- ES-1220
- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES.|TEXTES DIVERS PARUS DANS LES ECRITS SPIRITUELS.
- PREMIERE COMMUNION CHEZ LES OBLATES.
27 MAI 1880 - Ecrits Spirituels, p. 1220-1223.
- CT 57; TD 47, P. 295-297.
- 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
1 AUGUSTIN
1 BAPTEME
1 CHATIMENT DU PECHE
1 CONFESSION SACRAMENTELLE
1 DIVINITE DE JESUS-CHRIST
1 ECRITURE SAINTE
1 GLOIRE DE DIEU
1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
1 JESUS-CHRIST NOURRITURE DES AMES
1 MYSTERE
1 OBLATES
1 PERSEVERANCE
1 PREMIERE COMMUNION
1 PUISSANCE DE DIEU
1 VERTU D'OBEISSANCE
1 VIE SPIRITUELLE
1 VOLONTE PROPRE
2 LOTH, BIBLE
3 SODOME - Oblates
- 27 mai 1880
- Nîmes
Tota pulchra es, amica mea (Cant., IV, 7.)
Tel est le langage que Notre-Seigneur veut tenir, en ce moment, à chacune de vous, mes chères enfants: « Vous êtes toute belle ». Vous l’avez été rendue par votre baptême, vous avez effacé vos taches, par le sang de Jésus-Christ, au saint tribunal; et si quelque chose vous manque, vous le recevrez bientôt. Car écoutez ce mystère. Vos mères, qui vous aiment tendrement, voudraient vous rendre, en un sens très inférieur, les plus belles des créatures, mais elles ne peuvent faire à cet égard que des voeux stériles. Au contraire, ce Dieu qui veut venir habiter en vous, qui est appelé le plus beau des enfants des hommes, a la puissance de vous apporter cette beauté, non à vos corps -il la dédaigne-, mais à vos âmes. Ce qu’il est, il veut que vous le soyez. Le péché avait détruit cette beauté en votre être; il vous la rend par son sang, il vous la rend par cette visite qu’il veut vous faire, et c’est dans les profondeurs de votre coeur qu’il fera retentir cette parole: « O ma bien-aimée, que vous êtes belle! ».
Mais quelle beauté attend-il de vous? Je serais infini, si j’entrais dans les détails; je m’arrête à deux points principaux: Jésus-Christ vous apporte la beauté de sa grâce et la beauté de sa vérité.
La beauté de la grâce de Jésus-Christ, c’est la puissance descendue du ciel pour vous rendre capable de tout bien. Mais cette grâce est exigeante. Jésus-Christ non seulement vient vous apporter ses dons abondants, mais il veut se donner lui-même. Ce n’est pas l’eau du fleuve dont il veut vous désaltérer, c’est la source elle-même qu’il vous apporte. Lui qui est la splendeur de la gloire du Père, la beauté de sa substance divine, splendor gloriae, forma substantiae ejus; lui qui porte toutes choses dans la parole de sa puissance: portansque omnia verbo virtutis suae; lui qui dissipe toute tache du péché, purgationem peccatorum faciens, il vient vous donner sa pureté, sa puissance, sa beauté, sa splendeur; mais s’il veut vous embellir ainsi, comme il s’adresse à votre volonté, il veut une grande et prompte obéissance.
L’Ecriture Sainte est pleine d’exemples terribles de la façon dont Dieu punit les âmes, pour qui il fait tout, et qui restent dans leur volonté. Voyez la femme de Loth. Le Seigneur a recommandé à son serviteur de fuir en toute hâte, lui, sa femme et ses filles; il ne met qu’une condition au salut de cette famille merveilleusement arrachée aux flammes vengeresses des crimes de Sodome. La femme de Loth, soit curiosité, soit regret de quitter une terre si belle, alors, par sa fécondité, jette un regard; aussitôt elle est changée en statue de sel. Ce n’est plus un être vivant, c’est la matière brute. Toute la perfection de cette âme a disparu, parce qu’elle avait regardé ce que Dieu lui avait commandé de quitter.
Ah! mes enfants, si vous voulez rester pures, belles, dignes de Jésus-Christ, ne regardez jamais en arrière. Aucuns de ceux qui mettent la main à la charrue et regardent en arrière, ne sont faits pour le royaume de Dieu. Regardez toujours en avant, tendez toujours à une perfection plus grande, telle que vous la demande Jésus-Christ; marchez dans la force de celui qui veut être la vôtre, laissez-le vous embellir de toutes les vertus. Pour toutes, si vous le voulez, va commencer une vie nouvelle en vous, la vie qui est Jésus-Christ: Christus vita vestra, selon l’expression de l’Apôtre. Allez dans cette vie, dans cette beauté: Specie tua et pulchritudine tua intende, prospere, procede. Telle est la beauté des vertus que Dieu vous communique. A la grâce il faut joindre la vérité.
Qu’allez-vous recevoir? Un Dieu fait homme. Mais ce Dieu, c’est la vérité éternelle, et c’est maintenant qu’il faut répéter: c’est la splendeur de la gloire, splendor gloriae. La lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde, c’est Jésus-Christ, fils de Marie, voilant, sous son humanité, cette lumière qui ne défaille jamais, lumen indeficiens; mais il n’en est pas moins la beauté infinie. Saint Augustin fait observer que les êtres tirent leur beauté de la lumière. Vous avez sous les yeux le plus magnifique spectacle. Si aucun rayon ne l’allume, vous ne voyez rien: c’est beau, mais ce ne sont que des ténèbres. C’est donc la lumière qui donne aux êtres leur beauté. Et, ajoute notre docteur: « Est-ce que le soleil, dont la lumière donne la beauté aux êtres, n’est pas dans la nature le plus beau des êtres? Mais qu’est le soleil auprès de la lumière qui est Dieu, la splendeur de la gloire divine? » Cette beauté infinie veut descendre en vous et vous apporter quelque chose de son infinie beauté. Et quand, dans sa lumière, il vous l’aura communiquée, il vous dira: « O ma bien-aimée, que vous êtes belle! »
Il ne veut pas tout faire; la vérité veut être méditée, contemplée, adorée. Et c’est ainsi qu’elle se communique; elle rend éclatants ceux qui la reçoivent. Et, pour employer une autre comparaison, voyez ce que chante aujourd’hui l’Eglise à la première antienne de Laudes: Sapientia aedificavit sibi domum; la sagesse, c’est-à-dire la vérité, s’est construit une maison; elle y a préparé du vin, miscuit vinum; elle a mis sa table. La maison, c’est vous; le vin, c’est le sang divin; la table, c’est l’Eucharistie venant porter la force, la santé de l’âme, venant l’illuminer de sa beauté.
Venez donc et mangez; prenez et buvez; recevez votre Dieu, la beauté éternelle dans sa puissance, sa sagesse, sa lumière, sa vérité.