- TD 7.206
- ARTICLES
- ATHANASE, PAR J. GOERRES.
- L'Université Catholique, VI, Nº 31, JUILLET 1838, P. 83-84.
- TD 7, P. 206-208.
- 1 ABSOLUTISME
1 EGLISE
1 ENNEMIS DE L'EGLISE
1 EVEQUE
1 HIERARCHIE ECCLESIASTIQUE
1 PAPE
1 PERSECUTIONS
1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
1 SOUVERAIN PROFANE
2 DROSTE-VISCHERING, CLEMENS
2 FREDERIC-GUILLAUME IV
2 GOERRES, JOHANN-JOSEPH VON
2 RESSEGUIER, ALBERT DE
3 ALLEMAGNE
3 BERLIN
3 COLOGNE
3 EUROPE
3 MINDEN
3 MUNICH
3 PRUSSE
3 SAINT-PETERSBOURG
3 VIENNE, AUTRICHE - Juillet 1838.
- Paris
Commençons par remercier le traducteur d’avoir donné à la France comme un écho de la voix si puissante qui a fait tressaillir de joie les catholiques de l’Allemagne et a troublé jusque dans son palais le persécuteur de l’archevêque de Cologne. L’auteur, en lançant l’anathème contre les menées d’une hypocrite diplomatie dont le terme a été la violence la plus inique, prouve combien, de nos jours, les efforts du pouvoir humain contre l’Eglise redoublent la force et la puissance de l’immortelle épouse de Jésus-Christ. Quelques hommes criaient que c’en était fait de la hiérarchie catholique; la Prusse protestante le crut, et son fait de la hiérarchie catholique; la Prusse protestante le crut, et son roi s’imagina qu’a lui était réservée la gloire de porter le dernier coup à un édifice ébranlé. Or voilà que l’épiscopat, attaqué tout entier dans un de ses membres, se présente au monde appuyé d’un côté sur le Pontife suprême, de l’autre sur les populations,qui battent des mains pour encourager à de nouvelles victoires un évêque captif, mais triomphant sus le poids de ses fers.
L’ouvrage de Goerres est divisé en deux parties. La première, consacrée à l’histoire des persécutions de la Prusse contre l’Eglise en général et en particulier contre l’illustre prisonnier de Minden, nous révèle tout ce qu’il y a de perfidie dans les plans d’un cabinet protestant pour arracher à plusieurs millions de catholiques la foi de leurs pères. L’Université ayant déjà consacré deux longs articles à la révélation de ces projets, nous n’y reviendrons pas. La seconde partie de l’Athanase offre une appréciation de l’état actuel du catholicisme en Allemagne et les vues plus profondes sur son avenir en Europe.
Nous ne saurions trop recommander ces pages éloquentes à ceux qui veulent se faire une idée de la puissance réelle de l’Eglise et des prétentions si inconcevables de ses ennemis. C’est qu’un grand combat déjà commencé va devenir de plus en plus acharné. D’une part, tout ce qu’il y a de force entre les mains des rois qui, n’étant pas assez instruits par la grande voix des révolutions, s’étonnent encore qu’on leur résiste; de l’autre tout ce qu’il y a de faiblesse dans la tête de quelques vieillards que le monde appelle évêques depuis dix huit cents ans. Il est vrai que contre les baïonnettes ils peuvent aujourd’hui opposer la protection de Dieu et l’amour des peuples. Oui, les peuples eux-mêmes, qui un moment les avaient regardés avec méfiance, parce qu’ils les avaient vus s’incliner quelquefois trop profondément devant la puissance de l’homme, les peuples retrouvent, dans leurs évêques, leurs protecteurs nés, et se groupent autour d’eux pour les défendre et leur rendre avec reconnaissance la protection qu’ils en reçurent autrefois.
Voici donc où en sont les deux camps: l’épiscopat, la vérité et les peuples dans l’un; dans l’autre, les rois et la force: de quel côté pensez-vous que Dieu jettera la victoire? Et quand nous montrons les rois opposés à l’Eglise, ce n;est pas sans regret. Mais où sont aujourd’hui en Europe les vrais représentants du pouvoir royal? n’est-ce pas à Berlin,à Vienne, à Pétersbourg? et n’est-ce pas de Vienne et de Pétersbourg que sont partis les plus grands encouragements à la conduite du cabinet de Berlin.
Nous ne nous faisons pas illusion non plus: tous les peuples n’ont pas encore applaudi à la résistance de l’archevêque prisonnier; mais on sent assez combien sa cause est populaire, et combien tous les jours elle doit gagner de partisans. Aussi loin de gémir sur sa captivité, la croyons-nous bonne et pour lui et pour le troupeau dont il est un des premiers pasteurs. Qu’a perdu l’Eglise dans les persécutions? Elle a toujours usé la hache de ses bourreaux. Ne craignez rien pour elle: les fers qu’elle a reçus et brisés furent toujours sa plus belle [parure, et ce ne sera pas aujourd’hui que les châines dont on veut l’accabler la réduiront à un esclavage éternel.