- DR04_232
- 1948
- DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 232
- Orig.ms. ACR, AE 156; D'A., T.D. 25, n. 156, pp. 127-128.
- 1 BULGARES
1 CLERGE BULGARE
1 GRECS
1 MISSION DE BULGARIE
1 RETOUR A L'UNITE
1 SANTE
1 VOYAGES
2 ARABADZIJSKI, PIERRE
2 BRUNONI, PAOLO
2 FAVEYRIAL, JEAN-CLAUDE
2 GALABERT, VICTORIN
2 HASSOUN, ANTOINE
2 LAVIGERIE, CHARLES
2 MALCZYNSKI, FRANCOIS
2 PERNET, ETIENNE
2 PETETOT, LOUIS-PIERRE
2 SOUBIRANNE, PIERRE
3 BULGARIE
3 FRANCE
3 ROME
3 SLIVEN
3 SVISTOV - AU PERE FRANCOIS PICARD
- PICARD François aa
- Constantinople, 23 mars 1863.
- 23 mar 1863
- Constantinople
Mon cher ami,
J’ai à vous écrire aujourd’hui beaucoup de choses. Premièrement, j’ai reçu de vous, deux lettres à la fois; ce qui fait qu’ayant cru devoir peu écrire la première semaine, ayant commencé la seconde, ayant manqué le courrier la troisième, ayant enfin écrit à temps la quatrième, je suis resté un mois sans savoir ce que vous vous proposiez de devenir. Il paraît que vous ne devenez pas fort, ce dont je ne vous fais pas mon compliment, puis que vous ne pouvez guère travailler. Le P. Pernet, à ce qu’il paraît, n’est pas fort non plus, ce qui fait que nous sommes tous faibles.
Vous dirai-je que je crois très peu à tous les projets des Grecs? Ce sont de vraies canailles, et pas autre chose. Quant aux Bulgares, ils ne valent pas mieux, et peut-être encore moins. On avait fait grand bruit d’une disposition au retour à l’union de l’éparchie de Sliven. On m’a reproché d’avoir parlé avec énergie aux députés qui étaient venus me trouver, (je n’avais parlé ainsi que sur les ordres de Mgr Brunoni). Savez-vous ce qu’on a découvert? C’est qu’ils voulaient venir à l’union, parce que leur évêque leur réclamait 120.000 piastres, c’est-à-dire de 25.000 à 30.000 F. Ce matin, c’est l’éparchie de Svistov(1) qui s’ébranle. Elle veut se rapprocher, sans faire aucune abjuration, uniquement pour avoir un patriarche, avec lequel ils se sépareront, quand ils l’auront. Le malheur est qu’un Lazariste(2), heureusement, le seul de sa Congrégation, esprit faux s’il en fût, prétend conduire le mouvement mieux que qui que ce soit. Il leur fait les concessions les plus ultra-gallicanes qui se puissent voir, les dispense de toute abjuration et les pousse à cette séparation lamentable par l’entêtement avec lequel il résiste à Mgr Brunoni, à Mgr Hassoun et à l’unanimité du reste du Conseil formé pour l’oeuvre de la Bulgarie. Tous les hommes un peu au courant, et dans le Conseil, et hors du Conseil, sont du même avis. Il faut former un clergé et pour cela élever des enfants. Or, il faut les élever à Rome ou en France. Je tiens énormément pour la France. Je dirai pourquoi dans le Comité des Ecoles d’Orient.
Voilà M. Lavigerie évêque. Qui sera directeur de l’Oeuvre? Sera-ce M. Soubiranne? Que pense le P. Petétot? Il paraît désirer, d’après votre billet, que j’aille en Bulgarie. Le P. Galabert la parcourt avec M. Malczinski, celui qui va remplacer M. Arabajinski, comme chef des Bulgares. Les lettres du P. Galabert ne sont que la confirmation de ce que tout le monde répète, c’est que tous les chefs bulgares sont des voleurs criblés de dettes et qui veulent s’emparer de la caisse du clergé pour remplir leurs poches; que le peuple est bon, mais de l’ignorance la plus incroyable; qu’il accepte sans difficulté le titre de catholique que les chefs ne veulent pas, (dans le projet de réunion de Svistov(1) on ne parlait que de l’Eglise orientale orthodoxe); enfin, que le peuple fera la demande par écrit de Malczinski pour chef, ce dont les meneurs ne voulaient pas entendre parler, parce qu’il est intelligent et ferme.
Si l’on tient à ce que j’aille en Bulgarie, qu’on m’expédie une dépêche télégraphique avant le mardi de Pâques; sans quoi, je m’embarque pour Rome la conscience parfaitement formée et prêt à répondre à toutes les questions.
Adieu, cher ami. Tout à vous du fond du coeur.
E.D'ALZON.2. Le P. d'Alzon parle du P. Faveyrial.