- TD45.276
- CAREME prêché à Saint-Charles, 1861.
- V [bis] - La REVOLUTION.
- Orig.ms. CR 168; T.D. 45, pp. 276-279.
- 1 REVOLUTION ADVERSAIRE
2 CARTOUCHE
2 MANDRIN - février-mars 1861
- Nîmes
Et in fronte ejus nomen scriptum: Mysterium.
Ce mystère s’est-il accompli une seule fois, ou plutôt la Providence ne permet-elle pas qu’il se renouvelle à certaines époques funestes? Quelle est cette femme? C’est la grande ennemie de Dieu, la Révolution. J’en dirai l’origine – les développements – les caractères – les conséquences.
1. Origine [de la Révolution].
Dans le ciel. – Non serviam. – Quis ut Deus? – Combat de Michel contre le Dragon.
Sur la terre. – Pourquoi? Eritis sicut dii! La raison humaine veut la raison des ordres de Dieu, trouve Dieu menteur, veut lui être semblable. – Dieu se retire. – Satan règne quarante siècles. – Toute chair corrompt sa voie.
Qu’est-ce que le pouvoir avant Jésus-Christ?
Mais le Christ apparaît! Droit nouveau. – On obéit au nom de Dieu. – Pouvoir sanctifié, Obéissance ennoblie.
Les Césars se troublent. Empereurs et Pontifes, ils veulent que ces deux titres ne soient pas séparés; après avoir été pontifes, ils veulent être dieux!
Mais le Christ a vaincu! – Nouveau droit européen. – La société des intelligences dominait celle des corps. – L’esprit – la matière – le droit – la force.
Ceci n’allait ni aux légistes ni à l’ambition des empereurs. Empereurs et légistes s’entendirent. – On sépara ce qui devait seulement être distinct mais uni. – La Réforme vint en aide, et s’inclina devant le pouvoir civil. – L’Europe abdique. – La matière reprit le dessus. – Les rois ne relevèrent que de Dieu. – Mais les peuples voulurent ne relever de personne. Firent-ils bien? L’Histoire le dira. Ils furent logiques en tirant les conséquences de certains principes. Quelques-uns eussent voulu s’arrêter là. – Impossible! La Révolution commence; à travers les étapes que la fatigue lui fait, elle avance. Etudions ses caractères.
[2. Les Caractères de la Révolution.]
1° La haine de Dieu. – « Dieu, c’est le mal » dira-t-elle. – La Révolution ne pactise pas avec la divinité (Proudhon).
Tant que l’esprit humain n’aura pas chanté la Marseillaise, il ne servira de rien d’affranchir les hommes. – Dieu n’a pas parlé, et de peur qu’Il ne parle, disons qu’Il n’est pas. – La Révolution nie Dieu parce qu’elle a peur qu’on lui parle en son nom.
2° La haine des hommes. – Haine des pauvres envers les riches, et des riches envers les pauvres. – Les riches veulent gagner; Les pauvres veulent gagner. – Tous ayant des droits, personne n’a de devoirs. Dieu ne commandant plus, personne n’est obligé d’obéir. Ce sera la lutte du plus fort ou du plus habile. – Je me ferai voleur ou filou, selon que je serai habile ou fort.
3° Egoïsme. – Je ne penserai qu’à moi. – Je me ferai centre. – Orgueil – Volupté – Divorce – Polygamie.
Entrepreneur: mauvais ouvrage. – Magistrat: vénal. – Banquier: pots de vin. – Toutes les passions divinisées. – Si Dieu n’a pas parlé!
4° Haine du pouvoir. – Négation de l’obéissance. – Tout ce qui est au-dessus de moi me fatigue. Qui peut me donner la loi sinon la force? – Plus de conscience. Mensonge. – Hypocrisie tant que je suis faible, brutalité quand je suis le plus fort.
Règle générale: Le pouvoir a toujours tort, et ceux qui ne l’ont pas toujours raison.
5° Mépris de la loi. – Plus d’espérance, – plus de sanction. – Le matérialisme le plus abject; – On ferme aux populations le ciel et l’on veut qu’elles ne se ruent pas sur toutes les jouissances de la terre.
6° Liberté de penser. – Si Dieu ne parle pas, qui a le droit de m’enseigner? Je ne veux écouter que mes caprices. – Mon dernier professeur sera l’exécuteur des hautes oeuvres venant m’avertir que la guillotine m’attend. – Voilà où il faut en venir, si Dieu n’a pas parlé.
7° Théories. – Mais ce qu’il y a de plus affreux, c’est que ces abominations deviennent des théories. Cartouche et Mandrin volaient, mais ils savaient qu’ils étaient des voleurs. Sur la roue, vers la potence, ils le confessaient. Aujourd’hui la violation de tous les droits est un système.
Et ne dites pas: Avant le Christ il n’en était pas ainsi. Avant le Christ, la lumière ne s’était pas levée et les hommes n’en avaient pas abusé. Du reste toute société était bâtie sur la religion. Mais depuis le Christ, il est impossible de n’en pas tenir compte. – Impossible de ne pas tenir compte de la notion de liberté, qu’Il a apportée sur la terre et que lui seul peut diriger.
Le Christ avait sanctifié le pouvoir, ennobli l’espérance! Mais quoi vous voulez rétablir la théocratie? Je ne veux rien rétablir. Je dis seulement que les hommes ont compris qu’ils sont égaux; que Dieu seul a le droit de leur commander; que si l’on vient leur dire: « Dieu, c’est le mal », ils n’obéiront à personne, ils ne se courberont en murmurant que sous la force brute qu’ils briseront quand ils le pourront.
Donc, ou le despotisme quand un fourbe se présentera, ou l’anarchie, quand plusieurs fourbes se seront momentanément entendus.
Que si le monde avance vers ces voies, on peut prédire les plus affreux malheurs. Mais pour qu’il en sorte, il faut qu’il croie en Dieu, non pas à un Dieu abstrait, au Dieu de l’évangile, à Jésus-Christ roi.
Royauté de Jésus-Christ. – Lutte de l’Eglise, lutte implacable, à mort. Elle parle au nom de Dieu. – Mes frères, écoutons l’Eglise.
Sur la REVOLUTION (1).
Et in fronte ejus nomen scriptum: Mysterium.
La Révolution: – Ses Caractères.
1° Caractère satanique. – Révolte contre Dieu.
2° Caractère d’erreur et de mensonge. – Lutte contre la vérité. Horreur de la Révolution – Négation de Jésus-Christ.
3° Caractère de haine. – Destruction de la loi de charité.
4° Caractère d’anarchie. – Par la révolte de toutes les passions, la négation de la vertu et de la société divine.
5° Caractère d’usurpation. – Perte de la notion du pouvoir. – Anarchie – Despotisme – Esclavage.