- TD51.310
- Retraite sur l'esprit des Oblates de l'Assomption.
- III - Du but particulier de la vocation de l'Oblate.
- Orig.ms. ACOA; cop.ms. J48; T.D. 51, pp. 310-315.
- 1 AMOUR DU CHRIST A L'ASSOMPTION
1 FIDELITE A LA GRACE
1 HUMILITE
1 INSTRUCTION RELIGIEUSE
1 OBLATES
1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
1 RELIGIEUSES
1 SAINTETE
1 SOUFFRANCE
1 VERTU D'OBEISSANCE
1 VOEU D'OBEISSANCE
2 AGNES, SAINTE
2 ANANIE
2 ETIENNE, SAINT
2 MARIE-MADELEINE DE PAZZI, SAINTE
2 PAUL, SAINT
2 THERESE, SAINTE
3 ANDRINOPLE
3 BULGARIE
3 DAMAS - Oblates de l'Assomption.
- septembre 1876
- Nîmes.
Dixit autem Dominus ad eum: vade, quoniam vas electionis mihi est iste, ut portet nomen meum coram gentibus et regibus et filiis Israël.
Pour vous expliquer votre but particulier comme Oblate de l’Assomption, je ne puis mieux faire que de vous comparer à l’apôtre par excellence, celui qu’on appelle le grand apôtre.
Après le supplice de St. Etienne, un jeune homme qui avait favorisé la mort du premier des martyrs, demande des lettres aux princes des prêtres et part pour Damas, afin de charger de fers les juifs qui auraient embrassé la loi nouvelle; il est tout à coup environné d’une grande lumière, il tombe aveuglé, il est conduit par la main dans une maison, et tandis qu’il prie, Dieu lui envoie le prêtre Ananie pour le baptiser. Va, lui dit le Seigneur, celui-ci est pour moi un vase d’élection, afin de porter mon nom aux nations, aux rois et aux fils d’Israël, et je lui montrerai ce qu’il faut qu’il souffre pour mon nom.
Qu’est-ce qu’une Oblate? Une religieuse missionnaire, une vierge apôtre. Examinons, d’après les paroles que Notre-Seigneur adressait à St. Paul, ce que doit être une Oblate de l’Assomption, vraiment digne d’une vocation aussi admirable.
1° Obéissance spéciale.
Avant d’être conduit dans la maison de Damas, Saul à peine renversé par la voix de Jésus qui lui reprochait de le persécuter, avait répondu cette admirable parole: Domine, quid me vis facere? Plus tard, nous étudierons l’obéissance qui fait les apôtres.
Que voulez-vous que je fasse? Remarquez; jusqu’alors il a résisté, il a persécuté, il a lutté contre la grâce, mais Jésus-Christ l’a terrassé! Ah! pourquoi me persécutes-tu? Que répond le persécuteur de l’Eglise naissante? Seigneur, que voulez-vous que je fasse? et à partir de ce moment, il affronte tout pour le nom de son maître; les pierres, les fouets, la faim, la soif, le froid, le chaud, les tempêtes, les voleurs, les faux frères, la mort. Tout lui est indifférent pourvu que le nom de Jésus-Christ soit annoncé; il ira d’un bout du monde à l’autre, sans discuter, sans regimber, sans plaintes, sans murmures; il est l’envoyé de son Dieu, cela lui suffit.
Telle doit être l’Oblate, telles peut-être quelques-unes sont-elles en ce moment. Qu’y a-t-il au fond de votre coeur? non pas sans doute, comme dans celui de Saul, la haine du nom chrétien, mais des craintes, des effrois, des tentations de lâcheté, des regards en arrière. Cette question si terrible: que suis-je venue faire ici? Voilà des soeurs qui partent; quand viendra mon tour, ne le regretterai-je pas? Telle est peut-être beaucoup trop la vérité.
Eh! bien, ce qui vous est demandé, c’est cette promptitude et cette plénitude d’obéissance qui transforme Saul en apôtre. Tout doit lui être un sujet d’obéir. Promptitude d’obéissance, plénitude d’obéissance, voilà ce qu’elle doit donner.
2° Correspondance à la grâce.
Jésus-Christ appelle, mais comme Jonas, nous fuyons. Ah! nous sommes des vases de colère. Contemplons St. Paul. Dieu dit de lui-même, avant son baptême: celui-ci est pour moi un vase d’élection. Comment? C’est que, quelle que soit son ardeur à persécuter mes disciples, je vois en lui la disposition à faire fructifier tous les dons que je verserai dans son âme. Ah! mes filles! Jésus-Christ vous a certainement parlé quand il vous attirait dans cette maison; comme St. Paul vous avez été élues, comme lui vous êtes des vases d’élection. Quelle élection plus admirable que celle de St. Paul? telle est la vôtre. Rentrez en vous-même; voyez depuis combien Jésus vous appelle et tout ce que vous faites pour ne pas entendre sa voix, tout ce qu’il vous demande et tout ce que vous lui refusez. Combien de temps en sera-t-il ainsi? Et cette retraite ne vous renversera-t-elle pas aux pieds de Jésus et ne lui direz-vous pas à votre tour: Seigneur, que voulez-vous que je fasse?, afin qu’il puisse dire de vous: Cette âme de vierge est pour moi un vase d’élection, en qui je verserai les parfums les plus précieux, et je sais qu’elle ne les laissera pas se perdre.
3° Sainteté la plus haute.
Toute âme religieuse, nous l’avons dit, est obligée de tendre à la perfection. Mais quelle ne doit pas être la perfection, la sainteté de l’âme religieuse, chargée de porter le nom de Jésus-Christ partout où on l’enverra! Remarquez que votre ministère sera après tout peu de chose, s’il s’agit d’instruire; il ne sera rien, s’il s’agit de prêcher. St. Paul veut que les femmes se taisent dans l’église et je ne veux pas que vous désobéissiez à cet ordre, mais ce que les paroles ne feront pas toujours, il faut que votre sainteté le fasse.
J’ai entendu parler de certains abus qui commençaient à se glisser à Andrinople, des manques de tenue, des conversations plus qu’inutiles, des courses trop fréquentes, une disposition à être de bonnes filles, mais non pas des religieuses. Ces détails qui me reviennent de divers côtés, me prouvent la nécessité où votre mère et moi nous nous trouvons de veiller de très près à la perfection de celles que l’on forme ici. On ne saurait trop vous demander, mes filles, si vous devez être pour Notre-Seigneur des vases d’élection, en qui, remarquez-le bien, Notre-Seigneur veut verser sa grâce, non seulement pour vous, mais pour les âmes dont le salut vous sera confié. Aussi vous qui resterez, souvenez-vous qu’une vie nouvelle doit commencer pour vous; il faut établir dans la maison mère les traditions de la plus haute sainteté. Il faut que celles qui ne partiront jamais soient une prédication vivante pour les nouvelles arrivées, et j’y aurai la main; il faut que les jeunes religieuses, les novices et les postulantes se laissent pétrir par leur mère, aidée de leur maîtresse. Et vous qui partirez, rappelez-vous que si vous rencontrez des abus, vous devez protester non par vos paroles, mais par vos exemples. Au moment où Dieu semble vouloir nous bénir, ce serait un crime, mes chères filles, de ne pas vous mettre du fond du coeur à être plus que jamais ces beaux vases d’élection que s’est réservés Notre-Seigneur Jésus-Christ.
4° Une certaine Instruction.
St. Paul devait aller porter le nom de Notre-Seigneur aux nations, aux rois, aux fils d’Israël; ce qui suppose une grande science; mais St. Paul avait la science des saints, infuse par les révélations de Dieu. Il ne peut être question pour vous de cette science, mais il faut pourtant une certaine instruction, et pour cela, la préparer et puis l’entretenir. Malheur à vous, si vous ne développez pas ce que vous avez appris. Ici je veux surtout parler du catéchisme que toutes vous devez savoir et que vous devez relire sans cesse avec quelques développements convenables; nous parlerons ailleurs des autres études.
5° L’humilité et la Charité.
Mais plusieurs ne sont pas capables d’enseigner. Ah! que celles-là prient en s’humiliant; qu’elles s’humilient de leur incapacité; qu’elles prient avec une grande charité pour ces pauvres âmes, à qui elles peuvent aussi faire tant de bien; qu’elles s’humilient, la prière de celui qui s’humilie pénètrera les cieux, dit le Saint-Esprit. Qu’elles aiment ces pauvres âmes plongées dans l’erreur et le mal.
6° La souffrance pour l’amour de Notre-Seigneur.
Je lui montrerai tout ce qu’il devra souffrir pour mon nom. Ce nom qui doit être porté à tous jusqu’aux extrémités de la terre, il faut le porter à travers la souffrance. Ainsi vous êtes prévenues: pour être Oblate, pour être vierge apôtre, il faut souffrir, beaucoup souffir, tout souffrir. Comprenez-vous ce que ce mot implique? Ste. Thérèse dit: « ou souffrir ou mourir ». Ste. Madeleine de Pazzi, si je ne me trompe, dit bien plus: « Toujours souffrir, ne jamais mourir ». Pourquoi? parce que quand on meurt, on va au ciel, mais le royaume de Dieu n’est plus annoncé et il faut qu’il le soit malgré les obstacles. Ainsi, vous vous attendez à beaucoup de souffrances. Pourquoi? Pour l’amour de Notre-Seigneur, selon votre devise: Propter amorem Domini nostri Jesu Christi. Ces paroles qui sont de Ste. Agnès, si je ne me trompe, vous saurez d’une façon bien simple si elles se réalisent en vous. Acceptez-vous difficilement la souffrance? Vous n’aimez pour ainsi dire pas. L’acceptez-vous avec résignation? Vous commencez à aimer. L’acceptez-vous rondement? Vous aimez très certainement. L’acceptez-vous avec un grand bonheur? Ah! vous avez l’amour des saints, et votre vie est transformée par l’amour. « Propter amorem Domini nostri Jesu Christi ». Que cet amour désormais soit votre force et votre vie, et alors vous serez heureuse d’une joie que le monde ne connaîtra jamais.
Voyez, disait un jour Notre-Seigneur à ses apôtres: les champs sont mûrs pour la moisson; et ailleurs: la moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux. Voilà ce que je vous dis: que d’âmes à sauver, de ténèbres à dissiper, de coeurs à purifier, de champs à moissonner! Mais les ouvriers manquent, les hommes apostoliques font défaut, c’est pourquoi on s’adresse aux femmes. Vous ne remplacerez jamais l’apôtre dans sa mission de prédication et de distribution des sacrements; mais quand le moissonneur a fauché le champ, souvent c’est une ouvrière moins forte qui se charge de lier les gerbes. Non, vous ne serez pas des apôtres au sens rigoureux du mot, mais vous pouvez en avoir l’obéissance, la sainteté, l’humilité, l’amour des âmes et de Notre-Seigneur, et cela suffit pour aider à convertir le monde.