- TD46.144
- [Plans de sermons de retraites prêchées à diverses personnes, entre autres à des dames]
- Orig.ms. CS 78; T.D. 46, pp. 144-150.
- 1 ABUS DES GRACES
1 CONTRITION
1 EUCHARISTIE
1 FEMMES
1 LUTTE CONTRE LE MONDE
1 ORGUEIL
1 PIETE
1 RETRAITE SPIRITUELLE
1 SAINTE COMMUNION
1 VANITE
1 VERTU DE PENITENCE
2 ABRAHAM
2 TERTULLIEN - 1844-1854
[1] Ouverture de la retraite.
Laissez-moi, mes dames, vous dire en commençant ce que je viens faire au milieu de vous, le but que je me propose, les moyens que je veux employer, les dispositions que j’attends de votre part.
Ce que je viens faire, vous apprendre ou vous inviter à réfléchir. Combien parmi vous qui n’ont jamais réfléchi!
Le but que je me propose, votre conversion, et votre conversion beaucoup plus que vous ne pensez, votre conversion à vous surtout qui croyez n’avoir pas besoin d’être convertie, votre conversion à vous surtout qui dites: « Mais je suis une bonne chrétienne ».
Quels moyens! La foi.
Quelles dispositions j’attends de vous? La bonne volonté, moins que cela, la disposition de ne pas repousser ce que je vous dirai.
[Autre] ouverture de retraite.
Depuis que j’ai contracté l’engagement de vous donner une retraite, mes dames, il m’a été impossible de penser à ce que je viendrai faire parmi vous sans éprouver une profonde impression d’effroi et de confiance: d’effroi, à la vue des conséquences qu’une retraite manquée pourrait avoir; de confiance, parce qu’il me semblait après tout que Dieu avait sur vous des vues de miséricorde. Vous êtes 120, mes dames. Je ne demande pas que la retraite profite à un si grand nombre de la manière que je l’entends. Oh! si j’en pouvais trouver seulement 60, seulement 30, chez qui la grâce de Dieu produisît des effets puissants, durables, il n’en faudrait pas davantae pour renouveler la ville tout entière! Mais il me faudrait ce noyau.
[3] Premier jour.
Dire ce que c’est qu’une retraite, ce que serait une retraite pour des personnes entièrement libres, ce qu’est une retraite pour des personnes dans le monde.
Recueillement. Silence. Lectures. Efforts pour méditer.
Répugnances et dégoûts qu’éprouvent certaines personnes au commencement d’une retraite. Causes de ces répugnances: le besoin même de la retraite, l’effroi de la vérité.
Effort du démon pour empêcher le bien de la retraite.
[4] Christus habitare per fidem.
But de la retraite: faire régner J.-C. par la foi.
Ce que c’est que J.-C. vivant par la foi: c’est son esprit, c’est la séparation de la chair.
On n’a pas la foi, on doute, on est indifférent ou l’on est inconséquent.
Il faut être logique. Rapports entre J.-C. et nous.
Ecce sto ad ostium, et pulso. – Lui ouvrirai-je?
[5] Lutte contre le monde.
Ne velitis dicere intra vos: Patrem habemus Abraham; dico enim vobis, quia potens est Deus de lapidibus istis suscitare filios Abrahae. Avis à ceux qui se fient sur leur famille, leur position ou leur piété, pour ne pas craindre les dangers du monde.
Cujus ventilabrum in manu sua. Malheur à qui sera purifié et rejeté par le terrible vanneur!
On dit: « Mais que voulez-vous? C’est la coutume ». Tertullien répond: Sed Dominus noster Jesus-Christus veritatem se, non consuetudinem cognoscere[?] novit. De velandis virginibus. Tertullien dit aux femmes: Tu es diaboli janua, tu es arboris illius resignatrix[?], tu es divinae legis prima desertrix, tu es quae eum persuasisti, quem diabolus aggredi non valuit. Tertul., De cultu foemin., Tu imaginem Dei hominem tam facile eliscisti, propter tuum meritum id est mortem etiam Filius Dei mori habuit, et adornari tibi in mente est super pelliceas tuas tunicas? – Qua conscientia tribunal illud ascendimus, decreturi adversus eos quorum munera appetimus? – Perfectae autem, id est christianae pudicae, appetitionem sui non tantum non appetendam, sed etiam execrandam vobis sciatis. – Nam proprie usus et fructus pulchritudinis[?] sufficit, quod angelis Dei non est necessarium [pulchritudo]. Tertul., De cultu foemin.
[6] Abus des grâces.
Nox venit, quando nemo potest operari.
Nécessité de profiter de la grâce, quand elle se présente.
Plan de Dieu dans la distribution des grâces. – Il l’accorde quand il veut. Nécessité de la prendre au moment comme [= qu’il] veut, nécessité de la prendre aux conditions qu’il impose. Danger de laisser passer le temps. Danger de ne pas profiter des conditions.
Pour les autres. – Divers canaux par où coule la grâce. Divers moyens de servir de canal. Plan admirable de la Providence qui fait servir les uns à la sanctification des autres. Combien chacun nous devons faire effort pour être canal et remplir la volonté de Dieu!
[7] Contrition.
La contrition est une douleur d’avoir offensé Dieu, avec un ferme propos de ne plus commettre le péché à l’avenir.
Regret fondé sur la perte du ciel, sur la crainte de l’enfer, sur la laideur du péché, sur la beauté et la bonté de Dieu. Mais regret senti jusqu’au point de préférer la mort à un nouveau péché.
Résolution de changer et de renoncer au péché et à l’occasion du péché.
Pourquoi tant promettre et si peu tenir?
[8] De la pénitence.
Qu’est-ce que la pénitence? L’expiation de ses fautes, fondée sur la connaissance de notre [sic] état de péché et de la punition que cet état mérite aux yeux de Dieu.
Plus nous sommes coupables, plus nous ferons pénitence [et] plus nous nous connaîtrons coupables.
Contrition. – Les motifs de la contrition: l’enfer, le ciel, J.-C. Détestation du péché. Jusqu’à quel degré? Jusqu’à mourir.
Résolution de ne plus le commettre. Détestation du péché mortel. Absence d’affection au péché véniel. Ai-je cette disposition?
[9] [De la pénitence – autre plan.]
La vie de l’homme, pénitence continuelle. – Ses cutes continuelles doivent l’établir dans une disposition permanente de pénitence, de changement. – La pénitence est un regret du mal commis, avec une résolution de changer. De plus, nous nous connaîtrons. Nécessité de nous connaître.
Désir de perfection. – Le désir même du bonheur.
J’entends par pénitence le regret de l’état de péché, dans lequel on se trouve. Le désir de le quitter. L’expiation de sa vie passée. Mais pour avancer, il faut en comprendre la nécessité, en connaître les moyens.
[10] Sur la piété.
La piété est une vertu qui nous fait accomplir avec les sentiments convenables les devoirs de notre état soit envers Dieu soit envers le prochain. Il y a donc deux choses: 1° l’accomplissement des devoirs; 2° le sentiment avec lequel il faut les accomplir.
1° Devoirs. Il faut les connaître. Se pénétrer de leur importance, combattre les illusions de la paresse, de l’amour-propre.
2° Sentiment. – La piété, à proprement parler, ne commande rien d’extraordinaire dans l’ordre extérieur. J.-C., la Sainte Vierge ont eu une vie très commune. Mais la perfection pour eux a consisté dans le sentiment avec lequel ils ont agi. Or ici encore il faut bien distinguer le sentiment naturel du sentiment surnaturel: le sentiment naturel qui naît du caractère et qui donne à la piété une teinte douce, sombre, terrible; le sentiment surnaturel qui se sert quelquefois des dispositions naturelles, mais toujours pour les sanctifier.
Conclure par l’étude de ses devoirs et des sentiments, avec lesquels on a servi Dieu jusqu’à présent.
[11] Eucharistie.
Hoc facite in meam commemorationem. A la dernière cène, après l’instit[ution] de l’eucha[ristie], J.-C. dit aux apôtres: Hoc facite…
Institution du sacerdoce et du sacrifice. Puissance divine donnée à l’homme, puisqu’il commandera à Dieu lui-même. Mais ce sacerdoce appartient-il à la seule tribu choisie? Non; saint Pierre dit: Regale sacerdotium. Tous les chrétiens sont prêtres, tous les chrétiens sont rois, et je veux vous montrer comment J.-C. dans l’eucharistie apprend aux chrétiens à parvenir au sacerdoce et à la royauté.
1° Dans l’eucharistie je vois des espèces communes, viles en apparence, et c’est là comme le vêtement d’un Dieu, la forme sous laquelle il veut apparaître sur la terre. Exinanivit. Il n’y a point de chrétien sans dépouillement, sans acceptation de cette pauvreté spirituelle, contre laquelle notre orgueil se révolte. Hoc facite.
2° C’est une victime morte. Il ne suffit pas de se dépouiller de ce que l’on a, il faut se dépouiller encore de ce que l’on est par une sorte de mort de tous les jours. L’agneau est immolé, agnus tamquam occisus ab origine mundi. Du moment qu’il a été, il a été immolé. Il faut mourir tous les jours: quotidie morior.
3° Mort pour l’expiation des péchés des hommes, loi d’expiation.
4° Mort et vivant, semper vivens ad interpellandum. Il est mort à mes yeux, mais allez au fond du sacerdoce même c’est la vie même. Semper vivens ad interpellandum pro nobis. C’est dans la mort avec J.-C. que se trouve le principe de vie.
5° Plein d’amour, et voilà qui est le principe de l’union.
6° Homme parfait, modèle et force en même temps.
7° Dieu, couronne, consommation, récompense.
[12] Communion.
Dispositions à la communion de la première cène: Judas et Jean.
Judas sacrilège par avarice, par amour des choses de la terre qu’il préfère à son Dieu, par jalousie pour le prochain.
Jean: pureté, il était vierge; confiance, il repose sur le sein de Jésus; désir.
[13] L’orgueil, obstacle aux bonnes oeuvres.
Le grand mal des bonnes oeuvres qui reposent sur la charité est l’orgueil, qui se résume dans l’amour de soi. Faisons l’histoire d’une bonne oeuvre.
On l’entreprend avec imprudence, par orgueil. Qui s’en emparera? Tout le monde, et ceux qui ne seront pas en vue s’en froisseront. Que de mécontents! L’oeuvre n’est-elle pas bonne? Pourquoi la blâmer? Vraie raison, parce que je n’y suis pour rien. – On demande des avis par orgueil. Chacun veut faire prévaloir le sien. S’il n’est pas adopté, rien n’a le sens commun. Divisions. On rencontre des obstacles. Que d’irritations! Quelquefois on se voit sur le point d’achever et parce qu’on ne s’appuie que sur soi, découragement, dépit. Quelquefois les choses vont bon train, on s’y fie, la décadence arrive. Quelquefois on réussit, orgueil du succès. Mais l’orgueil qui pousse retient; on n’ose pas par orgueil, manque de simplicité. On ne veut rien faire, mais l’on se réserve le droit de blâmer.
La voie droite, c’est la simplicité et l’humilité avec la patience.
[14] Vanité.
Pourquoi ces dépenses? Pourquoi ces habits somptueux? Pourquoi ces fêtes? Pour attirer l’attention et les regards, répond J.-C. Mais de qui? De la multitude. Or demandez ce que c’est que la multitude. C’est une réunion d’êtres que vous méprisez. Et vous cherchez l’admiration d’êtres méprisables, et c’est à leur plaire que vous consacrez votre fortune, votre temps, votre vie, votre salut? C’est pour cela que vous désirez les richesses, mais saint Paul appelle l’avarice une idolâtrie. Quel nom doit-on donner à cette vaine gloire, qui est le principe de l’idolâtrie?