Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.496

20 aug 1858 [Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il lui ménage à Nimes des rentrées d’argent. – Le Fr. Cusse accepte d’aller à Rethel; il n’ira pas à Paris.

Informations générales
  • T2-496
  • 1079
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.496
  • Orig.ms. ACR, AD 1134; D'A., T.D. 22, n. 511, pp. 164-165.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE CLICHY
    1 DONATIONS
    1 NOMINATIONS
    1 ORDRES SACRES
    1 PENSION VIAGERE
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 SUCCESSIONS
    1 SUPERIEUR DE COMMUNAUTE
    2 BRUN, HENRI
    2 CHAINE, VINCENT
    2 COIRARD, MIRRA
    2 CUSSE, RENE
    2 JOURDAN, RAPHAEL
    2 LAURENT, CHARLES
    2 PERNET, ETIENNE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 REVOIL, HENRI-ANTOINE
    2 SABEN
    2 SABEN, MADEMOISELLE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 GENEVE
    3 PARIS
    3 RETHEL
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le] 20 août [ 18]58.
  • 20 aug 1858
  • [Nîmes,
La lettre

Ma chère fille,

Je sors de chez Mlle Saben. Il serait très possible que, d’ici à un mois, elle pût vous remettre près de 40.000 francs. Les voudriez-vous à fonds perdu, avec une petite pension viagère en cas de mort à payer à un oncle et à son père, qui me font l’effet d’avoir de 70 à 80 ans, et peut-être plus? Tout cela n’est pas encore sûr. Cependant elle vient de me dire sur tous les tons qu’elle veut que je dispose de son argent comme je l’entendrais. Notez qu’il n’est plus question de la loger. Cet embarras est écarté. Il faut se hâter; elle sent qu’elle n’a pas longtemps à vivre. Cette nuit encore, elle a failli mourir, et elle veut que son argent serve pour de bonnes oeuvres.

Je viens de dire la messe au prieuré. Mlle Coirard y est venue. On lui promet, d’ici à six mois, à peu près 8.000 francs. Maintenant elle en veut en fonds perdu 8 pour 100 pour elle, et, en cas de mort, 6 pour 100 pour sa tante qui a, je crois, 75 ans. Qu’en pensez-vous? Cela me paraît peu avantageux.Toutefois, si la tante meurt, Mlle Coirard vous viendra. J’ai peur que ce ne soit un embarras plus que toute autre chose. Cette bonne fille me fait l’effet de se racornir considérablement. Avant la messe, j’étais allé visiter vos constructions, je suis réellement content. La seule personne contre qui je peste un peu, c’est M. Revoil, mais je vais chez lui dans cinq minutes.

Vous vous demandez peut-être pourquoi, pouvant disposer de la fortune de Mlle Saben, de Mlle Saben, je n’en dispose pas pour moi. Je vous expliquerai cela plus tard. Je ne vous fais qu’une demande, c’est qu’à Clichy on ne sache pas ces arrangements(1).

Le P. Cusse, que j’ai laissé libre de ne pas aller à Rethel, accepte d’assez mauvaise grâce, mais il accepte. Je vais, pour le consoler, lui expédier ses dimissoires(2). Ma pensée serait de le nommer supérieur l’an prochain, et de retirer le P. Picard, en lui donnant le Fr. Raphaël et le Fr. Vincent, à qui il peut faire faire une bonne théologie. Enfin, nous verrons(3).

A l’instant, je reçois votre lettre. La difficulté est levée, puisque le Fr. Cusse m’a écrit hier soir qu’il acceptait. Croyez, ma chère fille, que dans cette circonstance le P. Laurent était un peu, sinon beaucoup, d’accord avec le Fr. Cusse. Le P. Brun peut fort bien retourner à Clichy, et quoi qu’on en dise, il peut être encore utile(4).

Adieu, ma fille. Je partirai pour Paris sans difficulté, si je ne voyais, par la lettre du Fr. Cusse, l’obstacle levé.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. D’ ALZON.

Cusse m’a bien proposé: P. Picard supérieur, P. Hippolyte économe. Or, le P. Hippolyte a bien été surveillant et préfet de discipline du P. Picard, comme le Fr. Cusse son professeur, et a même difficulté [mot illisible](5).

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1."Il ne m'est pas tombé dans la tête, écrira Mère M.-Eugénie le 23 août, de me demander pourquoi vous le faisiez,pour nous plutôt que pour vous, parce qu'il me semble que c'est la même chose, et qu'ensuite nous pourrons d'une façon ou d'autre aider à des choses qui soient avantageuses à la Congrégation".
2. Pour le diaconat et la prêtrise.
3. "Je n'ai pas revu le P. Laurent, écrira Mère M.-Eugénie, le 23 août; il va s'effrayer d'être bien seul pour soutenir Clichy. Il me paraît fabuleux, ajoute-t-elle, que vous puissiez faire un jour du Fr. Cusse un supérieur de religieux".
4. Le P. Brun faisait alors un séjour de vacances à Nîmes. Le P. d'Alzon savait de divers côtés qu' il avait pas réussi auprès des élèves de Clichy comme préfet de discipline et l'orientait, un peu pour cela et sur sa demande, vers un ministère de prédications en pays protestant. En attendant que se fasse la fondation de Genève, il le garde en réserve, soit pour revenir à Clichy comme économe, à la place du P. Pernet, soit pour être à Rethel un appui et un soutien auprès du P. Picard, dont il veut ménager la santé.
5. La suppléance peut se déduire de ce passage de la lettre de Mère M.-Eugénie, écrivant le 19 août au P. d'Alzon: "Le Fr. Cusse n'est pas le seul à avoir répugnance à se trouver sous le P. Picard; le P. Brun lui-même a dû être ménagé en cela".