- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE.|II. MEDITATIONS POUR RETRAITES
- LA REGLE
- Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1927, II, p. 258-262.
- CO 71
- 1 ESPRIT RELIGIEUX
1 FIDELITE A L'ESPRIT DE LA REGLE
1 IMITATION DE JESUS CHRIST
1 LUTTE CONTRE LE MONDE
1 OBEISSANCE DE JESUS-CHRIST
1 PRATIQUE DE L'OBEISSANCE
1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
1 REFORME DU COEUR
1 REGLES DES RELIGIEUX
1 TYPES DE VIE RELIGIEUSE
1 VOEUX DE RELIGION
1 VOIE UNITIVE - 1875
Quicumque hanc regulam secuti fuerint, pax super illos(1).
Un caractère de la vie religieuse, c’est la règle. I° Elle sépare le religieux du monde; 2° elle le fait ressembler davantage à Jésus-Christ; 3° elle lui donne son cachet propre.
I. La Règle sépare le Religieux du monde.
Sans doute, dans le monde il y a certaines obligations et certaines gênes, comme la discipline militaire et l’étiquette; mais tout cela a un but humain. Le propre des règles religieuses, c’est de prendre celui qui s’y astreint et de le consacrer à Dieu. Elles soumettent les détails de la vie à un joug rigoureux et astreignent à des obligations qui concourent à rendre l’homme plus parfait. La règle suppose que celui qui l’accepte, accepte par le fait même de se consacrer absolument au service de Dieu et de se soumettre à des prescriptions, dont le terme est l’union à Dieu par une vie de perfection.
De là, un costume spécial, des dispositions gênantes, des travaux particuliers, le séjour en commun, des ordres manifestés par la voix des supérieurs et acceptés, même quand ils sont incompris. De là enfin, tout un genre de vie à part qui enchaîne la liberté et force à aller où l’on ne voudrait pas (2), selon l’expression même de Notre-Seigneur.
Où en suis-je à cet égard? Quelles sont mes dispositions par rapport à cette séparation? Car elle ne doit pas consister seulement dans une séparation de fait, comme celle du soldat renfermé dans sa caserne; elle doit être une séparation voulue, librement acceptée, comme celle d’un fils habitant la maison de son père et acceptant l’autorité de celui chez qui il habite. En suis-je là?
Ma séparation d’avec le monde, indiquée par ma règle, est-elle bien au fond de mon coeur, et suis-je heureux de renoncer à certains rapports avec les personnes du dehors et de vivre dans une intimité plus grande avec Dieu, mon Père, pour l’amour de qui je me suis fait religieux?
II. La Règle rend le Religieux plus semblable à Jésus-Christ.
Lorsque le Fils de Dieu est venu sur la terre, il a reçu sa règle de la volonté de son Père et l’a pratiquée avec la plus effrayante régularité: Tunc dixi: ecce venio. In capite libri scriptum est de me, ut facerem voluntatem tuam. Deus meus, volui, et legem tuam in medio cordis mei(3). Oui, Jésus Christ, en tant que Dieu, règle éternelle, loi de l’univers, Jésus-Christ a voulu, comme homme, recevoir sa règle. In capite libri scriptum est de me, ut facerem voluntatem tuam.
Ainsi, l’importance de la règle nous est indiquée par ce que le prophète nous dit de la manière dont le Sauveur lui-même a voulu la pratiquer. Et le prophète ne parle pas ici d’une façon générale, mais il marque expressément, avec détails, que cette règle a été imposée au Sauveur. De là, dans l’Evangile, ces paroles si souvent répétées: Ut adimpleretur quod dictum est a Domino per prophetam(4). Les prophéties sont l’expression de la volonté de Dieu sur Jésus-Christ et sur sa vie tout entière. Sa conception, sa naissance, le lieu et le moment de sa naissance, sa fuite, son retour à Nazareth, son travail, ses courses apostoliques, ses souffrances, les détails de sa passion, sa mort, tout est prévu. Jésus-Christ ne rendra le dernier soupir que quand « il saura que toutes les prophéties ont été accomplies, Sciens Iesus quia omnia consummata sunt« (5).
Ainsi Notre-Seigneur est pour moi un parfait modèle de la fidélité avec laquelle je dois observer mon règlement et toutes les prescriptions qui me sont imposées. Que fais-je pour imiter ce divin modèle et avec quelle exactitude la règle est-elle observée par moi?
III. La Règle imprime au Religieux son cachet propre.
Les diverses règles religieuses renferment certaines prescriptions générales qui sont communes à tous les Ordres.
Mais, à côté de ces dispositions communes, il y a des points particuliers qui varient selon le but spécial qu’on se propose d’atteindre dans tel ou tel Ordre. Partout on doit pratiquer la vertu, qui est la base de la perfection. Mais parce que la faiblesse humaine ne peut pas tout embrasser dans ses efforts, les uns aspirent à plus de travail, d’autres à plus d’austérités; ceux-ci multiplient les jeûnes, ceux-là le temps consacré au choeur; ici on vit davantage dans la solitude, là dans les oeuvres de charité ou dans les travaux apostoliques. Et la règle fournit à chacun les moyens qui concourent à la fin spéciale qu’il se propose. C’est au religieux d’entrer avec le plus d’ardeur possible dans l’esprit de sa règle, de telle façon que si on s’est voué, par exemple, au travail des mains, on ne s’occupe pas des oeuvres de zèle, et que si l’on s’est consacré aux oeuvres de charité, on ne consume pas ses forces dans des pénitences excessives.
Par ce moyen, je servirai Dieu seul en gardant ma règle et son esprit, et si je n’arrive pas à tout embrasser, j’obtiendrai du moins la perfection qui m’est propre.
2. *Alius te cinget et dicet quo tu non vis*. (Ioan. XXI, 18.)
3. "Me voici, je viens. En tête du livre, il est écrit de moi que je dois faire votre volonté; mon Dieu, c'est ce que j'ai voulu, et j'ai gardé votre loi au fond de mon coeur." (Ps. XXXIX, 8-9.)
4. "Afin que fût accompli ce que le Seigneur a dit par le prophète." (Matth. I, 22.)
5. Ioan. XIX, 28.