- TD51.273
- Conférences sur les protestants.
- [Neuvième conférence] La Bible et le libre examen.
- Orig.ms. BT14, pp/ 65-70; T.D. 51, pp. 273-275.
- 1 AUTHENTICITE BIBLIQUE
1 ECRITURE SAINTE
1 INDIFFERENCE
1 INTOLERANCE
1 MINISTRES PROTESTANTS
1 NOUVEAU TESTAMENT
1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
1 TOLERANCE
2 BARNABE, SAINT
2 BOSSUET
2 CLEMENT, SAINT
2 GASPARIN, AGENOR DE
2 HERMAS
2 JURIEU, PIERRE
2 LELIEU
2 LUC, SAINT
2 MARC, SAINT
3 ANGLETERRE
3 GENEVE
3 SUEDE - décembre 1853-février 1854
- Cathédrale de Nîmes.
La bible. Qu’est-ce que la bible traduite? Qu’est-ce que la bible sans la certitude du canon? Qu’est-ce que la certitude du canon sans une autorité?
Libre examen. Le libre examen a pu séduire au commencement, mais plus tard? Qui croit de la même manière? Que croit-on?
Du libre examen.
L’Ecriture et le libre examen, voilà les deux bases du protestantisme.
Ecriture Sainte. Savez-vous le grec, l’hébreu? Si vous ne les savez pas, vous vous en rapportez à un traducteur.
Quels sont les livres canoniques? Si vous ne le savez pas, vous vous en rapporterez à un éditeur. Dans le N. Testament ne devez-vous recevoir que les écrits des apôtres? Pourquoi recevez-vous saint Luc et saint Marc? Et si vous recevez saint Luc et S. Marc, pourquoi pas S. Barnabé, Hermas, St Clément, St Polycarpe et tant d’autres? Voilà pour la bible. Vous avez beau faire en nous parlant de canon providentiel, la masse des catholiques qui ont leur canon traditionnel sont là pour jeter quelque incertitude sur le vôtre.
Mais laissons ceci de côté, sondons la question du libre examen. Si le libre examen a pu séduire, c’était au commencement; mais aujourd’hui voyez 1° qui croit de la même manière? 2° que croit-on? quelles ruines le libre examen n’a pas faites, quelles vérités n’a-t-il pas démolies?
S’il est une vérité, c’est que si l’on peut compre un câble composé de milliers de fils, chacun de ces fils isolés peut être mille fois plus facilement rompu; dès lors, quelle certitude!
Ah! la parole de Dieu! Mais que veut dire la parole, qu’exprime-t-elle? M’est-il permis de l’interpréter pour la comprendre? Est-ce pour moi le livre fermé des sept sceaux? Je sais que la vérité y est contenue; mais les sceaux, qui les rompra?
Consulterai-je? Qui? Les ministres? Ils n’ont d’autorité que celle d’un savant, mais pour l’infaillibilité, base de la certitude, qui la leur donnera?
Lorsqu’on étudie l’histoire de la Réforme, on est frappé de voir le libre examen, moyen de division d’avec l’Eglise catholique; mais parce qu’il faut vivre, on en revient à l’autorité(1). En conséquence, on est entre les catholiques qui vous disent: nulle autorité que la nôtre, et les plus avancés qui disent: nous poursuivons ce que nous avons commencé. Et sur cette pente, jusqu’où va-t-on? Jusqu’à la tolérance. Quel abîme c’est que la tolérance! Ce qu’en pensaient les premiers réformateurs, ce qu’on en pense en Suède, à Genève, Jurieu. Bossuet poussait Jurieu vers la tolérance. Ce que c’est que la tolérance. Dans un état qui a la foi comme croyance, elle n’est pas possible. La tolérance a ébranlé toutes les sociétés. – [Je] veux l’intolérance? Non, mais remarquez, l’Eglise a tellement respecté une croyance religieuse établie, même fausse, qu’elle a accepté le martyre plutôt, tant elle comprenait qu’il ne fallait pas ébranler la notion du respect de la foi. Mais c’est à cause du sang même des martyrs qu’elle est intolérante.
La tolérance, c’est l’indifférence religieuse, c’est la ruine des sociétés.
En effet, toute société repose ou sur des intérêts ou sur des notions de justice. Si sur des intérêts, la matière, la force; si sur la justice, sur des principes; – donc éternels, donc divins, donc religieux. Mais ces principes doivent être certains ou ce ne sont pas des principes; donc infaillibles. Où trouver cette infaillibilité dans la Réforme? ce n’est pas dans le libre examen, vous l’avouez.
Dans la bible? Mais ici il faut une application, et si le libre examen l’a faite, elle sera faillible. Ne dites pas les païens, l’Angleterre. Les païens ont une base religieuse; l’Angleterre est inconséquente, vous êtes donc intolérants? Non, parce que le malade est trop faible pour supporter l’intolérance, mais je constate que longtemps les protestants ont eux-mêmes repoussé l’accusation de tolérance comme une calomnie, qu’à Genève, en Angleterre, en Suède, on était intolérant.
L’indifférence, voilà où vous arrivez; le scepticisme, le matérialisme, le communisme. Voilà pour le côté social.
Envisageons les choses par un autre côté. Le libre examen étant posé, à quoi bon un ministre protestant? la bible sur un pupitre, voilà ce que proposait un protestant. La bible sur un pupitre.
Et que fera l’autorité du ministre? que sera-t-elle? c’est un avocat que l’on consulte, mais à quoi bon? quel procès fait-il gagner? C’est un médecin, de quoi guérira-t-il? Ainsi quand Lelieu a rendu compte de la conférence de 53, tenue les sept et huit déc., et a posé la question.
Voici la solution que je propose.
Je promets de n’enseigner que ce qui après un mur examen me paraîtra conforme à la vérité dans la bible, à moins que pour des raisons, dont ma conscience sera juge je ne pense devoir adopter la méthode des accommodations dont le Christ nous a donné l’exemple. Il faut expliquer ces textes. 2 textes de M. de Gasparin me suffisent, p. XI, p. 294. Il ne s’agit pas de dire: nous ne pensons pas ainsi. Il s’agit de savoir si vous reconnaissez ces hommes pour protestants. S’ils sont protestants, vous êtes donc en communion avec eux. Vous croyez qu’on peut se sauver en admettant des erreurs dans la bible, vous croyez qu’on peut se sauver en adoptant la méthode des accommodations, en laissant croire qu’on croit ce qu’on ne croit pas et en l’enseignant. Si vous excluez ces hommes, mes frères, la main sur la conscience, qu’est-ce qui reste de protestants – chrétiens dans le protestantisme? Conséquence du libre examen: l’hégélianisme.
Les méthodistes triomphent.
Oui, par une contradiction.