- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE
- III. NECESSITE DE LA FOI
[IIa - IIae, q. 11, a. 3-6.] - Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 410-412.
- BI 9
- 1 DOGME
1 FOI
1 ORDRE SURNATUREL
1 VERITE - 1875
I. [L’objet de la foi est quelque chose de supérieur à la raison naturelle. (Ibid., a. 3.)]
I. -Ma raison croit pouvoir se suffire; quelle folie! Sans doute, il est des vérités qu’elle peut atteindre dans l’ordre naturel, -et encore avec quelles erreurs! -mais sa sphère est limitée et encore là elle est entourée de mystères. Quand il s’agit de l’élever à l’ordre supérieur, divin, comment y entrera-t-elle si Dieu ne l’y introduit pas? C’est Dieu seul qui peut lui faire connaître les choses qui ne se laissent pas voir, et pour cela il faut que je m’appuie sur la vérité qui est Dieu et qui se révèle à moi par son Fils.
O Vérité incarnée, je vous adore me prenant dans l’ordre de ma raison, la purifiant, l’élevant, la transportant par la foi au-dessus d’elle-même, et la préparant ainsi à la lumière de la gloire qui sans doute n’est pas de ce monde, mais dont la foi est la préparation! O Dieu, donnez-moi la foi la plus vive afin que toute mon existence aille à vous louer pendant toute l’éternité en contemplant ce que j’aurai cru ici-bas!
II. [L’objet de la foi peut être aussi une vérité accessible à la raison naturelle. (Ibid., a. 4.)]
Mais ma raison ne peut-elle pas se prouver certaines vérités qui sont l’objet de la foi. Sans doute, toutefois que de chrétiens à qui l’étude de la vérité est moralement impossible; mais il leur est possible de croire, d’une foi qui repose sur la parole de Dieu, ce qu’ils sont incapables de comprendre, et quelle miséricorde à Dieu envers le genre humain d’avoir donné l’argument populaire de la foi! Et d’ailleurs quand même ma raison aurait pu saisir plus [de vérités] que d’autres, quelle sûreté pour moi, comme pour les autres, dans mon adhésion aux choses de la foi! Quel plus vaste ensemble la foi ne me fait-elle pas contempler! D’autant plus que la foi ne m’interdit pas l’usage de ma raison, elle l’éclaire, la fortifie, la conduit à Dieu dans les mystères divins, lui en montre l’immensité, lui laisse prendre son essor sauf à la soutenir dès que les forces lui manquent.
Mon Dieu, fortifiez-moi par la foi, et que ma raison soumise à votre parole se fortifie par elle et se nourrisse de toute vérité que vous proposerez à ma foi!
III. [L’homme est tenu de croire explicitement certaines vérités. (Ibid., a. 5.)]
Que de mystères en vous, ô mon Dieu, que pendant quatre mille ans l’esprit humain n’est pas arrivé à découvrir! Leur affirmation se réduit à bien peu de paroles, mais enfin l’esprit humain ne les a jamais affirmés, et ils me sont indispensables pour établir avec vous des rapports vrais! Eh bien vous les avez révélés. Je les accepte et m’y complais.
Aussi, Seigneur, [je] veux adhérer à votre vérité révélée, non pas d’une foi générale, vague, implicite, non, mon Dieu, [cela ne me suffit pas]. Cette foi, sans doute, je l’ai, mais je veux adhérer à tous les principes premiers de la foi. Tous ne sont pas tenus à adhérer à toutes les vérités explicitement renfermées dans le dépôt de la foi; mais il est incontestable que, comme religieux d’une famille consacrée à étendre votre règne, je suis obligé à une foi explicite plus grande, afin de pouvoir instruire les autres. A cet égard, je suis tenu d’avoir une foi plus vive, plus puissante, plus étendue, afin d’illuminer un plus grand nombre d’intelligences.