DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 219

11 mar 1863 Constantinople SAUGRAIN Hippolyte aa

Constantinople. – Les Bulgares. – Le P. Galabert et Guizard sont partis pour la Bulgarie. – Varia.

Informations générales
  • DR04_219
  • 1936
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 219
  • Orig.ms. ACR, AK 44; D'A., T.D.33 n. 54, pp. 31-32.
Informations détaillées
  • 1 BULGARES
    1 DISTINCTION
    1 PREDICATION
    1 RETOUR A L'UNITE
    1 SEMINAIRES
    1 VENTES DE TERRAINS
    1 VOYAGES
    2 ABRIC, PHILIPPE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BARAGNON, NUMA
    2 BARNABO, ALESSANDRO
    2 BRUYERE, MARCEL
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 DU LIMBERT, HENRI-FRANCOIS
    2 DUMAZER, ALEXIS
    2 ENREGLE, MICHEL
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GRANCOLAS, JOSEPH
    2 GUIZARD, LOUIS
    2 MAURAIN, JEAN
    2 MOUSTIER, MADAME LIONEL DE
    2 SOUSTELLE, FERDINAND
    3 BULGARIE
    3 CONSTANTINOPLE
    3 GARD, DEPARTEMENT
    3 VIGAN, LE
  • AU PERE HIPPOLYTE SAUGRAIN
  • SAUGRAIN Hippolyte aa
  • Constantinople, 11 mars 1863.
  • 11 mar 1863
  • Constantinople
La lettre

Cher ami,

Il fait scirocco. C’est vous dire que tout le monde a mal de tête à C[onstantino]p[le] et envie de donner des coups de poing à son prochain. C[onstantino]p[le] est un immense village, plus sale qu’immense, plein de cancans et de tripotages, tous plus extraordinaires les uns que les autres. Si vous entendez dire que le Sultan vous a donné une décoration, n’en soyez pas surpris; qu’il vous a nommé grand-vizir, n’en soyez pas surpris, etc…

Ce que sont les Bulgares? Des Bulgares dans toute la force du mot, Mais une force que nul ne peut assez dire. Et pourtant il est impossible de ne pas voir ici le germe de très admirables choses qu’il me paraît très important de favoriser. L’ébranlement se fait sentir partout. Il faudra que tôt ou tard la chute de cette intrigue photienne se réalise. Je persiste dans mes idées de vendre le Vigan. Ainsi tâchez de préparer la chose avec Philippe. Il faudrait que ce fût fait d’ici à un an.

Le P. Galabert est parti hier avec Guizard pour la Bulgarie. Guizard est ravi de son voyage. Si ce garçon avait un peu étudié l’italien, il eût pu tirer un parti prodigieux de son séjour en Orient. Toutes les plus importantes questions ont été agitées devant lui et chaque jour il voyait des personnes nouvelles lui dire de nouvelles choses. Ah! si [le] Fr. Michel(1) avait le sens commun, les belles choses qu’il pourrait faire ici!

Dites au Fr. Alexis(2) qu’il me fait l’effet de devenir de plus en plus très mauvais sujet. Le P. Galabert a d’autres chats à fouetter que de donner des leçons; il est un objet de suspicion, de jalousie, de prévention, de protestation de la part des Bulgares. J’avais espéré qu’à cause de sa tenue on l’accepterait sans peine. Figurez-vous qu’ils le trouvent encore trop propre.

Tout à l’heure, avant mon grand sermon, je vais en faire un tout petit chez l’ambassadrice (3); demain j’en ferai un autre aux Enfants de Marie des Dames de Sion. Voilà mes futurs faits et gestes de la semaine. Veuillez faire dire aux religieuses de l’Hôtel-Dieu de vous remettre une seconde demande, supposé que le P. Bailly ait perdu la première. Il se hâtera de leur faire expédier ce qu’elles désirent. Quant à la réponse favorable, elle n’est pas douteuse. Savez-vous que si le card[inal] Barnabo fait avoir le passage gratuit à ce cher petit Père Bailly, je le fais venir passer quinze jours à C[onstantino]p[le] pour m’aider de ses conseils?

Adieu, bien aimé fils. Si l’on vous demande de mes nouvelles, dites que je vais bien et que les gens qui voudront fonder des bourses pour un séminaire patriarcal de C[onstantino]p[le] me feront grand plaisir. Veuillez dire à M. Grancolas(4) que l‘Opinion du Midi est bien peu aimable de ne pas m’avoir envoyé un seul de ses numéros, après toutes les promesses qu’on m’avait faites. Aussi n’aura-t-on de moi aucune nouvelle politique, quoique j’en aie les mains pleines.

Adieu une deuxième fois.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Michel Enrègle, novice.
2. Alexis Dumazer.
3. Madame Lionel de Moustier.
4. A la suite de démêlés avec l'administration, l'*Opinion du Midi* avait reçu deux avertissements du préfet du Gard, dont l'un pour la lettre du P. d'Alzon publiée le 2 janvier, et s'était vu retirer les annonces légales. Cette sanction la mettait dans une situation financière difficile. Aussi Numa Baragnon, rédacteur-gérant des *Annales Catholiques de Nîmes*, et ses collaborateurs, dont l'abbé Grancolas, décidèrent-ils d'arrêter la publication de leur mensuel après son 12e numéro (du 20 janvier 1863), dans l'espoir que l'intérêt de leurs lecteurs se reporterait sur la tri-hebdomadaire *Opinion du Midi*, à laquelle ils collaboraient déjà. Ils trouvaient d'ailleurs que les *Annales*, où ils ne pouvaient aborder les questions politiques du moment, ne leur offraient pas une tribune suffisante (Lettre de N. Baragnon aux lecteurs des *Annales* du 3 mars 1863). Mais dès le mois d'avril, l'*Opinion* se trouvant sous la menace d'un troisième avertissement qui aurait entraîné sa suppression, son gérant, M. Soustelle, dut demander à Baragnon et aux abbés Grancolas et de Cabrières de cesser leur collaboration à son journal (MAURAIN, p. 652; M. BRUYERE, *Le Cardinal de Cabrières*, pp. 44-45, Paris, 1956).