- TD51.276
- Conférences sur les protestants.
- [Dixième conférence] Autorité de l'Eglise.
- Orig.ms. BT14, pp. 71-75 et BT15; T.D. 51, pp. 276-279.
- 1 AUTHENTICITE BIBLIQUE
1 AUTORITE DE L'EGLISE
1 ECRITURE SAINTE
1 EGLISE
1 INTOLERANCE
1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
1 TOLERANCE
2 JEAN, SAINT
2 LUC, SAINT
2 MARC, SAINT - décembre 1853-février 1854
- Cathédrale de Nîmes.
Nécessité d’une autorité.
On dit, mes frères, que l’on engage les protestants à ne pas venir.
Je proteste, c’est une inconséquence. Le libre examen veut qu’ils viennent. Quoi qu’il en soit, le libre examen ne donnant pas l’infaillibilité, la grâce du Saint-Esprit ne la donnant pas à chaque fidèle, la voie de l’examen est la voie du scepticisme.
Et il ne sert de rien de dire: J’ai la parole de Dieu. Sur quoi s’appuie cette parole? Sur le témoignage de la tradition? Vous voilà poussé au catholicisme.
Sur l’examen? Oui, mais l’examen est faillible, vous n’êtes pas plus avancé. L’homme livré à sa seule raison, au libre examen, est dans un état affreux. Tortures de celui qui cherche la vérité et à qui la vérité échappe. N’y a-t-il pas quelque moyen de sortir d’un pareil état?
Il suffit pour cela de se souvenir que la religion n’est pas un système, c’est un fait. Dieu a-t-il parlé, oui ou non? Voilà le problème. Or, les faits se prouvent non par le raisonnement, mais par le témoignage. Voilà déjà la question bien simplifiée. Observons d’abord le rôle que nous faisons jouer à la raison. On prétend que nous la détruisons. Nullement, nous la faisons servir à vérifier un fait, le plus éclatant de tous; à part cela, elle n’a plus qu’à se soumettre.
Il faut savoir si Jésus-Christ a parlé, s’il a confié à l’Eglise un dépôt. Qui l’atteste? L’Eglise qui l’a reçu.
Les protestants diront: nous avons la bible. Oui, mais comment, et que signifie la bible?
Deux questions: authenticité, interprétation.
L’authenticité, nous l’avons traitée; nous n’y revenons pas.
Interprétation, voilà sur quoi vous êtes embarrassés. Il faut un juge. Entre vous et nous il y a lutte; qui décidera? Ceci est mon corps: qui décidera? Il faut un juge du sens que l’Ecriture donne.
Mais cela, direz-vous, est un témoignage humain. C’est là la question qu’il faudra vider à fond. Pour le moment je me borne à cet argument.
Dieu a dû donner à ses élus tous les moyens de se sauver. La bible est insuffisante. Donc il leur a donné quelque chose de plus que la bible.
Cela seul suffirait pour me faire accepter la nécessité d’un témoignage. – Oui, Dieu serait cruel, s’il n’avait donné que la bible avec l’incertitude de l’esprit humain.
Mais comment le présentez-vous ce témoignage?
Comme le plus grand des faits historiques.
Elle se dresse cette [Eglise] aujourd’hui. Ce qu’elle croyait, il y a trois cents ans; ce qu’elle croyait mille ans avant la Réforme. Quand donc avait commencé la corruption? Ils n’en savent rien. Tantôt au cinquième [siècle], tantôt au sixième; mais les preuves manquent. Il faut remonter plus haut. Au troisième? Non? Au second? Non? Au premier? Jean n’est pas encore descendu dans la tombe, Marc et Luc sont encore vivants, l’erreur a pénétré.
Quoi! et voilà la puissance que vous donnez à Jésus-Christ! A peine ses apôtres morts, l’erreur envahit son royaume.
J’aime bien mieux me représenter l’Eglise, les apôtres, leurs successeurs. Et si ce n’est dans les trois premiers siècles qu’a eu [lieu] la corruption? – Quoi! au moment des martyrs et des miracles!
L’Eglise, c’est un corps qui s’assimile et repousse. Mais cette persévérance à repousser toute innovation, dont parlent sans cesse saint Irénée, Tertullien, saint Augustin, Vincent de Lérins?
Et les conciles oecuméniques que vous adoptiez dans un temps, qu’en faites-vous?
La voilà cette Eglise s’avançant à travers les siècles; mais de plus toujours dans l’Eglise se forment des hérésies: elles sont prédites.
Avec le libre examen où sont-elles?
La parole de Dieu exige la foi, foi inébranlable; avec le libre examen où est-elle?
Facilité par la voie de l’autorité. Inconséquence des protestants qui ont partout recours à l’autorité, dès qu’ils sont les plus forts.
Mais, direz-vous, il y a des autorités fausses. Oui, et il ne s’agit que de découvrir la vraie, et ce n’est pas difficile. Tolérants et intolérants, voilà où aboutit le protestantisme.
La tolérance les tue à force de logique.
L’intolérance les tue par l’inconséquence. Nous, nous avons l’autorité.
[Autres notes sur le même sujet, sur une feuille séparée].
Inconséquence d’empêcher de venir. Conséquence du libre examen: le scepticisme. L’esprit humain peut-il l’accepter? Non.
Autre voie: l’autorité.
1° Etablissons qu’il ne s’agit pas d’un raisonnement, mais d’un fait. Prouver un fait. Assez de raison pour prouver un fait.
2° Jésus-Christ a-t-il parlé? Nous ne le savons que par voie d’autorité, par l’Eglise. – Vous n’avez la bible que par l’Eglise.
Deux questions: authenticité, interprétation. – Authenticité traitée. Interprétation, vos luttes en prouvent la nécessité. Ceci est mon corps, qui décidera? Mais c’est un témoignage humain. C’est là la question. Dieu aurait-il abandonné sa parole à toutes les interprétations? ou lui a-t-il fourni tous les secours nécessaires? Nécessité d’une autorité infaillible, comme dans la société humaine, d’une autorité souveraine. Cela seul suffit pour conclure.
Cruauté de Dieu s’il n’y a pas un interprète. Ce témoignage est le plus grand fait historique, par où je remonte jusqu’à Jésus-Christ. Alors je l’adore comme l’aveugle de naissance.
Et quand je tiens Jésus-Christ, [j’ai] les apôtres, la tradition.
L’Eglise, c’est une chaîne. L’Eglise, c’est un corps.
Attention à expulser tout principe, non pas toute nouveauté. Les hérésies? Quoi, malgré tant de condamnations, malgré tant de conciles! La voilà [l’Eglise] s’avançant à travers les siècles telle que Dieu l’a faite, sans tache, sans souillure, condamnant toute révolte.
Vous, au contraire, comment expliquez-vous la prophétie des hérésies, l’infaillibilité de la foi? Inconséquence des protestants qui adoptent l’autorité. Tolérants et intolérants.