OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|MEDITATIONS SUR LA PERFECTION RELIGIEUSE|MEDITATIONS POUR LE CAREME
  • LUNDI DE LA DEUXIEME SEMAINE DE CAREME
    [SUR L'EVANGILE DE LA FERIE: Ioan. VIII, 21-29]
  • Méditations sur la Perfection Religieuse pour les Augustins de l'Assomption. Paris, 1925, I, p. 222-225.
  • CO 6-7
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 CAREME
    1 DIEU LE FILS
    1 DIVINITE DE JESUS-CHRIST
    1 HUMANITE DE JESUS-CHRIST
    1 JUIFS
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 TRINITE
    2 JEAN, SAINT
    3 JERUSALEM
  • 1875
La lettre

I. Jésus dit aux Juifs: « Je m’en vais, vous me chercherez et vous mourrez dans votre péché. » Les Juifs cherchaient le Messie, mais mal. Jésus-Christ se retira par sa mort et par son Ascension. Jérusalem fut renversée de fond en comble et le temple détruit. Depuis, les Juifs cherchent le Messie, et, ne le trouvant pas, meurent dans leur péché.

Image effroyable de l’âme à qui Jésus-Christ fait des avances et qui n’y répond pas. Jésus-Christ se retire. L’âme le cherche bien inutilement; elle ne saurait le trouver sans la permission du divin Maître. Car, il faut établir deux vérités; la première, que personne ne meurt que par sa faute; la seconde, que Jésus-Christ ne doit rien à personne, et que, par conséquent, libre de se retirer, quand on a lassé sa patience il se retire en effet quelquefois: « Ego vado et quaeretis me et in peccato vestro moriemini: Je m’en vais, vous me chercherez et vous mourrez dans votre péché. »

En suis-je là? Il ne m’est pas permis de le supposer, mais n’ai-je pas été bien imprudent et bien coupable de m’exposer, par mes ingratitudes, à un pareil abandon de la part de Jésus-Christ?

II. A quelles absurdes suppositions se livrent les Juifs! Jésus se tuera-t-il? « Vous êtes d’en bas. » Vos idées partent des idées terrestres et viles: « Vos de deorsum estis, ego de supernis sum. Moi, je pars d’en haut. Vous êtes de ce monde, moi je ne suis point de ce monde ». Voilà bien le partage fait: les hommes d’en bas, de la terre; les hommes d’en haut, du ciel; les hommes du monde et ceux qui n’en sont pas.

A quelle catégorie puis-je dire que j’appartiens? En un mot, suis-je pour ou contre Jésus-Christ, car ceux qui ne sont pas pour lui mourront dans leur péché. Sa parole y est engagée.

III. Les Juifs lui font cette question: Mais « qui donc êtes-vous? Tu quis es? » A quoi Jésus-Christ répond: « Le principe même qui vous parle: Principum qui et loquor vobis. »

Au commencement était le Verbe, et le Verbe s’est fait chair. Comme Dieu, il est le principe. Comme seconde personne de la Sainte Trinité, il est dans le principe. Dans le commencement, dans la puissance infinie, le Verbe était, tout a commencé par lui, per quem omnia facta sunt(1). Et puis, venez dire que tout ne se rattache pas à lui, puisque toute créature a son commencement en lui, initium totius creaturae Mais les Juifs n’y comprirent rien.

O Jésus! faites que je comprenne de votre enseignement tout ce que je dois en comprendre pour rapporter tout à vous.

IV. Jésus, voyant que les Juifs ne le comprennent pas, ajoute: « Cum exaltaveritis Filium hominis, tunc cognoscetis quia ego sum, et a meipso facio nihil: Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez ce que je suis, et que je ne fais rien de moi-même. » Admirable union du Père avec le Fils, et de la divinité avec l’humanité en Jésus-Christ.

« Sed sicut docuit me Pater, haec loquor, et qui me misit mecum est, et non relinquit me solum, quia ego quae placita sunt ei, haec facio semper: Je parle comme mon Père m’a enseigné, et celui qui m’a envoyé est avec moi et il ne m’a pas laissé seul parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. » Il faudrait un long discours pour expliquer ces paroles, où s’établit la mission de Jésus-Christ et la condition de tout envoyé de Dieu, qui n’est jamais abandonné lorsqu’il peut dire sincèrement: « Quae placita sunt ei haec facio semper: Ce qui lui plaît, je le fais toujours. »

Notes et post-scriptum
1. "Tout a été fait par lui." (Symbole de Nicée.)