- T2-445
- 1033
- Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.445
- Orig.ms. ACR, AD 118; D'A., T.D. 22, n. 494, pp. 143-144.
- 1 COLLEGE DE CLICHY
1 COLLEGE DE NIMES
1 DETACHEMENT
1 INTEMPERIES
1 MAISONS D'EDUCATION CHRETIENNE
1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
1 RENVOI D'UN ELEVE
1 RETRAITE SPIRITUELLE
1 VENTES DE TERRAINS
1 VOIE UNITIVE
1 VOLONTE DE DIEU
1 VOYAGES
2 BRUN, HENRI
2 CABRIERES, ANATOLE DE
2 CAUSSETTE, JEAN-BAPTISTE
2 HANNESSE, PIERRE-NAPOLEON
2 MARTIN, FRANCOIS-DENIS
2 PICARD, FRANCOIS
3 CLICHY-LA-GARENNE
3 GENEVE
3 LONDRES
3 MONTAUBAN
3 MONTMORILLON
3 NIMES
3 PARIS
3 POITIERS
3 RETHEL
3 TOULOUSE - A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- 14 mai [18]58.
- 14 may 1858
- Lamalou,
Ma chère fille,
Je suis le premier à troubler votre retraite, et pourtant je souhaite bien que vous vous y sanctifiiez. Voyons, procédons avec ordre. J’ai à vous parler de trois choses: du noviciat, de M. Hannesse et de vous.
Quant au noviciat, je vous promets bien de faire toutes les observations que vous me présentez, et c’est pour cela que je tiens à ce que M. Martin vienne faire son noviciat à Nîmes, et non pas à Genève auprès du P. Brun, comme il paraît le désirer. C’est pour cela encore que je vais à Toulouse, afin de voir le P. Caussette. Si vous croyez nécessaire que j’aille à Paris maintenant, écrivez-moi sous le couvert du P. Caussette, Maison du Calvaire, à Toulouse; j’y serai mardi soir(1). Toutefois, je ne voudrais pas trop m’absenter de Nîmes. L’abbé de Cabrières a chassé deux élèves pendant mon absence, et cela fait crier. Je pourrai aller à Paris au mois de juillet. Serez-vous de retour?(2) Peut-être aussi ferai-je bien, en allant à Paris par Montauban, de passer par Poitiers; mais encore une fois, le boulet de Nîmes me pèse bien.
Quant au collège de Rethel(3), le P. Picard ne me dit pas un mot des conditions auxquelles on le confierait. Un motif, secondaire sans doute mais qui me fait pencher pour Poitiers, serait la facilité de visiter Montmorillon, en passant par Toulouse, et aussi la pensée de vous attirer, un jour, du monde de ces pays. Mais il faut vendre aussi Clichy, et Clichy va être, même fermé, une terrible épine, jusqu’à ce qu’il soit vendu.
Quant à vous, ma chère fille, tout ce que vous me dites est si clair pour moi que j’en suis épouvanté. Votre âme reproduit l’écho de tout ce qui retentit dans la mienne, et c’est d’une conversation à deux qu’il s’agit. Tout ce que vous sentez, je le sens on ne peut plus fortement(4). Dieu nous pousse, et c’est pour cela qu’il faut nous voir. Une correspondance ne peut pas éclaircir ce qu’il faut examiner pour donner tout ce que Dieu veut, sans dépasser les bornes posées par lui-même. Je n’ose pas dire que cette partie de votre lettre m’intéresse autant et plus que tout le reste, parce que je suis convaincu que si, à nous deux, nous nous mettions entièrement dans la voie où Dieu nous veut, tout autour de nous changerait de face. Voilà ce que je puis vous dire aujourd’hui.
Je m’arrête, parce que le temps est à l’orage et que ma tête veut du repos. Adieu, ma fille. Croyez que jamais je n’ai été plus vôtre qu’après ce que vous me dites de votre intérieur.
E. D’ALZON.
Madame la supérieure de l’Assomption.
E.D'ALZON2. Mère M.-Eugénie devait partir pour Londres le 8 ou le 10 juin. Elle quitta Paris le 6 et y fut de retour le 26 juin.
3. C'est parla lettre de Mère M.-Eugénie, du 11 mai, que le P. d'Alzon a su que le collège proposé se trouvait à Rethel.
4. "C'est à un état de séparation et de pureté en toutes choses que je suis ainsi poussée, écrivait Mère M.-Eugénie, le 12 mai; et ne pouvant me séparer effectivement des créatures, étant même souvent surchargée de rapports avec elles et d'affaires de ce monde, je trouve difficile de correspondre à ce qui m'est montré intérieurement. Cependant, je vois à l'oraison que tout ce qui est de l'ordre de la volonté de Dieu, bien loin de m'empêcher de m'unir à lui, est le moyen même de cette union, si je le prends bien. Alors, je vois là l'importance qu'il y a pour moi à n'avoir pas de volontés ni grandes ni petites, et à prendre toutes les volontés de Dieu, par le motif qu'elles sont siennes; être souple, et là encore, sans attachement. Servir Jésus avec respect et lui obéir en tout avec soin, parce qu'il est mon Dieu; l'aimer, me confier à lui, tâcher de lui apporter toutes les délicatesses du coeur, parce qu'il m'aime; travailler à me purifier en toutes mes actions et mes pensées; aller droit à Dieu à cause de sa pureté infinie: voilà les pensées qui me touchent le plus".