- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|INSTRUCTIONS AUX TERTIAIRES DE L'ASSOMPTION.|INSTRUCTIONS POUR LES REUNIONS DU TIERS ORDRE (1878)
- SAINTE ELISABETH DE HONGRIE (1).
- Instructions aux Tertiaires de l'Assomption, 1878-1879, Paris, Maison de la Bonne Presse, 1930, p. 25-29.
- CO 109
- 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
1 ASSOMPTIONNISTES
1 AUMONE
1 AVARICE
1 BON EXEMPLE
1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
1 CHATIMENT
1 CORRUPTION
1 DETACHEMENT
1 DOUCEUR
1 EGOISME
1 ENERGIE
1 EPREUVES
1 FIDELITE A LA GRACE
1 GRACE
1 GRANDEUR MORALE
1 IMITATION DES SAINTS
1 LACHETE
1 LUTTE CONTRE LE MONDE
1 LUTTE CONTRE LE PECHE
1 LUXURE
1 PATIENCE
1 PAUVRE
1 RENONCEMENT
1 REVOLUTIONNAIRES ADVERSAIRES
1 SATAN
1 SOINS AUX MALADES
1 VERTU D'OBEISSANCE
1 VERTU DE FORCE
1 VERTU DE PAUVRETE
1 VICTOIRE SUR SOI-MEME
1 VIE DE PRIERE
1 VIE DE SACRIFICE
1 VIE SPIRITUELLE
1 VOEU DE PAUVRETE
1 VOLONTE
2 DENYS I DE PORTUGAL
2 ELISABETH DE HONGRIE, SAINTE
2 ELISABETH DE PORTUGAL, SAINTE
2 EPHREM, SAINT
2 FRANCOIS D'ASSISE, SAINT
2 GREGOIRE IX
2 LOUIS IV DE THURINGE
2 MONTALEMBERT, CHARLES DE
3 THURINGE - Tertiaires de l'Assomption
- 1878
- Nîmes
La fête de sainte Elisabeth nous donne trois grands enseignements, et nous devons méditer sur sa pauvreté, son amour des pauvres, sa sainteté.
I. -Sa pauvreté.
Fille des rois par sa naissance, fille de saint François d’Assise par l’adoption, son choix, au milieu d’une cour qui l’entourait, fut le détachement des choses de la terre. Les événements le prouvèrent bien. Victime d’une persécution comme il faut les attendre quand on a affaire aux hommes, à peine son mari est-il mort qu’elle est chassée de son palais. Quelle douceur, quelle patience dans la manière dont elle accepte l’épreuve envoyée du ciel! Portant ses jeunes enfants, elle va chercher un asile dans une étable, et quand il lui est permis de remonter à son rang, elle se sépare de tout pour vivre pauvre, renonçant volontairement à la consolation de garder des servantes qui avaient pourtant su lui rester fidèles dans le malheur.
Bel exemple à imiter de nos jours. Quand un fléau évidemment envoyé de Dieu frappe nos contrées, il ne suffit pas de le subir, il faut l’accepter, accepter des privations trop souvent méritées. Qui doute que la richesse n’ait apporté une corruption profonde? Déjà dans les campagnes l’immoralité diminue, parce qu’on n’a plus de quoi s’y livrer. Espérons que parmi les riches, comme parmi les pauvres, on saura sinon aller jusqu’à la pauvreté de sainte Elisabeth, du moins se résigner, comme il convient à des chrétiens.
II. -Son amour des pauvres.
Tel fut le grand prétexte des seigneurs pour lui enlever la régence des Etats du prince de Thuringe: elle aimait trop les pauvres. Elle donnait trop pour soulager les besoins des nécessiteux, n’accordant pas au luxe des riches ce qu’ils se croyaient le droit de réclamer. Hélas! cette exigence de nos appétits, ne la trouvons-nous pas assez souvent en nous? Nous estimons toujours que les pauvres ont trop, parce que nous prétendons n’avoir pas assez. Ne nous faisons pas illusion. Que de personnes qui jouissaient, il y a quelques années, de nombreux revenus et qui, dépouillées par le fléau de Dieu, subissent aujourd’hui des privations qu’elles n’auraient, si elles avaient donné aux pauvres plus largement qu’elles ne le faisaient. Elles ont voulu garder beaucoup trop pour elles, nous voyons ce que Dieu leur a laissé.
Exemple précieux pour les religieux eux-mêmes. Quel est celui qui n’a pas à se retrancher quelque chose? A chaque moment les pauvres réclament; pourquoi ne pas faire effort pour leur donner, non seulement de son superflu, mais encore de son nécessaire. Tous ont à payer d’exemple, et les riches, et les religieux. Les riches, parce qu’ils ont de reste; les religieux, parce que la pauvreté doit être une de leurs vertus de choix.
Demandons à sainte Elisabeth de nous faire découvrir les inventions de ses dépouillements, afin de prouver que nous aimons beaucoup les pauvres, en leur donnant beaucoup.
III. -Sa sainteté.
La sainteté consiste dans la grâce de Dieu qui descend du ciel, et dans la vigueur de l’âme qui la reçoit pour la faire fructifier. Point de sainteté sans la grâce de Dieu qui nous prévient, ni non plus sans la force de la volonté qui correspond à la grâce.
Or, c’est là que nous trouvons la grande raison, la raison déplorable pour laquelle il y a de nos jours si peu de saints. La grâce de Dieu fait-elle défaut? Nullement. Mais ce qui fait défaut, c’est notre volonté. Nous ne savons plus vouloir, nous ne savons plus combattre le péché, nous ne savons plus livrer les combats pour le devoir, pour les vertus de notre état. Les caractères disparaissent. Cela se voit, même chez les hommes de révolution. Autrefois, ils se plongeaient dans le sang; aujourd’hui, ils se contenteraient de s’enfoncer dans la boue. Ils tireraient bien encore des coups de fusil si on ne devait pas les leur rendre, mais comme disait Satan à Dieu: « Peu pour peau » (2), et ils ne veulent pas qu’on leur prenne la leur.
Mais laissons ces hommes aussi pervers que lâches; parlons de nous qui, si nous n’avons pas leur perversité, avons peut- être leur lâcheté.
Quels exemples ne nous donne pas sainte Elisabeth, soit dans ses prières si prolongées, pendant la nuit, soit dans la séparation du monde quand son époux était absent ou quand la Providence le lui eut enlevé, soit dans ses victoires sur la nature pour soigner les plaies les plus repoussantes chez ses chers pauvres, soit par sa soumission à accepter les durs traitements imposés par le confesseur que lui avait envoyé le Pape.
Profitons de la grâce, demandons-la par d’instantes et sincères prières; sachons ne pas en avoir peur; faisons-lui produire en nous tous ses fruits par une énergique volonté, et donnons à Dieu une vie de sacrifices et de victoires sur nous-même. C’est ainsi que nous lui donnerons une vie de sainteté.
2. "*Pellem pro pelle, et cuncta quae babet bomo dabit pro anima sua*: l'homme donnera peau pour peau et tout ce qu'il a, pour conserver sa vie." (Job. II, 4.) -Le sens un peu obscur de la locution proverbiale "peau pour peau", est déterminé par le contexte. Les uns, avec saint Ephrem, entendent que l'on donnera sans hésiter la peau des autres pour garantir la sienne. D'autres traduisent comme la version chaldéenne: "Membre pour membre, mais pour la vie l'homme donnera tout", entendant par là que l'homme est prêt à sacrifier ses membres et à tout risquer pour conserver sa vie. Aussi Satan croyait pouvoir dire à Dieu: "Frappez Job dans son corps, et vous verrez s'il ne vous maudira pas.