- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES. APPENDICE
- DE L'INTENTION ET DE L'ELECTION
[Ia - IIae, q. XII, XIII.] - Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 369-371.
- BH 5
- 1 ACTES HUMAINS
1 BONHEUR
1 CHOIX
1 DIEU
1 PURETE D'INTENTION
1 THOMAS D'AQUIN
1 VERITE
1 VOLONTE - 1875
I. -L’intention, acte de ma volonté qui se dirige vers un objet (tendere in), ne devrait avoir, à proprement parler, qu’un but, le dernier de tous, qui est Dieu. Toutefois, comme, pour arriver au but dernier, il faut établir l’emploi de divers moyens et, par conséquent, de divers actes, il importe de constater qu’il peut se trouver en nous diverses intentions et que, dès lors, c’est à la volonté de les diriger d’une façon convenable.
D’où la nécessité pour moi de renouveler sans cesse mon intention pour que, non seulement le terme vers lequel je tends soit le bien infini, mais pour que les moyens que j’emploierai pour l’atteindre soient bons.
Ii. -Dans le but que je poursuis, il est évident que, par ma nature, je ne peux pas vouloir le malheur. Le malheur est en soi une diminution de l’être. L’être ne peut pas vouloir être diminué, amoindri.
Mais je puis vouloir choisir les moyens qui me rendront heureux. Or, l’élection, le choix que je ferai, a la plus grande gravité.
Qu-ai-je choisi jusqu’à présent? Et dans combien de circonstances, voulant la perfection, ai-je choisi précisément les moyens qui m’en détournaient et n’ai-je pas laissé de côté les moyens qui auraient pu m’y conduire?
L’examen de cette question est, à coup sûr, un des plus importants que je puisse faire.
III. -Mais si je réfléchis sur la manière dont j’ai mal choisi dans le passé les moyens d’arriver à ma fin, ne puis-je pas réfléchir à l’avance sur les moyens à prendre pour l’avenir? Et comme, pour acquérir le bonheur éternel, il ne suffit pas de vouloir me sauver d’une manière générale, et que, dans les moyens à prendre, il y a souvent de grandes incertitudes, ne comprendrai-je pas combien il importe d’appliquer ma raison à porter un jugement convenable {sur les moyens qui s’offrent], afin que ma volonté puisse faire son choix d’une manière sage et utile au terme dernier que je me propose?
IV. -Mais pour porter un jugement sage, à propos des déterminations que je dois prendre, combien n’importe-t-il pas que je parte de principes certains; et c’est ici que je dois me rendre compte de l’obligation où je suis d’éclairer ma conscience. Je touche à une des sources les plus funestes des illusions. Combien de chrétiens qui jugent mal, choisissent mal, parce qu’ils jugent d’après leur ignorance, leur caprice, leur imagination, leurs passions!
O Dieu, faites que les jugements réfléchis de ma raison reposent toujours, par la foi, sur les grands principes de la vérité révélée, afin que, mon intention étant parfaite, mon jugement éclairé, je ne me détermine qu’à ce qui sera le plus parfait selon ma vocation (1).