapitre général, désirant régulariser les rapports qui ont toujours existé entre elles et les Religieux de l’Assomption et leur donner un caractère de durée, demandent au P. d’Alzon de nommer conformément aux [mot manquant] un Religieux chargé de diriger leur Congrégation.
Les fonctions de ce directeur ou délégué seraient d’abord de diriger et d’aider le gouvernement central de la Congrégation en lui apportant le secours de la science qu’un prêtre possède et qui manque à des femmes. Il prendrait les ordres de Rome dans tout ce qui doit être rapporté à cette autorité souveraine et ceux des Evêques en tout ce qui regarde leur diocèse; il aiderait à terminer les règles et à en obtenir l’approbation; à rédiger le Directoire, les règlements, coutumiers et cérémoniaux de l’Institut. Ce délégué possède un pouvoir très étendu pour maintenir l’esprit de l’Institut, rappeler à l’observation des Règles, réformer les abus ou conserver le niveau des études. Il exercera ce pouvoir par des exhortations, directions ou visites, mais il doit veiller avec le plus grand soin à ce que son autorité n’affaiblisse en rien celle de la Supérieure Générale et suivra certaines règles de prudence qui seront indiquées plus loin ou fixées dans le Directoire et qui doivent écarter toute occasion de conflit entre deux autorités destinées à se fortifier l’une par l’autre. Avant tout on se rappellera que les liens les plus puissants sont ceux de la confiance, de l’estime et de la charité et que si ces liens venaient à se détendre au lieu de se conserver, il vaudrait mieux les rompre immédiatement, que l’union ne soit jamais un joug imposé, mais une force et un soutien désiré et aimé.
Le pouvoir du délégué est dépendant du Supérieur Général en qui réside l’autorité première et à qui on pourra toujours recourir. Il ne l’exerce pas directement sur les Soeurs, mais il fortifie l’autorité centrale et c’est par la Supérieure Générale, le Chapitre Général ou le Conseil qu’il s’exerce sur les diverses maisons.
La Supérieure Générale gouverne la Congrégation; le délégué est son conseil et son appui, il a droit de vote lorsqu’il s’agit d’empêcher une fondation ou oeuvre de contracter des dettes, de grever une maison, mais il ne doit pas se mêler de la gestion des affaires temporelles ou s’immiscer dans les détails d’administration. Il exerce une autorité de prudence et non d’initiative; il peut bien suggérer une oeuvre, mais il ne doit jamais l’imposer. Le délégué préside le Chapitre Gal à moins d’inconvénients graves.
Il préside aussi le Conseil dans certains cas particuliers:
1° Régulièrement deux fois par an, un mois environ après les rapports semestriels exigés par la Règle.
2° Lorsqu’il s’agit de décider une fondation ou une suppression de maison; de prononcer l’exclusion d’une Soeur professe; de décider un emprunt important; de traiter une affaire générale grave.
La sollicitude doit spécialement s’exercer sur la maison-mère car c’est d’elle comme du centre que procède toute autorité. C’est auprès de cette maison qu’il doit habituellement résider afin d’être au courant des affaires générales de la Congrégation et de pouvoir être un véritable conseil et soutien pour la Supérieure Gale. Il en fera la visite tous les ans, veillant à ce que les Soeurs s’occupent de leurs charges générales et usent de leur influence pour que l’autorité de la Supérieure Gale soit partout respectée et aimée.
Si pourtant pour des raisons graves prévues par la Règle on croyait que la Supérieure Gale s’est rendue indigne ou est devenue incapable de gouverner la Congrégation, les membres du Conseil prieraient le délégué de les réunir; c’est en sa présence que serait prise la décision prévue par les Constitutions et c’est par une circulaire signée de lui et de la première Assistante Générale que cette décision serait notifiée.
Après la maison-Mère, le noviciat fixera plus particulièrement l’attention du délégué et sera de sa part l’objet d’une particulière sollicitude.
Une fois par an il en fera la visite régulière, interrogeant d’abord et avec le plus grand soin la Maîtresse des novices, non seulement sur l’ensemble de la maison, mais sur chacun des sujets en particulier, voyant ensuite chacune des postulantes ou novices; demandant l’opinion de la Supérieure locale; prenant enfin toutes les informations nécessaires pour préparer un rapport circonstancié sur chacune des postulantes ou novices.
Dans ses instructions, il insistera sur l’esprit de l’Institut, sur l’obligation des voeux, sur le respect des Règles, sur l’obéissance de jugement, sur l’importance de prendre l’esprit et les traditions de l’Assomption et d’écarter résolument tout ce qui pourrait les modifier ou les détruire.
Il visitera aussi les couvents de la Congrégation mais à des intervalles plus éloignés, il devra pourtant les voir toutes au moins une fois tous les trois ans.
Les Soeurs iront à lui comme à un père en toute franchise et simplicité, elles le considéreront non comme un maître qui vient inspecter, mais comme le véritable ami de tout l’Institut; elles lui parleront avec ouverture et confiance, bien persuadées que cette confiance et ouverture ne peut profiter qu’au bien général.
A son tour le délégué dans ses visites s’appliquera à dilater les âmes et à leur faire du bien. Il s’efforcera par ses conseils et ses instructions de fortifier l’union, d’entretenir la ferveur, de ramener à l’amour et à la pratique des règles, de rendre ses visites toujours utiles et désirées par les Religieuses ferventes.
Il se rendra compte de l’état général de la maison, verra les Soeurs en particulier, s’informera des progrès du pensionnat, de son organisation, du niveau des études, de l’esprit des enfants; s’assurera que les livres sont tenus régulièrement et que les compte rendus sont aussi régulièrement envoyés à la maison-mère; s’attachera à resserrer les liens de confiance et d’ouverture avec le gouvernement général; s’informera des rapports avec les supérieurs et confesseurs, avec les membres du clergé et les personnes du dehors etc…
Il se mettra enfin au courant de la situation, mais dans les avis qu’il pourra donner ou les instructions qu’il devra faire, il évitera toute allusion ou tout changement qui pourrrait troubler la paix de la maison ou empiéter sur les décisions qui doivent émaner du gouvernement général.
Pour éviter toute précipitation ou toute apparence de contradiction avec les instructions données d’ailleurs, il ne laissera pas de carte de visite, mais il préparera les éléments d’un rapport qu’il rédigera plus tard après s’être entendu avec la Supérieure Générale.
D’après ce rapport, la Supérieure Gale par elle-même ou par des visitatrices réformera les abus, s’il y a lieu, et opérera les changements jugés indispensables.
Avant toutes choses, que l’entente la plus parfaite règne entre le délégué et le gouvernement général de la Congrégation, comme il convient à des personnes unies par les seuls liens de la charité et du zèle, dévouées à la même oeuvre et travaillant au même but. S’il survenait le moindre désaccord sérieux ou apparent, le délégué devrait immédiatement s’adresser à son supérieur général pour faire cesser tout malentendu ou être relevé de ses fonctions. S’il n’agissait pas ainsi ou ne s’apercevait pas de la gêne, la Supérieure Gale devrait recourir elle-même au Supérieur Gal et ramener ainsi cette entente cordiale qui seule peut conserver l’Assomption et ses oeuvres.
Toutefois cette union est libre et ne durera que d’un chapitre à l’autre de telle sorte qu’elle devra être renouvelée à la tenue de chaque chapitre général jusqu’à ce que l’expérience en ait établi l’utilité ou grande utilité (2). E. d’Alzon (3).
E. d'Alzon2. Ce Mémoire fut rédigé par le P. Picard pour le chapitre général des Religieuses de l'Assomption (Auteuil, 25 et 26 août 1876) et servit de base aux discussions du chapitre général des Pères (11 au 16 septembre 1876) sur les rapports avec les congrégations féminines de la famille de l'Assomption (RA, OA, PSA). La dernière phrase, qui en atténue quelque peu la portée, a été ajoutée par le P. d'Alzon lui-même. Ce dernier en effet, contrairement à ses religieux, n'a jamais été très favorable à un statut d'union. - Sur cette question, voir *Documentation biographique*, II, p.928-932 et 954-958.
3. Sur une feuille séparée jointe à ce document et datée du jour même de la discussion au chapitre AA de la question des rapports avec les congrégations féminines, on trouve la demande suivante adressée au P. d'Alzon par Mère Emmanuel-Marie de la Compassion, supérieure générale des Oblates de l'Assomption (le délégué du supérieur général pour les Oblates est le P. Emmanuel Bailly):
Mon très Rd Père,
Nous venons vous prier d'accepter le gouvernement de notre Congrégation et de confirmer le délégué que vous nous avez nommé, persuadées que nous sommes, qu'après vous vos religieux se feront un devoir de conserver nos règlements et l'esprit que vous nous avez donnés.
Veuillez agréer, mon Très Rd Père, l'expression de nos sentiments filials (sic) et dévoués en N.S.
S. Emmanuel-Marie de la Compassion, Sre Gle
Nîmes, le 13 sep. 1876.