21 janvier 1865

Informations générales
  • TD48.374
  • Réception [de Mlle Marie Valat] au noviciat [des Adoratrices]. Fête de sainte Agnès.
  • Cop.ms. CU 80; T.D. 48, pp. 374-376.
Informations détaillées
  • 1 ADORATRICES DU SAINT-SACREMENT
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 NOVICIAT
    1 VERTU DE CHASTETE
    1 VIE DE PRIERE
    2 AGNES, SAINTE
    2 VALAT, MARIE
    2 VINCENT DE PAUL, SAINT
  • 21 janvier 1865
La lettre

Je suis tout heureux, ma fille, que vous soyez reçue dans notre petit noviciat le jour où nous célébrons la fête d’une sainte, qui, à treize ans, était arrivée à un tel degré de perfection et à des rapports si intimes avec Notre-Seigneur qu’il est dit, dans l’office de sa fête, que son céleste époux la comblait de dons et de présents. C’étaient des pierres précieuses, des joyaux, des diamants qu’il lui donnait. Elle avait également avec la reine des vierges les révélations les plus étroites et les plus douces. Sa pureté était telle que lorsque les bourreaux la dépouillèrent de ses vêtements, Dieu permit que ses cheveux la couvrissent comme d’un voile pour abriter sa pureté virginale, qui, en effet, résista à tous les efforts de l’enfer et qu’elle conserva intacte là où elle aurait dû la perdre…

Ce qu’une jeune fille de treize ans a pu faire par son énergie, sa pureté, son amour, je vous le propose, mon enfant, à vous qui avez dépassé cet âge et qui êtes arrivée au moment de la vie, où l’énergie a acquis tout son développement. Sachez résister avec énergie à toutes les séductions de votre âge, à tous les entraînements du monde, de l’amour-propre et de votre propre coeur. Luttez avec énergie contre vous-même pour surmonter toutes les difficultés qui vous entourent. Vous allez apprendre, pendant votre noviciat, à vivre en religieuse, dans le monde; ce qui a ses avantages comme aussi ses inconvénients. Profitez des avantages pour aller rondement à Notre-Seigneur, laissez les inconvénients de côté ou plutôt changez-les en moyens. Tout en vous exerçant à la vie religieuse, vous resterez dans le monde; aussi vous dirai-je ce que saint Vincent de Paul disait à ses filles: « Allez, mon enfant. Pour voile, je vous donne la modestie, et pour clôture les rues que vous aurez à parcourir ».

Que votre modestie soit pour vous comme un voile, mon enfant; qu’elle vous aide à éviter les écueils du monde et de votre âge. Mais surtout imitez la pureté et l’amour de sainte Agnès pour Dieu.

Jésus seul remplissait son coeur, sa vie et absorbait toutes ses pensées; elle n’aimait que lui, ne voyait que lui en toute chose. Aussi était-il sans cesse présent à ses côtés… Vous aussi, ma fille, vous tendrez de toutes les forces de votre âme à acquérir cette belle et sublime pureté de l’amour, à l’aide de laquelle vous dépouillant de toute attache, de toute affection naturelle, de toute jouissance, vous n’aimerez que Jésus, vous ne désirerez que lui, vous ne chercherez que lui. La solitude alors se fera pour votre âme, toute douceur naturelle semblera disparaître pour vous. Si dans ces moments de souffrance et d’angoisse, votre coeur cherche quelque chose autre que Jésus pour s’y reposer, humiliez-vous-en à ses pieds et demandez-lui pardon de ce qu’il ne peut vous suffire. Si vous cherchez courageusement Jésus seul, votre amour grandira et se fortifiera. Plus vous vous sentirez seule avec Jésus, plus vous l’aimerez, parce qu’il sera votre unique appui. Votre solitude, en devenant ainsi un moyen d’être encore plus à votre époux, perdra toute son amertume et se changera en joie.

Jésus-Christ, ma fille, dans vos heures de souffrances et de luttes, vous donnera un appui. Cet appui, c’est la croix, et il vous la donnera pour toute votre vie. C’est elle qui sera votre bâton de voyage et le compagnon de votre route. Vous la porterez, et, à son tour, elle vous portera.

Vous voyez, ma fille, que je ne cherche pas à vous faire illusion sur la vie à laquelle vous allez vous former. Je ne vous promets ni joies ni douceurs; tout au contraire, je vous annonce la croix. La force dont vous avez besoin pour la porter, vous la trouverez dans la prière: c’est elle qui s’élevant jusque vers Dieu fera retomber sur vous toutes les grâces dont vous aurez besoin.

Du reste, comme adoratrice, votre prière doit être continue, votre vie doit être un long acte d’adoration. Il faut que de votre coeur s’échappe sans cesse vers le ciel l’encens de vos prières et de vos adorations. C’est là, ma fille, ce que Dieu attend de vous. Allez donc à Notre-Seigneur Jésus-Christ, et, prenant votre coeur comme entre vos mains, élevez-le vers lui et dites à cet adorable Sauveur: « Voilà, Seigneur, un encensoir bien faible et bien fragile; dorez-le vous-même avec le feu de votre amour, embrasez-le du désir de vous plaire. Consumez-y tout ce qu’il y a de trop naturel en moi, et que ma prière, comme l’encens, s’élève vers vous! »

Notes et post-scriptum