- DR04_045
- 1759
- DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 45
- Orig.ms. ACR, AD 1299; D'A., T.D. 23, n. 709, pp. 54-55.
- 1 BIENS DES D'ALZON
1 CAPITAUX EMPRUNTES
1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
1 COLLEGE DE NIMES
1 FONDATIONS
1 SOUCIS D'ARGENT
2 PICARD, FRANCOIS
2 WISEMAN, NICOLAS
3 CLICHY-LA-GARENNE
3 LONDRES
3 VIGAN, LE - A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- Nîmes, le 30 mars 1862.
- 30 mar 1862
- Nîmes
- Evêché de Nîmes
Ma chère fille,
Je vous réponds bien vite, selon votre désir. Je vous demande mille pardons de vous avoir fait de la peine dans mon premier billet, en réponse à la lettre qui a précédé celle où vous m’expliquez au long vos projets. Il y a un malentendu, qui, je l’espère, cessera aisément. Quand vous me parlâtes l’été dernier d’un emprunt, vous le montrâtes comme nous étant avantageux à nous religieux. J’avoue que je ne le vis pas ainsi, et je chargeai le P. Picard de vous dire que si vous désiriez que je fisse q[uel]q[ue] chose pour vous être agréable, j’étais tout prêt, mais qu’il faudrait laisser de côté la question de notre utilité personnelle(1). Vous ne m’avez rien répondu ou fait répondre, et alors j’ai annoncé à nos religieux qu’au prochain Chapitre nous traiterions la question de ma fortune et de l’emploi à en faire, quelques-uns tenant énormément à ce que je ne vende pas.
Quant à vous donner tout de suite l’argent, ce me serait impossible, vous le savez bien, puisque je n’en ai pas. Mais ce que je puis faire, c’est au Chapitre prochain de proposer que l’on mette à votre disposition ce qui nous reviendra de Clichy, une fois toutes les dettes payées. Je suis, pour ce qui me concerne, très désireux de vendre les terres du Vigan, et je le ferai dès que j’en aurai la possibilité; mais tout le monde trouve que, d’ici à trois ou quatre ans, cette propriété augmentera d’environ 100.000 fr. par le chemin de fer qui va la traverser. Vendre immédiatement serait impossible; emprunter sur hypothèque serait ébranler le crédit dont nous avons besoin pour nous présenter aux actionnaires, au mois d’avril prochain, afin de faire renouveler la société du collège pour cinq ou dix ans. Voilà pour la question d’argent.
Quant à l’utilité pour nous d’un établissement à Londres, en y réfléchissant je le trouve très grand, si nous avions des sujets(2). Mais en aurons-nous? Je crois que oui, si nous y mettons un peu de bonne volonté. Il me paraît qu’il nous en arrive ici. Peut-être me fais-je illusion, mais de quelque temps encore c’est une chose difficile à traiter. Enfin la question de délicatesse vis-à-vis des Pères du Saint-Sacrement doit être jugée bien mieux par vous que par moi. Il ne faudrait pour rien au monde les blesser, si vous leur avez fait des avances(3); mais c’est vous plus que moi qui êtes en mesure de savoir jusqu’à quel point vous vous êtes avancée.
Je me résume en vous conjurant de permettre que la question d’argent soit différée jusques à notre Chapitre, quelque désir que j’aie, du moment qu’il s’agit de vous être bon à q[uel]q[ue] chose, de vous dire oui tout de suite.
Adieu, ma fille. Je vous conjure de ne pas vous susceptibiliser de mes défauts. Vous savez bien que j’en suis plein. Pourquoi procédez-vous avec moi comme si j’étais parfait? Je vous écris, malgré un très violent mal de tête, mais je suis bien aise de vous montrer au moins toute ma bonne volonté à vous répondre vite.
E.D'ALZON.2. "Puis-je *vous* offrir au Cardinal?" demandait Mère M.-Eugénie.
3. Voir *Lettre* 1756, n. 1.