- TD42.187
- SERMON POUR LE TROISIEME DIMANCHE DE L'AVENT
- Orig.ms. CP 130; T.D. 42, pp. 187-195.
- 1 AMBITION
1 AUGUSTIN
1 CHRETIEN
1 DIEU
1 EGLISE
1 ESPERANCE
1 FAUSSE SCIENCE
1 FOI
1 GLOIRE DE DIEU
1 HERESIE
1 HUMILITE
1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
1 JESUS-CHRIST
1 JUIFS
1 LUTTE CONTRE LE MONDE
1 MORT
1 ORGUEIL
1 PENITENCES
1 POUVOIR
1 PUISSANCE DE DIEU
1 SAINT-ESPRIT
1 SOCIETE
1 SOLITUDE
1 TENTATION
1 VANITE
1 VERTUS
1 VICES
2 ELIE, PROPHETE
2 EUSTOCHIUM, SAINTE
2 JEAN-BAPTISTE, SAINT
2 JEAN CHRYSOSTOME, SAINT
2 JEROME, SAINT
2 MOISE
2 PAUL, SAINT
3 BETHANIE
3 JERUSALEM
3 JOURDAIN - 1836-1837
Tu quis es? Qui êtes-vous?
Telle fut, mes frères, la question que les Pharisiens envoyés par les Juifs de Jérusalem adressèrent à Jean, lorsque le précurseur de Jésus faisait retentir les menaces de la pénitence sur les rives du Jourdain, et troublait dans leur orgueil les scribes et les docteurs d’une loi prête à faire place à une loi nouvelle. Telle est aussi la question que les hommes adressent tous les jours aux humbles disciples d’un Dieu crucifié, aux véritables chrétiens. « Qui êtes-vous? leur disent-ils, vous dont toute la conduite est une censure vivante de nos désordres, vous dont les vertus condamnent à chaque instant nos passions, vous dont la foi proteste contre notre incrédulité ou tout au moins contre nos doutes ».
Et comme le fils de Zacharie, le chrétien peut bien répondre: « Je suis la voix de celui qui crie au désert, vox clamantis in deserto. En effet, mes frères, le vrai chrétien ne se trouve-t-il pas au milieu de ses semblables comme au milieu d’une profonde solitude, dont les limites reculent incessamment avec une effrayante rapidité? Quel point de contact a-t-il avec les hommes? Et la distance de ses vertus à leurs vices, de sa pureté à leurs désordres, de sa candeur à leurs fourberies, n’est-elle pas mille fois plus grande que celle qui séparait les déserts de Béthanie des iniquités et des souillures de Jérusalem?
Or le chrétien est dans le monde dans une véritable solitude, et il doit nécessairement s’y trouver, car quelle communication peut subsister entre les disciples du Christ et Bélial? Or il m’a paru édifiant de rechercher avec vous quel était le principal caractère qui sépare le vrai chrétien du monde, afin que si vous le possédez vous le conserviez avec soin, et s’il vous manque vous vous hâtiez de l’acquérir. Ce caractère je le trouve dans la réponse de Jean aux paroles de mon texte: « Qui êtes-vous? » lui dit-on. – « Je suis, répond-il, la voix de celui qui crie au désert ». Ce n’est qu’une voix, qu’un son vide, s’il n’est animé par la pensée de celui qui le fait entendre; et le chrétien n’est rien que par celui dont la pensée et la grâce vivent dans son âme; le vrai chrétien n’est rien, s’il ne reconnaît son néant, s’il n’est humble. L’humilité est donc son premier caractère.
Mais en même temps que par l’humilité il se dépouille de ses propres forces ou pour mieux dire de sa faiblesse, pour se revêtir de l’esprit de Dieu, il se revêt de la force de Dieu même. Et n’est-il pas écrit que la voix de Dieu, qui crie au désert, renverse les cèdres du Liban et ébranle les profondeurs de la solitude. Vox Domini confringentis cedros, vox Domini concutientis desertum.
L’humilité, caractère et force du chrétien, tel est le sujet [soumis] à votre attention. Je la réclame tout entière, mes frères, parce que la question que je vais traiter s’adresse à tous les genres d’auditeurs: à vous qui méditant souvent sur la loi de Dieu avez compris pourquoi Dieu résiste aux superbes et accorde sa grâce aux humbles; à vous dont le coeur est comme un champ de bataille où l’orgueil, la vanité, l’amour-propre, d’une part, et, de l’autre, le sentiment de votre faiblesse et de vos indicibles misères se livrent d’interminables luttes; à vous aussi dont l’âme se roule dans des chaînes qui la font gémir et qu’elle ne peut rompre, ou s’égare dans une nuit profonde, trompée qu’elle est par de fausses et fugitives lueurs. L’humilité, voilà la lumière qui éclairera vos yeux obscurcis par l’orgueil, voilà l’instrument de votre liberté. Mais avant de commencer, invoquons l’Esprit-Saint, par qui un Dieu s’est humilié en s’incarnant dans le sein de la plus humble des vierges. Ave Maria.
Esprit-Saint, par qui un Dieu s’est humilié en s’incarnant dans le sein de la plus humble des vierges, j’implore votre secours. Je sais quelles sont les difficulotés du sujet que j’aborde; je sais qu’en parlant de l’humilité j’attaque l’orgueil, l’amour-propre, l’égoïsme, de tous les vices les plus faciles à s’irriter contre la main qui veut guérir les plaies qu’ils ont faites. S’il est vrai qu’en faisant la peinture des maux qu’ils causent, j’ai étudié autant mon propre coeur que celui de mes frères, faites couler de mes lèvres les torrents de votre charité, afin que dans ce moment je sois établi par vous pour planter et pour édifier, non pour arracher et pour démolir. Ave Maria.
Avant de vous présenter l’humilité, caractère distinctif du chrétien, je voudrais pouvoir vous la montrer découlant comme de son principe du Dieu même des chrétiens. Je voudrais vous montrer comment Jésus-Christ détruisant la contradiction apparente qui se trouve dans ces paroles: un Dieu humble, s’est dépouillé de sa gloire et de sa grandeur pour s’anéantir dans les abaissements de la crèche et du Calvaire et s’est fait homme, le dernier des hommes, que dis-je, l’opprobre du genre humain et le rebut du peuple, opprobrium hominum et abjectio plebis, afin d’apprendre à ceux qu’il venait délivrer de l’esclavage par quels moyens leurs fers seraient rompus. Mais le sujet que me présente l’évangile de ce jour est certes assez vaste, et le Sauveur en cédant, pour ainsi dire, à Jean le droit de nous parler de l’humilité, nous donne déjà une assez belle leçon.
Les conquérants de la terre font porter dans leurs triomphes comme trophées de leurs victoires les armes et les dépouilles de leurs ennemis subjugués; mais ces triomphes, ils ne les célèbrent qu’après le succès, et les insignes de leur gloire ne sont portés devant eux qu’après qu’ils s’en sont emparés dans le péril des combats. Il était digne d’un Dieu qui venait combattre et vaincre par l’humilité celui qui avait l’empire de la mort, d’un Dieu pour qui le passé et l’avenir se confondent dans l’éternité du présent, de donner au milieu de ses abaissements mêmes une preuve éclatante de sa puissance, en triomphant dans la personne de son précurseur, avant d’avoir combattu. Tel est le prodige que nous révèle l’évangile et que je veux vous manifester, car je ne me propose rien autre que de le suivre pas à pas.
Or je dis que l’humilité, caractère du chrétien, se manifeste en général et particulièrement dans saint Jean: 1° par les sacrifices qu’elle inspire; 2° par les vertus qu’elle prépare ou qu’elle entretient; 3° par les obstacles qu’elle surmonte.
Et d’abord, par les sacrifices qu’elle inspire. Le vice opposé à l’humilité, c’est l’orgueil. L’aliment de l’orgueil, c’est la puissance, la gloire et la science. Or l’humilié commande au chrétien de s’élever au-dessus de semblables désirs, pour ne chercher qu’en Dieu les seuls biens, les seules jouissances dignes de lui.
Je dis la puissance. Quel est, en effet, le but vers lequel tendent ces hommes qui s’agitent avec un empressement fiévreux? Jetez les yeux autour de vous et voyez ce qui se passe. Que veut-on, que demande-t-on? La puissance. C’est le but de toutes les ambitions, et comme les caractères varient, la forme sous laquelle on la recherche varie aussi. Pour les uns, c’est une place élevée dans la société; pour les autres, c’est une influence prépondérante dans le commerce; pour celui-ci, elle gît dans un titre honorifique, pour celui-là dans quelques sous d’or. Et n’est-ce pas aussi l’amour de la puissance que Jean repousse loin de lui, et avec la plus vive énergie, par ces paroles: Et confessus est, et non negavit, et confessus est quia non sum ego Christus. Rappelez-vous l’idée que les Juifs charnels s’étaient faite du Messie. N’était-ce pas celle d’un prince puissant qui devait établir le peuple hébreu maître du monde entier? Que lui en eût-il coûté, si sa pensée eût été conforme à celle des hommes d’imiter tant d’ambitieux qui avaient cherché déjà à usurper ce titre? Que lui en eût-il coûté de se faire proclamer comme Messie par la foule qui se pressait autour de lui et voyait dans sa personne le libérateur attendu? Que Jean eût flatté les intérêts de uns, les passions des autres, qui pouvait mieux que lui jouer le rôle d’imposteur? La haine du nom romain n’eût-elle pas été un aiguillon puissant pour porter à son comble l’enthousiasme d’un peuple impatient du joug étranger?
Voilà ce qu’avec des pensées terrestres il eût pu faire et c’est ce qu’il ne fit pas. Admirez au contraire, avec quelle énergie se manifeste son humilité, avec quelle horreur il repousse un titre usurpé: et confessus est… Il déclare hautement, il ne déguise rien. Encore un coup, il le déclare hautement, il n’est pas le Christ. Et c’est ainsi que ses premières paroles portent en elles le cachet de la plus haute perfection. En effet, mes frères, ne trouverions-nous pas dans cette protestation renouvelée jusqu’à trois fois ces trois degrés, qui, selon saint Augustin, conduisent à la vérité et à la vie. Que si vous me demandez, dit ce grand docteur, quel est le premier pour arriver à la connaissance de Dieu et au bonheur, je vous répondrai: c’est l’humilité; le second, c’est l’humilité; le troisième, c’est encore l’humilité.
Ah! mes frères, nous nous disons chrétiens, et cependant que les voies par lesquelles nous marchons sont différentes! Nous aimons tout ce qui nous élève au-dessus des autres et de nous-même. L’ambition nous ronge le coeur, et, malgré les mille formes qu’elle prend, nous sommes toujours obligés d’éprouver ses honteuses atteintes, et de reconnaître en rougissant que les autres l’ont remarquée et stigmatisée en nous. Qu’il est donc facile à reconnaître le chrétien, qui ne voulant que Dieu seul se détache de toute grandeur périssable et se confie au Seigneur!
Les Pharisiens poursuivent leurs questions. Etes-vous Elie? demandent-ils à Jean. Qui avait fait des prodiges comparables à ceux d’Elie? Qui avait comme lui fermé et puis ouvert les cataractes du ciel? Qui avait comme lui fait descendre le feu sur les victimes de son sacrifice? Qui avait été comme lui enlevé dans un char enflammé? Les Juifs savaient qu’Elie doit se montrer au monde une seconde fois et paraître avec une grande gloire.
Seconde tentation contre l’humilité, tentation de vaine gloire: tentation que Jean repousse et à laquelle nous succombons tous les jours, et presque sans nous en apercevoir; tentation de toutes la plus terrible, peut-être parce qu’à la différence des autres dont les atteintes nous font presque rougir et nous inspirent une certaine horreur, la vaine gloire, au contraire, chatouillant doucement les fibres les plus délicates d’un coeur vaniteux, vient corrompre le peu de bien dont nous sommes capables, en nous portant à nous rapporter directement des hommages que Dieu seul a le droit de réclamer. Ah! c’est ici certes que la guerre est la plus cruelle, car tout se tourne contre le chrétien: son orgueil, sa vanité, ses vices, ses vertus, ses fautes, ses sacrifices, son humilité même.
« Vous vous livrez, écrivait saint Jérôme à la jeune Eustochium, vous vous livrez à des oeuvres de charité, prenez garde d’y trouver la mort de votre âme; craignez l’exagération de la piété et de chercher à paraître plus humble qu’il ne convient, de peur de rechercher la gloire tout en la fuyant: Nec satis religiosa velis videri, nec plus humilis quam necesse est, ne gloriam fugendo quaeras. Combien ne s’élevant au-dessus des critiques de leur pauvreté, de leurs aumônes et de leurs jeûnes, cherchent à plaire parce qu’ils méprisent les éloges! « Je sais, poursuit le même Père, que vous méprisez les richesses et l’orgueil de votre naissance, mais je crains qu’après avoir rejeté l’or de vos parures, vous ne tiriez vanité de la simplicité et de la modestie de vos vêtements!
Ne pensez pas, mes frères, que je prétende ici suivre dans tous ses détails les différentes formes sous lesquelles la vaine gloire vient nous assaillir. Elle prend toutes les formes, et dans ses excès mêmes elle manifeste les petitesses les plus dignes de pitié. Depuis le conquérant qui poursuit à l’extrémité du monde un peu de fumée jusqu’au pauvre, qui tend la main pour recevoir l’aumône, la vaine gloire a ses prétentions, ses susceptibilités, son point d’honneur et ses ridicules. Ici elle captive des esprits faibles sous le joug du respect humain, là elle détruit dans un esprit audacieux ou entêté le sentiment des convenances. Ah! que le vrai chrétien a de peine à se soustraire à la contagion universelle, et combien celui qui sait y résister est éloigné par cela même des maximes de l’orgueil!
Les deux premières réponses de Jean ne satisfont pas les Pharisiens, ils lui en adressent une troisième non moins insidieuse que les précédentes. « Etes-vous le prophète? » lui demandent-ils. Ils ne lui disent pas, remarque saint Chrysostome, êtes-vous prophète, mais êtes-vous le prophète, celui que Moïse avait annoncé et dont il avait prescrit aux enfants d’Israël d’écouter les enseignements? Est-ce à vous, lui disent-ils, que le ciel confia la mission de développer et d’accomplir la loi, et de nous révéler des mystères nouveaux?
Tentation de fausse science, l’une des plus funestes par ses résultats dans l’Eglise de Dieu. N’est-ce pas cette tentation qui a enfanté toutes les hérésies? Et si, dans notre époque malheureuse où toutes les douleurs étaient destinées à l’épouse du Christ, nous avons vu des étoiles tomber du ciel, n’est-ce pas que Satan avait murmuré à l’oreille du génie: Etes-vous prophète des temps modernes? Rien de plus subtil que cette tentation, et rien de plus dangereux que de lui donner, même en la repoussant, une attention trop grande.
J’ai dit, de plus, que l’humilité se manifeste comme caractère chrétien par les vertus qu’elle prépare ou qu’elle entretient. Remarquez, en effet, en suivant toujours les mêmes considérations comment l’humilité prépare dans le coeur du chrétien la place aux trois vertus fondamentales et crée, pour ainsi dire, le lieu ou la base où l’édifice doit reposer. Et qu’est-ce, en effet, que la foi? La foi, répond saint Paul, est la substance des choses que nous espérons, la preuve des choses que nous ne voyons pas: fides est sperandarum substantia rerum, argumentum non apparentium. Les biens que donne la foi sont aussi supérieurs à ceux qui font l’objet ordinaire de nos soins que l’âme est au-dessus du corps, l’esprit au-dessus de la matière. Mais la possession de ces biens mêmes constitue une véritable puissance dès ici-bas, car c’est par la foi que nous triomphons du monde et de ses passions: Haec est victoria quae vincit mundum, fides nostra.
Que dis-je? Ce n’est pas seulement contre le monde, contre la chair et le sang qui dirigent le monde, mais envers les princes, les puissances et les maîtres des ténèbres de ce monde, contre les esprits mauvais qui peuplent les cieux. Non est nobis colluctatio adversus carnem et sanguinem; sed adversus principes, et potestates, adversus mundi rectores tenebrarum harum, contra spiritualia nequitiae in caelestibus. Or suivez, je vous prie, ce raisonnement. Saint Paul, pour nous préparer à cette lutte, nous avertit de nous revêtir de l’armure de la foi. C’est le casque de la foi, c’est le bouclier de la foi, c’est la cuirasse de la foi. Quelle est cette armure? se demande saint Jérôme. Ce n’est rien autre que Jésus-Christ. Donc le chrétien qui se revêt de la foi, se revêt de Jésus-Christ, de la force de Jésus-Christ, de la puissance de Jésus-Christ. A qui a-t-il été dit: Ceignez votre épée sur votre cuisse, ô le plus puissant des guerriers? Accingere gladio tuo super femur tuum, potentissime.
Donc le chrétien par la foi est revêtu de la puissance de Dieu même, de l’austérité de Dieu même, dans tout ce qui est nécessaire ici-bas à son salut. Et, par-delà le tombeau, quelle sera cette puissance encore? Ce sera le royaume de Dieu; son sceptre sera le sceptre de Dieu, sa couronne sera la couronne de Dieu, car Dieu sera en lui et il sera en Dieu. Voilà la substance des biens qu’il espère: sperandarum substantia rerum.
Mais pour acquérir la puissance des cieux, il faut qu’il renonce à la puissance de la terre. Or il ne peut y renoncer que par l’humilité. Donc sans l’humilité les promesses de la foi sont vaines; donc sans l’humilité il n’y a point de foi. Ah! mes frères, combien en présence des biens éternels, en présence de la puissance divine dont nous sommes revêtus, les biens et la puissance de la terre sont peu de chose! Mais nous n’y pensons pas, et les yeux baissés nous dirigeons tous nos désirs vers des objets que nous serons obligés d’abandonner bientôt à la mort, s’ils ne nous abandonnent eux-mêmes.
Poursuivons. Quel est le but de l’espérance du chrétien? N’est-ce pas cette gloire infinie que Dieu, sans se dépouiller, communique à ceux qui auront généreusement et vaillamment combattu par la foi? N’est-ce pas cette gloire que le prophète saluait de loin, lorsqu’il s’écriait: Ah! Seigneur, mon âme est dévorée d’une soif ardente. Je sens au-dedans de moi-même un désir immense de grandeur, mais rien de ce qui m’environne ne peut l’apaiser. Pour l’apaiser, il faut quelque chose de plus grand que la terre, de plus grand que les cieux; il me faut votre propre gloire. Vous me la donnerez, Seigneur, et alors, seulement alors, je serai rassasié. Satiabor, cum apparuerit gloria tua*.
Voilà ce que dit le chrétien, parce que là où est notre trésor, là est notre coeur. Et son trésor, il l’a placé dans le ciel. Voilà pourquoi le chrétien soupire après le bien promis, et pourquoi l’homme du monde regrette la vie. Il a placé son espoir ici-bas, il a placé son bonheur ici-bas, sa gloire ici- bas. Quelle horreur ne doit pas lui inspirer le glaive de la mort? – Le chrétien mourant. – L’homme du monde mourant(1).