- TD51.050
- Sujets d'instructions données aux Dames de Miséricorde 1838-1839
- [I] NECESSITE DE L'INSTRUCTION
- Orig.ms. BM5, pp. 1-7; T.D. 51, pp. 50-53.
- 1 INSTRUCTION RELIGIEUSE
1 LOI DIVINE
1 MAUVAISES LECTURES - Dames de Miséricorde
- 1838-1839
Nécessité de l’instruction prise dans l’avantage personnel, dans l’avantage des autres.
Mes Dames, – Ce que Dieu demande avant tout de ceux qui le servent, c’est la bonne volonté. Mais cette bonne volonté se manifeste de diverses manières. Selon la position où Dieu nous a placées, selon les grâces que nous avons reçues. Cette bonne volonté il faut la prouver, et chacun doit pour cela remplir certaines conditions. Pour les remplir il faut les connaître. Or comme elles se multiplient à mesure que la providence nous donne les moyens d’exercer une plus grande influence, donc plus nous sommes dans un rang élevé, plus l’instruction nous est nécessaire, en sorte que la la première preuve de la bonne volonté envers Dieu, c’est l’instruction.
Au moment de reprendre le cours de nos instructions, permettez-moi, Mesdames, d’insister d’une manière toute particulière, sur la nécessité de l’instruction religieuse, car ne voulant pas, de peur de vous fatiguer revenir sur les sujets que j’ai pu traiter depuis trois ans, je me suis proposé pour cette année d’aborder ici les principaux sujets de la religion, en essayant toujours d’en tirer les conclusions morales qui pourraient vous être applicables. Ce ne sera pas un catéchisme, quoique plus d’une fois, peut-être, il fût bon d’y renvoyer. Je supposerai toujours la connaissance des notions ordinaires de la religion; ce ne sera pas non plus un cours de théologie, je craindrais de vous effrayer avec ce mot. Ce sera autant que j’en serai capable un cours de religion pour les Dames de miséricorde.
Et pour vous faire comprendre ma pensée, je m’arrêterai à vous présenter les avantages qui résulteront de l’instruction: 1° pour vous, en second lieu pour les autres.
[a] Avantages personnels de l’instruction religieuse.
Nihil perfectius, nihil utilius, nihil jucundius.
Perfection du but, utilité des moyens, jouissance des résultats.
Il peut paraître étonnant qu’il faille prouver que rien n’est plus parfait que l’étude de la religion; on en conviendra si vous le voulez pour n’avoir pas la peine de disputer, mais au fond du coeur on ne le pensera pas. Ou bien on dira cette perfection est trop grande et ce n’est pas la mienne.
Rien de plus parfait, Mesdames; l’intelligence que l’homme a reçue doit s’exercer sur quelques objets. Mais comment prétendrez-vous exercer la vôtre? Croyez-vous que vous en fassiez un usage convenable par ces lectures de romans ou par ces médisances, qui vous font perdre votre temps et détester dans la société? L’homme, je le sais, est tellement porté au mal, qu’il se laisse entraîner vers le penchant de le connaître, mais à mesure qu’il le connaît, il est plus porté à le faire, et voilà pourquoi les mauvaises lectures sont si funestes. L’homme, au contraire, à mesure qu’il connaît davantage le bien, l’aime et veut le pratiquer. Or, où trouvera-t-il le bien ailleurs que dans l’étude de la religion? pour arriver au bien quel modèle plus grand que Dieu et Jésus-Christ? Pour le connaître quelles lumières plus grandes que celles de la foi? Vous voulez faire une étude du coeur humain et pour cela vous lisez beaucoup. Ah, Mesdames, n’allez pas si loin. Il suffit que vous vous regardiez vous-mêmes, plongez dans votre coeur. Si, mesdames; vous y verrez des choses que vous n’auriez pas soupçonnées, et pour peu que vous l’étudiiez avec les lumières que vous procurera une instruction solide, vous y verrez plus que vous n’y voudriez voir, mais pour cela il faut étudier sa religion, et alors on voit combien sont admirables les dispositions de la loi divine: Revela oculos meos, et considerabo mirabilia de lege tua.
Mais, Mesdames, ce que vous n’aviez pas considéré sûrement c’est la perfection de la loi chrétienne par rapport à vous. Les hommes vous dépasseront sur toutes les autres sciences, vous leur en avez cédé le droit, mais dans la science religieuse vous pourrez toujours les égaler. Je ne parle pas ici de ces théologiens qui sont chargés d’étudier spécialement certaines questions; mais je parle de la comparaison établie entre les simples fidèles. Hé bien, vous pouvez égaler les hommes; vous pouvez même les surpasser. En quoi consiste la loi de Dieu? Jésus-Christ la résume en deux mots: L’amour de Dieu et du prochain, mais si la science de la religion se résume dans l’amour, n’est-il pas vrai que vous pourrez apprendre par le sentiment une foule de choses inconnues aux hommes. Mais si la loi de Dieu est la loi de l’amour par excellence, n’est-il pas vrai que cette loi vous perfectionnera nécessairement?
Rien de plus parfait. Quoi! L’instruction religieuse vous éclaire sur Dieu et sur vous-mêmes, vous manifeste son amour.
Rien de plus utile. Les philosophes païens à l’aide des traditions brisées et de leurs propres efforts ont bien pu découvrir l’idée de vertu; mais la force de l’acquérir, impossible au moins dans cette rigueur qu’offre le christianisme. Il y a pour cela une force dans l’instruction par elle-même: Gratia et veritas per Jesum Christum facta est, en sorte que la vérité, qui est Jésus-Christ, porte avec elle la grâce d’accomplir ce qu’elle ordonne. Je suis le fils de Dieu, mais il faut que je me rende digne de son titre. Voilà pourquoi saint Jean parle de ceux qui font la vérité.
Rien de plus agréable: Quam dulcia faucibus meis eloquia tua super mel ori meo. Charmes des vérités que l’on découvre, bonheur de pouvoir goûter davantage les choses de Dieu.
[b] Avantages pour les autres.
Pour résister à l’entraînement. Pour avoir une piété éclairée et nullement fatigante. Rien de plus doux et de plus fort qu’une piété éclairée, miel dans la bouche d’un lion. Pour faire du bien à un mari, à des enfants, aux domestiques.