- TD 8.132
- ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
- ONZIEME DIMANCHE APRES LA PENTECOTE
- Le Pèlerin, N. S., III, n° 137, 16 août 1879, p. 518-519.
- TD 8, P. 132; CO 208.
- 1 APOSTOLAT
1 DECADENCE
1 DIVIN MAITRE
1 ENGAGEMENT APOSTOLIQUE DES LAICS
1 FRANC-MACONNERIE
1 INSTRUCTION RELIGIEUSE
1 LANGAGE
1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
1 NOTRE-SEIGNEUR
1 ORDRE SURNATUREL
1 PREDICATION
1 RESPECT HUMAIN
1 SOCIETES SECRETES
3 DECAPOLE
3 PALESTINE
3 SYRO-PHENICIE
3 TYR - 16 août 1879.
- Paris
Jésus vient de quitter le pays de Tyr, où il a guéri la fille de la Syrophénicienne; il revient vers la mer de Galilée sur les confins de la Décapole, et là on lui amène un muet. Il lui mit les doigts dans les oreilles et de la salive sur la langue, et aussitôt le sourd-muet entend et parle.
On dirait que le divin Maître ne peut se préserver de faire du bien au peuple qui le crucifiera. Il quitte un instant la Palestine, mais il se hâte d’y revenir et d’y accomplir de nouveaux prodiges, comme pour se dédommager de ceux qu’il a opérés en Syrophénicie.
Il rend l’ouïe à un sourd. Ah! que de sourds aujourd’hui, soit qu’ils ferment volontairement l’oreille, soit qu’ils se soient exposés à ce que Dieu leur ôtât l’intelligence de sa parole!
Il est certain que nombre d’hommes semblent frappés de stupidité dès qu’on touche à une question religieuse. On a pas étudié les principes de la foi, ou bien les passions en on fait perdre le sens.
Or, et c’est ici que l’on ne saurait trop insister, l’étude de la religion, de ses éléments d’abord, de ses principes, des lois de la morale doivent être repris à nouveau du haut de la chaire sans doute, et plus encore dans les prônes que dans les sermons. Mais, par suite, hommes satisfaits d’eux-mêmes. Qui va au sermon, et surtout qui va au prône? C’est pour cela qu’il faut examiner si les bons chrétiens ne devraient pas conjurer leur curé de faire le prône sans cesse, non pas à l’église, mais partout où il rencontrerait un ignorant, et ce n’est pas seulement à M. le Curé de faire des prônes de cette espèce. Tout le monde devrait s’y essayer, j’entends tous les vrais chrétiens. Ce n’était ni en chaire, ni dans une église, que Notre-Seigneur rendit l’ouïe aux sourds, c’était sur quelque place publique, peut-être sur un grand chemin. Toute circonstance n’est-elle pas bonne à un franco-maçon pour faire des recrues? Pourquoi la puissance de propagande des sociétés secrètes se serait-elle retirée de l’Eglise? Le zèle si grand pour le mal semble faire défaut au bien, paresse, respect humain, crainte de prêcher sa propre condamnation, mille autres motifs sont là qui glacent la parole de vérité sur les lèvres du chrétien. A la vérité, un franc-macon n’en est pas là! il est plus facile de dire: sois un coquin comme moi, que de dire: sois un honnête homme, il restera toujours qu’il est plus aisé de pousser au vice qu’à la vertu! rien est aisé comme de descendre, rien n’est ardu comme de monter. Et cependant pourquoi ne pas essayer?
Notre-Seigneur fit plus: non seulement il fait parler un sourd, mais il fait parler un muet. N’est-ce pas bien fort? La puissance de communiquer aux autres sa pensée dans un langage qu’ils comprendront est certainement un des faits les plus inexplicables et à la fois les plus merveilleux de l’ordre naturel. Cet homme était muet parce qu’il était sourd; mais comment tout à coup non seulement entend-il, mais encore comprend-il? comment surtout instantanément peut-il se faire comprendre?
Le prodige dans l’ordre naturel est le symptôme de l’ordre surnaturel. Jésus-Christ a donné la parole aux évangélisateurs: Dominus dabit verbum evangelizantibus virtute multa.
Cela s’est vu, pourquoi cela ne se verrait-il pas encore? L’excès du mal ne procurera-t-il pas un réveil du bien? C’est ce qu’il faut demander avec instance.
Oui, que Dieu nous donne des sourds capables d’entendre, des muets capables de parler, et le mensonge rentrera aux enfers; la vérité brillera dans le ciel, et nous répéterons à la gloire du Sauveur les acclamations des peuples de la Décapole: « Jésus-Christ a bien fait toutes choses, il a fait entendre les sourds et parler les muets ».