- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE MOIS DE MARIE
- VINGT-HUITIEME JOUR
MARIE, REINE DES APOTRES - Méditations sur la perfection religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 468-473.
- BH 5
- 1 AMOUR DU CHRIST
1 APOSTOLAT
1 APOSTOLAT DES RELIGIEUX
1 CHARITE DE MARIE
1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
1 FOI
1 FOI DE LA SAINTE VIERGE
1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
1 MERE DE DIEU
1 MERE DE L'EGLISE
1 MOIS DE MARIE
1 OUBLI DE SOI
1 PAUVRETE DE MARIE
1 PRUDENCE
1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
1 REINE DES APOTRES
1 SERVICE DE L'EGLISE
1 VERTU DE FORCE
1 VERTUS DE LA SAINTE VIERGE
1 VOCATION SACERDOTALE
1 ZELE APOSTOLIQUE
2 ARISTARQUE, ACTES
2 LUC, SAINT
2 MATTHIEU, SAINT
2 PAUL, SAINT
2 TIMOTHEE, SAINT
3 JERUSALEM, GOLGOTHA - 1875
Jésus montant au ciel laisse de longues années Marie sur la terre. Ce n’était pas sans un motif digne de lui et digne d’elle. Marie soutenait, encourageait les apôtres, et préparait des ouvriers évangéliques. Qui pourrait en douter? Il faudrait douter de la perfection des oeuvres confiées à Marie ici-bas. Or, quelle oeuvre plus parfaite que la formation des ouvriers apostoliques, qui, à travers les siècles, sont les vraies colonnes de l’Eglise et en même temps ses lumières? 1° Comment Marie accomplissait-elle cette oeuvre admirable? 2° Quel en était le résultat?
I. Comment Marie soutenait-elle les apôtres et en préparait-elle de nouveaux.
1° Par la prière. En cela elle imitait son divin Fils qui ne choisit les douze qu’après avoir passé des nuits en prière, et erat per noctans in oratione Dei (1). Elle appelait sur eux de nouvelles effusions de l’Esprit qu’ils avaient reçu à la Pentecôte. Elle pouvait bien leur dire comme saint Paul à Timothée: Admoneo te ut ressuscites gratiam Dei(2). Elle priait pour eux, et quel chrétien n’est pas invité à cette prière? Ah! si nous savions combien elle est nécessaire! En effet, quel besoin d’apôtres n’avons-nous pas? Et si nous n’en avons pas suffisamment, ne serait-ce pas parce que nous ne savons pas les demander?
2° Par l’exemple. Le fond de la vie apostolique, c’est le désir de la gloire de Dieu, le zèle pour l’accroissement du royaume de Jésus-Christ, le zèle pour le salut et la sanctification des âmes. Est-il un chrétien qui soit empêché de l’avoir? Marie en était consumée sans cesse. Se dévouant à la gloire de Dieu, à l’oeuvre de son Fils, à la conversion des âmes, elle faisait ce qu’elle pouvait pour prêcher d’exemple. Quoi! prêchait-elle elle-même? Certes non. Rien ne nous a jamais montré Marie parlant en public; mais Marie avait toutes [les] vertus d’un apôtre, elle en avait surtout toutes [les] ardeurs. Ah! elle était apôtre par les dispositions de son âme, et elle ranimait les apôtres, les encourageait, en faisait des ouvriers plus généreux, des guerriers plus vaillants, des porte-voix plus retentissants de la parole divine. Rien ne m’empêche, dans la sphère la plus humble, d’exercer cette sorte d’action, si je le veux.
3° Par l’action. Celle de Marie fut incessante. Sa grande préoccupation était l’Eglise et les ouvriers de l’Eglise. En effet, à quoi [bon] la montée de Jésus au ciel et son triomphe sur la mort, si son oeuvre ne devait pas être continuée? Marie donc se préoccupait de cette oeuvre admirable et entourée de tant de périls, car déjà le mal était parmi les ouvriers de l’Evangile. Saint Paul n’avait- il pas dit de plusieurs: (Coeteri) quae sua sunt quaerunt(3) et (4). Ainsi l’intérêt propre se trouvait même au milieu des persécutions. Marie veillait et, après avoir prié, agissait.
O la magnifique mission du religieux qui soutient les âmes sacerdotales ou forme les âmes plus tendres au sacerdoce! Pourquoi cette pensée ne préoccupe-t-elle pas un certain nombre de chrétiens qui, à l’imitation de Marie, se prépareraient à la sanctification des âmes sacerdotales et apostoliques?
II. Quels résultats se proposait Marie avec les apôtres.
Pour se rendre compte de ce que se proposait Marie, il faut établir que, mieux que saint Paul aux chrétiens, elle répétait sans cesse aux apôtres et à leurs collaborateurs: Filioli quos iterum parturio donec formetur Christus in vobis(5). Son divin Fils avait été enfanté par elle sans douleur, mais les chrétiens, mais les hommes apostoliques, ah! que d’angoisses n’éprouvait les douleurs de l’enfantement. Et que cherchait-elle à leur communiquer?
1° Les saintes convictions de la foi. Marie, mère des croyants par excellence, réservoir de la foi, si l’on peut dire ainsi, voulait la répandre jusqu’aux extrémités du monde. Or, quels plus puissants canaux que les apôtres, pourvu qu’ils comprissent de quels trésors de vérités ils avaient le dépôt, avec quel respect ils devaient, sans le diminuer, en verser la surabondance dans les intelligences successivement éclairées par eux! Ah! l’apôtre convaincu seul peut convaincre; il faut donc une application spéciale à répandre la conviction de cette foi, base de tout l’édifice chrétien.
2° L’énergie en face de tous les périls. Tous les périls se dressaient en face des apôtres. Saint Paul les a énumérés(6), et ensuite a déclaré que rien ne pouvait le séparer de l’amour de Jésus-Christ. Rien n’avait, au Calvaire, séparée et, plus que personne, elle pouvait dire: Voyez jusqu’où a été mon amour. Douce et forte, son énergie maternelle avait bravé tous les obstacles, et pendant les années qui suivirent la Pentecôte, cette énergie saintement contagieuse se communiqua à tous ceux sur qui Marie eut de l’action.
Quand serai-je assez énergique pour communiquer mon zèle apostolique aux autres?
3° La prudence. Oui, l’énergie n’exclut pas les prudentes précautions, et Jésus avait dit: Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre (7). Marie, la Vierge très prudente, ne voulait pas qu’un zèle intempestif poussât les Apôtres à des actes sans valeur par leur témérité. La force, pour être vraie, a besoin de se contenir, et Marie ne voulait pas de tentatives compromettantes. Oh! qui donnera à l’Eglise des hommes féconds pour le bien parce qu’ils seront modérés dans leur force!
4° Le désintéressement. Marie, née pauvre, meurt pauvre. Si, à la mort de Jésus, Jean ne lui eût offert un toit, elle n’eût pas eu où poser la tête. Marie savait que le désintéressement dans la pauvreté est la pierre de touche de l’apostolat.
2. "Je t'avertis de rallumer la grâce de Dieu." (II Tim. 1, 6.)
3. "(Les autres) cherchent leurs propres intérêts." (Philip. II, 21.)
5. "Mes petits enfants, pour qui j'éprouve de nouveau les douleurs de l'enfantement, jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous." (Galat. IV, 19.)
6. II Cor. XI, 23-28. -Rom. VIII, 35-3g.
7. "*Cum autem persequentur vos in civitate ista fugite in aliam*." (Matth. X, 23.)