- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS DU SAMEDI|DEUXIEME SERIE
- INSTRUCTIONS SUR L'EDUCATION CHRETIENNE
VIII
JESUS-CHRIST NOTRE MODELE - Les Instructions du Samedi. Paris, Maison de la Bonne Presse, 1932, p. 118-123.
- BT 12-13.
- 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
1 ENFANCE DE JESUS-CHRIST
1 ENSEIGNEMENT DE JESUS-CHRIST
1 GRACE
1 IMITATION DE JESUS CHRIST
1 JESUS-CHRIST MODELE
1 JEUNESSE
1 OBEISSANCE DE JESUS-CHRIST
1 PERFECTION
1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
1 VOLONTE DE DIEU
3 BETHLEEM
3 EGYPTE
3 JERUSALEM, GOLGOTHA
3 JUDEE
3 MARSEILLE
3 NAZARETH - Collégiens de Nîmes
- 1876-1877
- Nîmes
Après vous avoir parlé de la manière dont nous devions imiter la Sainte Trinité dans le fond même de nos êtres, après vous avoir indiqué comment la foi, l’espérance et la charité étaient trois dons de Dieu qui, par sa miséricorde, nous transportaient dans un monde supérieur et nous initiaient à une vie qu’aucune créature ne peut nous procurer, il me resterait à vous offrir un type entièrement à votre portée. Je devrais vous montrer Jésus-Christ, et répéter avec Marie aux noces de Cana: « Tout ce qu’il vous dira, faites-le: Quodcumque dixerit vobis, facite(1). »
Mais Jésus-Christ ne se contente pas de nous enseigner par ses paroles, il nous prêche par ses exemples, il nous dit à son tour: Exemplum dedi vobis, ut quemadmodum ego feci vobis ita et vos faciatis(2).
Imiter Jésus-Christ, notre parfait modèle, quel but! Et à quelle grandeur ne parviendrons-nous pas, à mesure que nos efforts pour l’imiter seront plus parfaits!
Déjà, pendant la retraite, je vous ai montré le divin Sauveur à Bethléem, à Nazareth, à travers la Judée, au Calvaire, et certes, ce que j’ai dit en une seule instruction, j’aurais pu le développer en plusieurs et je n’aurais encore rien dit. Aujourd’hui je voudrais vous montrer Jésus-Christ sous deux aspects. Je voudrais vous montrer Jésus-Christ modèle du développement constant qu’un chrétien de votre âge doit donner à sa perfection telle que Dieu la lui demande, et, si j’ai le temps, examiner quel est le principe qui anime toute la vie de Jésus-Christ.
I. -Notre-Seigneur n’a pas dit seulement à quelques hommes en particulier: « Soyez parfaits », il l’a dit à tous dès les premiers jours de son enseignement. Estote ergo vos perfecti. C’est qu’en effet, outre le type absolu de perfection qui est en Dieu seul, chaque être, dans la place qui lui est assignée, a sa perfection propre, par la raison qu’il a une vocation pour occuper dans le monde le poste qui lui est assigné.
La perfection n’est pas une affaire de goût, de caprice, d’arrangement personnel: elle est le résultat de la volonté de Dieu sur nous. Il ne s’agit pas, pour être parfait, de faire ce que nous nous figurons de mieux: il faut faire ce que Dieu veut de chacun de nous, en dehors des lois générales. De même que Dieu a voulu que son Fils naquit dans une crèche, qu’il passât sa première année en Egypte, puis cachât sa vie à Nazareth, de même il veut de vous telle ou telle disposition de vie, et vous n’avez qu’à vous y soumettre. Ceci est dur avec les idées présentes, où la volonté de l’homme est censée faire tout, où la volonté de Dieu ne compte pour rien. Or, c’est le contraire qui est la vérité: ce sont les droits de Dieu que nous devons faire triompher en nous, avant de les indiquer aux autres.
Or, examinez attentivement. Jésus-Christ est venu, non pour faire sa volonté, mais la volonté de son Père dont la loi est au fond de son coeur. Deus meus, volui, et legem tuam in medio cordis mei(3).
Ce sera sa nourriture et il dira à ses disciples qui le pressent de manger: Meus cibus est ut faciam voluntatem ejus qui misit me(4). Donc toute la vie de Jésus-Christ consiste à faire la volonté de Dieu. Or, faites-y attention, tel est le secret de votre vie à vous: chercher la volonté de Dieu et l’accomplir.
Il y a dans votre vie des moments très graves: ceux où vous vous demandez: qu’est-ce que Dieu veut de moi?
Sans doute à cette question vous n’aurez pas de réponse à faire, si Dieu vous prend comme il prenait, il y a quelques jours, un de vos plus jeunes camarades. D’autres fois, il vous saisit au moment où vous avez préparé votre carrière, comme il vient de le faire à Marseille pour un jeune homme dont le parent, le frère peut-être, est mort à l’Assomption d’un anévrisme. Mais, enfin, vous devez supposer que vous avez quelques années devant vous. Eh bien! c’est la grande question: que devez-vous faire?
Les Saints Evangiles nous l’apprennent lorsque, parlant de Jésus Enfant, ils répètent: Puer autem crescebat… plenus sapientia; et gratia Dei erat in illo(5). Et un peu plus bas: Jésus autem proficiebat sapientia, et aetate et gratia apud Deum et homines(6).
Reprenons ces paroles:
L’Enfant croissait plein de sagesse. Je le crois bien: il était, comme Dieu, la Sagesse même. Et gratia Dei erat in illo. Comme homme, il était le réservoir de toutes les grâces qui, par sa mort, devaient un jour se répandre dans le monde entier. Que voulez-vous de plus? Mais ce que je veux à mon tour, c’est que vous imitiez cet Enfant. Si je vous demande quelle était cette sagesse, ne me répondrez-vous pas que vous n’en savez rien? et si vous en savez quelque chose, ce ne sera qu’un à peu près. Pourquoi? Parce que vous n’étudiez pas votre modèle par excellence: Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Si je vous demande ce que c’est que la grâce que pourrez-vous m’en dire? qu’une définition banale de catéchisme; mais cette étude consciencieuse, mûrie de la connaissance de soi-même, pour approfondir les dons de Dieu si multiples et si variés, si proportionnés à notre faiblesse, qu’en faites-vous?
L’Enfant croissait, et c’est bien cela: il faut croître en sagesse et en âge et en grâce. Voyez les trois éléments. Les deux derniers, l’un naturel, l’autre divin, concourent à la sagesse surnaturelle dont il est rempli.
Ce que l’on vous demande, c’est d’être de votre âge de chrétien: de croître, vous aussi, tous les jours un peu plus, et de devenir enfin des hommes. Ah! songez à tout ce que vous pouvez être, si vous le voulez fortement. Croissez donc en générosité, en énergie, en dévouement, en don complet de vous-mêmes.
Tandis que Jésus croissait, il arrive à l’âge de douze ans; il resta dans le temple, et quand ses parents, l’ayant retrouvé, lui en font des reproches, il répond: Nesciebatis quia in his quae Patris mei sunt oportet me esse(7)? »
Grandir en sainteté, mais dans une sainteté qui s’occupe des choses de Dieu, voilà la perfection; arrivez-y au plus tôt.
2. "Je vous ai donné l'exemple afin que, ce que je vous ai fait, vous le fassiez aussi." (Ioan. XIII, 15.)
3. "Mon Dieu, je l'ai voulu, et votre loi est au fond de mon coeur." (Ps. XXXIX, 9.)
4. "Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé." (Ioan. IV, 34.)
5. "Cependant l'enfant croissait rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était en lui." (Luc. II, 40.),
6. "Et Jésus croissait en sagesse et en âge, et en grâce devant Dieu et devant les hommes." (Ibid. 52.)
7. "Ne saviez-vous pas qu'il faut que je sois aux affaires de mon Père?" (Luc. II, 49.)