- TD 8.85
- ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
- LE SAINT JOUR DE LA PENTECOTE
- Le Pèlerin, N. S., II, n° 75, 8 juin 1878, p. 370-371.
- TD 8, P. 85.
- 1 APOTRES
1 CARACTERES DE L'EGLISE
1 CONFESSION DU NOM DE JESUS-CHRIST
1 CONVERSION SPIRITUELLE
1 DONS DU SAINT-ESPRIT
1 EGLISE CELESTE
1 HISTOIRE DE L'EGLISE
1 JESUS-CHRIST CHEF DE L'EGLISE
1 JUIFS
1 LOI ANCIENNE
1 LOI NOUVELLE
1 MARTYRS
1 PAGANISME
1 PREDICATION
1 SAINT-ESPRIT
1 SAINTE VIERGE
1 SAINTETE
1 SATAN
1 SUCCESSION APOSTOLIQUE
1 VERTUS
1 VIE DE PRIERE
2 ABRAHAM
2 ELIE, PROPHETE
2 MOISE
2 PIERRE, SAINT
3 FRANCE
3 JERUSALEM
3 JERUSALEM, CENACLE
3 ORIENT - 8 juin 1878.
- Paris
Les apôtres ont passé dix jours dans le Cénacle, en compagnie de la Sainte Vierge et des saintes femmes qui faisaient cortège à la mère du Sauveur. Tout à coup un grand bruit venant du ciel se fait entendre, un vent violent retentit, des langues de feu se montrent sur les apôtres; ils parlent les langues diverses des peuple réunis à Jérusalem pour la Pâque. Un étonnement universel éclate. La prédication évangélique commence par la bouche de Pierre, l’Eglise est fondée.
Sans pénétrer ce grand mystère, étudions quelques points principaux de ce qui se passe en ce grand jour.
I. Le Saint-Esprit sanctifie les apôtres: ce sont des hommes nouveaux. La sainteté avait eu ses disciples sous la loi ancienne, et l’on en avait eu d’admirables modèles. Quels types qu’Abraham, Moïse, Elie et tant d’autres! Mais pourtant, il y avait à rendre en quelque sorte plus populaire le nouveau commandement, mandatum novum, qui avait caractérisé la loi nouvelle. L’homme de l’ancienne loi attendait le Messie; l’homme de la loi nouvelle attend le ciel dont le Messie lui a ouvert les portes. La pratique des vertus prend quelque chose, pour l’ensemble des enfants de Dieu, de plus intime, de plus doux, de plus intelligent, de plus énergique à la fois. Les préceptes du Sauveur ne sauraient-être perdue, et les apôtres vont nous les montrer en action dans tous les détails de leur vie. La sainteté des apôtres est la semence de la sainteté de l’Eglise entière. Le Saint-Esprit s’est emparé d’eux, et leur vertus vont fomenter les coeurs des nouveaux baptisés à qui sera communiqué l’esprit de Dieu.
Et cet esprit de sainteté sera attiré chez les apôtres par l’esprit de prière et l’accomplissement de leur vocation; qui est la prédication de la parole. C’est pour cela que saint Pierre dira: Nos orationi et ministerio verbi instantes erimus. Heureux l’apôtre qui prêche après avoir prié et trouve dans sa prière ce qu’il doit annoncer! Il puise dans les trésors du Saint-Esprit ces richesses nouvelles et anciennes dont parle Notre-Seigneur.
II. Jésus-Christ a fondé l’Eglise. Il en est la souveraine pierre angulaire; mais cette Eglise, il l’a bâtie sur le fondement des apôtres et des prophètes. Les prophètes ont disparu, mais les apôtres dans la nouvelle alliance sont là pour continuer l’oeuvre. Le Saint-Esprit les poussera à tout travail nécessaire pour élever les murs du temple de Dieu. Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes. Voici la Jérusalem céleste avec ses pierres précieuses, qui en sont les portes: ses murs sont également formés avec des pierres rares, et ses tours sont ornées de tout de que l’Orient peut fournir de plus merveilleux en ce genre. Et ces descriptions qui s’adressent à l’imagination ne sont rien auprès de l’oeuvre divine de l’Eglise, avec sa prédication, ses lois, sa hiérarchie, son culte. Quel diamant a un éclat semblable à celui de la vérité? Quel palais est comparable à la société des âmes, sous le sceptre de Dieu? Quelle beauté peut être mise en regard de la beauté des saints? Or, le Saint-Esprit accomplit ces merveilles par l’institution de l’Eglise, où il se répand tout entier pour en être la vie, la chaleur, le lien, la paix, en répandant sur elle ses dons et ses fruits pour l’éternité.
III. Le Saint-Esprit sera dans le monde, et par les apôtres, la lumière de la prédication, et la lumière intérieure. Accende lumen sensibus, lui dira l’Eglise, et, à la place de la lumière des sens, il donnera la lumière de l’âme. Allez, hommes grossiers, ignorants des lettres humaines et de la sagesse antique des Gentils; allez, le prophète vous a vus accomplissant votre mission, in omnem terram exivit sonus eorum, et in fines orbis terrae verba eorum;. Allez aux extrémités du monde, Les Juifs ne savent pas d’où vous venez, parce qu’ils ignorent Jésus-Christ. Ils aimeront mieux supposer que vous êtes ivres d’un vin nouveau; pleni sunt musto, diront-ils. Les païens ne sauront pas jusqu’où vous porterez vos pas. C’est l’Esprit divin qui souffle où il veut, sans que personne connaisse ni son origine, ni son terme. Mais Dieu sait d’où il vient et où il veut aller, et cela suffit.
Qui eût soupçonné, le jour de la Pentecôte, que ces douze pêcheurs commençaient l’oeuvre de la conversion universelle, fondaient une société qui devait durer autant que le monde? La lumière de Dieu, telle fut l’oeuvre du Saint-Esprit. La lumière se répandit peu à peu, et l’Eglise en reçut le flambeau pour le conserver dans son éclat jusqu’à la fin du monde.
IV. Le Saint-Esprit est lumière et force; il éclaire les apôtres et les rend capables d’agir; et cette lumière ira se répandant d’âge en âge, lumen indeficiens;, parce que ceux qui la porteront auront la force divine de lui rendre témoignage. Une nouvelle sorte de grandes figures apparaît et étonne. Ce sont les martyrs. Ils persuadent moins par la parole que par le sang. Qui avait jamais vu cette passion de la vérité triomphant des supplices et de la mort? Plus tard Satan, le grand singe de Dieu, simia Dei, eut aussi ses martyrs de l’erreur; mais l’invention en appartient à Dieu, comme la preuve pour le témoignage d’un fait divin n’appartient qu’à lui.
Amour de la lumière, force dans les persécutions, soif du martyre pour rester fidèles à Jésus-Christ, tel est le caractère des apôtres, tels sont les commencements de l’Eglise. Dressez les bûchers, aiguisez les haches, ouvrez les amphithéâtres, excitez les bêtes fÉroces; les apôtres et leurs successeurs seront victorieux de tous ces combats d’un nouveau genre, où le triomphe appartient, non à celui qui persécute et tue, mais à celui qui souffre et meurt.
Tels furent les commencements de l’Eglise: ses premiers héros furent les martyrs. Quel avenir est réservé aux chrétiens? Dieu le sait. Il n’y a pas si longtemps que l’ère des martyrs a recommencé pour la France. Doit-elle encore se renouveler? Demandons à Dieu un accroissement de foi et de force, et sachons par la prière et des efforts de sainteté nous tenir prêts à tout ce que Dieu nous demandera pour la défense de l’Eglise.