COURS DE THEOLOGIE MYSTIQUE

Informations générales
  • TD41.181
  • COURS DE THEOLOGIE MYSTIQUE
  • XII. *De la création*
  • Ms du P. Alexis Dumazer CY 56; T.D. 41, pp. 181-183.
Informations détaillées
  • 1 CREATION
    1 CREATURES
    1 DEMARCHE DE L'AME VERS DIEU
    1 DIEU
    1 HOMME CREE A L'IMAGE DE DIEU
    1 HUMILITE
    1 IMITATION DE DIEU
    1 LIBERTE
    1 MIRACLE
    1 MONDE CREE
    1 PANTHEISME
    1 PECHE
    1 PECHEUR
    1 PERFECTION
    1 PERFECTIONS HUMAINES DE JESUS-CHRIST
    1 PROVIDENCE
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 RELIGIEUX
    1 SAINTS
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 TRINITE
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VOLONTE DE DIEU
  • Etudiants assomptionistes
  • 1872-1873
La lettre

Dieu, un en substance et trois en personnes, engendre éternellement sa pensée, et entre lui et sa pensée se forme éternellement l’amour. Dieu par l’univers a voulu nous donner une image affaiblie de sa toute puissance. L’univers sort de Dieu, émane de Dieu (dans un sens bien différent de l’opinion des panthéistes) par la création, mais il y a une distance infinie entre l’être subsistant par lui-même et les êtres existants. Ceux-ci ont été tirés du néant, Dieu est leur cause unique, car autrement ils ne remonteraient pas tous et entièrement à Dieu et Dieu, cause première, ne serait pas infiniment puissant. Il est indépendant et distinct de la création, il a tout tiré du néant, autrement il serait composé de parties. Donc il ne saurait y avoir de matière coéternelle à Dieu. Dans l’ordre moral le pécheur en s’opposant à Dieu cherche à créer en dehors de lui une matière, et c’est son crime.

Dieu ayant tout fait avec raison possède l’idée de tout ce qu’il a voulu faire, et cette idée est éternelle en Dieu. Dieu a partagé les êtres en deux catégories: les uns, dépourvus de raison, obéissent fatalement; les autres sont raisonnables et libres, ils doivent leur concours à la volonté éternelle de Dieu.

Dieu n’est pas seulement la cause exemplaire des êtres, il en est encore la cause finale. Omnia propter semetipsum operatus est Dominus. Rien de plus digne de Dieu que d’agir pour lui-même, puisqu’il est l’infini.

Si Dieu est la cause première et s’il a tout tiré du néant, il nous en a tirés, nous aussi; nous n’avons donc aucune raison de nous enorgueillir, nous devons tout rapporter à Dieu, et c’est là la véritable humilité qui doit précéder l’humiliation du péché. Quid habes, quod non accepisti? Si autem acceperis, quid gloriaris? Si Dieu cessait de nous soutenir, nous retomberions dans le néant.

S’il n’y a pas de matière première indépendante, tout sort de Dieu qui est le pouvoir suprême. Nous devons reconnaître ce pouvoir par notre volonté et témoigner à Dieu une obéissance aussi grande que possible, pour répondre à sa puissance infinie; ce qui nécessitera de notre part des efforts constants.

Si Dieu est l’exemplaire de tous les êtres, nous sommes éternellement dans sa pensée et nous y sommes pour ainsi dire en double, car Dieu voit éternellement et ce que nous sommes et ce qu’il voudrait que nous fussions. Nous sommes comme religieux destinés à la perfection, nous devons donc nous efforcer d’effacer les taches qui nous empêchent de ressembler à notre type. Regardons en Dieu ces deux sortes de choses, l’idéal de notre vie et sa réalité; car là seulement nous les verrons avec exactitude, et la présence de Dieu ainsi comprise nous permettra de détruire nos défauts et d’acquérir les vertus auxquelles nous sommes destinés.

L’univers, suivant la doctrine de saint Thomas, porte en lui le vestige de Dieu, comme l’être raisonnable en porte l’image. C’est à nous de cultiver cette image, et, pour que le travail nous fût plus facile, Dieu s’est rapproché de l’homme, il est devenu tangible par J.-C., l’homme parfait.

Si Dieu a tout créé pour lui-même, tout dans l’univers doit nous faire remonter à Dieu, qui est le bien infini. C’est là la perfection dans la créature intelligente. L’homme qui ne rapporte pas tout à Dieu s’appuie sur lui-même, c’est-à-dire sur le néant. Il retomberait donc nécessairement dans le néant, si la Providence de Dieu ne le conservait. Celui qui s’appuie sur Dieu s’oublie lui-même, détruit en lui l’égoïsme et la personnalité, et Dieu récompense quelquefois les saints qui agissent ainsi en leur soumettant la nature par le pouvoir des miracles.

Notes et post-scriptum