- T2-526
- 1106
- Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.526
- Orig.ms. AC P.S.A.; D'A., T.D. 34, n. 10, pp. 61-62.
- 1 AMOUR DU CHRIST
1 AUGUSTIN
1 DIRECTION SPIRITUELLE
1 DOUCEUR
1 FRANCHISE
1 HUMILITE
1 ORAISON
1 PENITENCES
1 VIE SPIRITUELLE
1 VOEU DE PAUVRETE
2 FRANCOIS D'ASSISE, SAINT
2 FRANCOIS DE SALES, SAINT
2 THERESE, SAINTE
3 HERAULT, DEPARTEMENT
3 MONTAGNAC - A MADAME DOUMET
- DOUMET_MADAME
- 18 sept[embre 18]58.
- 18 sep 1858
- Lamalou,
Ma chère fille,
Puisque j’ai commencé à vous secouer un peu, je veux profiter du temps que j’ai ici pour vous parler encore. Vous avez été surprise de toutes les questions que je vous ai faites, voici pourquoi je vous les ai adressées.
Quand une âme se donne à Dieu, elle est poussée dans une des trois dispositions suivantes: ou Dieu, en l’attirant à lui, lui demande quelque vertu particulière, comme la pauvreté à saint François d’Assise, la douceur à saint François de Sales, l’oraison à sainte Thérèse, etc.; ou il lui ferme les yeux et lui fait comprendre qu’elle doit avancer dans le dur chemin de la foi nue; ou bien il l’attire à lui d’une manière générale, la menant au jour le jour, selon la générosité de ses efforts. Je voulais savoir quelle était celle de ces trois dispositions qui se rapprochait le plus de la vôtre, car elles ne sont pas toujours aussi absolument tranchées que je viens de le dire, et il y a une foule de nuances dont il faut tenir compte.
D’autre part, cette difficulté que vous avez à me répondre sur plusieurs points ne m’étonne pas, elle tient à plusieurs causes: ou bien vous entrez comme dans un monde nouveau, dont vous ne distinguez pas encore bien les détails; ou bien vous n’avez pas encore assez l’habitude de vous analyser; ou bien encore avez-vous comme une sorte d’étonnement en face de toutes ces études qu’il faut faire sur soi, et éprouvez-vous comme une surprise de ce que l’on veuille vous faire dire ce que vous avez au fond du coeur. Remarquez que ceci n’inculpe en rien votre franchise et votre ouverture de coeur, qui est très grande, mais c’est à la fois une ignorance de vous-même et un étonnement qui fait qu’on est obligé de vous donner du temps. Je vous le donnerai, soyez-en sûre; seulement ne le perdons pas. Qui veut avancer dans la vie intérieure doit se recueillir, et, pour y arriver, doit mortifier ses sens. Procédons avec ordre. Un des plus grands obstacles au recueillement, c’est la vue. Eh bien! pour mortification, d’ici à mon retour, je vous ordonne de regarder le moins possible, sauf la surveillance à exercer sur vos enfants. Vous regarderez peu, surtout dans les rues; vous vous priverez de fixer les yeux sur ce qui vous ferait plaisir. Je tiens absolument à ce que nous commencions par là(1).
Votre lettre d’avant-hier m’arrive aujourd’hui dimanche(2). Entrez, ma chère fille, dans les dispositions que vous me dites avoir, Dieu fera le reste. Soyez petite, humble paisible au pied de la croix, et aimez beaucoup Notre-Seigneur.
Adieu, mon enfant. Je vous mets sous la protection de Notre-Dame des Sept Douleurs, dont c’est aujourd’hui la fête, et je vous bénis du fond du coeur.
E. D’ALZON.
Ecrivez-moi à Montagnac (Hérault).
Madame Doumet.
E.D'ALZON2. Dimanche, 19 septembre. La lettre peut être antidatée.