Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.365

16 nov 1857 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Certes, il a répété quelques propos du P. Ceslas Loyson. -Mais il a cru devoir protester contre son attitude vis-à-vis de l’Index. -De plus, il n’est pas le seul à se plaindre de ses légèretés. -L’affaire des souscriptions.

Informations générales
  • T2-365
  • 954
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.365
  • Orig.ms. ACR, AD 96; D'A., T.D. 22, n. 466, pp. 117-118.
Informations détaillées
  • 1 CLERGE NIMOIS
    1 COLERE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONGREGATIONS ROMAINES
    1 CONTRITION
    1 DEFICITS
    1 FOI BASE DE L'OBEISSANCE
    1 INDEX
    1 PIETE
    1 PREDICATION
    1 PROFESSION TEMPORAIRE
    1 SCANDALE
    1 SOUSCRIPTION
    1 UNIVERSITES D'ETAT
    2 ALAUZIER, MADAME D'
    2 AMOUROUX, ADOLPHE
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 BARRE, LOUIS
    2 BRIGNAC, RAYMOND DE
    2 BRUN, HENRI
    2 CAMBON, MADAME
    2 CAVALIER
    2 CAVALIER, MADAME
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 FABRE, JOSEPHINE
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 HOWLY, MARIE-WALBURGE
    2 JANDEL, VINCENT
    2 LOYSON, HYACINTHE
    2 LOYSON, MARIE-COLOMBE
    2 LOYSON, THEODORE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 PLEINDOUX, AUGUSTIN
    2 SINGLA, ESPRIT
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 ROME
    3 SUMENE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 16 nov[embre] 1857.
  • 16 nov 1857
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Il m’est très facile de répondre à ce que l’on me prête au sujet du P. Loyson(1). J’ai répété plusieurs fois (deux ou trois fois) son mot sur les Jésuites, et je vous avoue que le remords que j’en ai eu n’a pas été précisément à l’égard du P. Loyson, mais à cause des Jésuites eux-mêmes. A moins que le P. Ceslas ne s’y oppose, je suis homme à le répéter encore. Du reste, vous pouvez assurer [à] ce bon jeune Père qu’il n’y a pas quinze ou vingt jours encore, j’ai fait l’éloge de sa piété et de son esprit de foi. Vous pouvez ajouter que j’ai raconté deux ou trois fois la scène que lui et son frère me firent, le jour de la profession de leur soeur, au sujet du sermon qu’aucun des deux ne voulait prêcher(2). Mais si c’est là de la malveillance, j’avoue être très coupable sans m’en douter.

L’affaire de l’Index est plus grave, et je vous déclare très net que j’en ai été très blessé, à cause de l’effet qu’elle a pu produire sur l’esprit de l’évêque de Nîmes. S’il veut faire des plaisanteries sur ces choses-là, avec ses confrères, libre à lui! Mais je ne veux pas que de pareils faits [se] passent chez nous sans protestation, et j’ai très énergiquement protesté. Mais je ne suis pas le seul, car la manière dont la chose a été dite prouve qu’il ne voulait pas en faire un secret. Tant pis pour lui, si d’autres en ont parlé!

Du reste, il y a plus de deux mois, je chargeai Soeur M.-Walburge de vous écrire qu’à Montpellier il avait causé de vrais scandales en recevant de très jeunes personnes dans sa chambre, tandis qu’il était au lit, et par certains propos. La femme de M. Cavalier, le grand ami des Dominicains à Montpellier, a signifié à son mari qu’elle quitterait son salon, si jamais le P. Ceslas y remettait les pieds. Les prêtres de l’évêché (ici) l’ont jugé un homme sans consistance. A Nîmes, sauf le docteur Pleindoux(3), il a eu peu d’admirateurs. A Montpellier, il a été surtout suivi par la Faculté des sciences et de médecine. Le monde chrétien l’a lâché. M. Barre est parti pour Rome, courroucé contre lui et indigné de ce qu’on lui a dit de ses légèretés. Un prêtre m’a engagé à en écrire au P. Jandel(4), ce que je n’ai pas voulu faire; mais que M. Barre lui ait parlé, je n’en serais pas surpris. Nous nous sommes étonnés, tous les deux, que le membre d’un Ordre, qui a l’honneur de fournir à l’Eglise le commissaire du Saint-Office et le secrétaire de l’Index, parlât comme il le faisait. Je n’ai jamais dit un mot, sauf à Soeur M.-Walburge, de ce que des gens très sérieux de Montpellier m’ont dit de ses légèretés; mais j’ai parlé très fortement de ses propos sur l’Index, et si l’occasion s’en présente, j’en parlerai encore. De quoi se plaint-il? Il s’en vante lui-même; seulement il s’applaudit de ce qui nous a révoltés. Si le P. Ceslas m’écrit, je répondrai dans le sens que je viens de vous dire(5).

Je passe à autre chose. L’abbé Barnouin m’avait dit que la souscription était à peu près couverte. Heureusement Durand m’a prévenu; il manque 50.000 francs, sur lesquels on compte parfaire ce soir 10.000 francs à peu près. Il faudrait faire écrire par le P. Picard ou Brun à Singla, Amouroux, de Brignac(6). J’ai parlé à Mme d’Alauzier. Je crois que vous pouvez compter sur une dizaine de mille francs de Joséphine Fabre. Je devais aller aujourd’hui à Montpellier; j’aurais parlé à Mme Cambon et au curé de [sic](7).

Il est inutile de nommer M. Barre et M. Cavalier à M. Loyson; mais j’ai voulu vous citer des amis des Dominicains.

Notes et post-scriptum
1. Le P. Ceslas Loyson, Dominicain. -"J'ai un vrai chagrin ces jours-ci, écrivait Mère M.-Eugénie, le 14 novembre. Deux choses qui ont l'air de venir de vous, ont été reprochées au P. Ceslas par ses supérieurs. L'une est la plaisanterie qu' il a faite sur les Jésuites, le jour de la profession de sa soeur, devant vous, moi et son frère: *qu'il y avait entre eux et lui un empêchement d'honnêteté publique*. La seconde chose est ce que vous m'aviez raconté et que vous saviez par le secrétariat: qu'il avait dit à l'évêque de Nîmes qu'ayant reçu une permission de l'Index pour les livres défendus, il l'avait renvoyée. Il ne vous attribue pas cette seconde chose; mais moi qui sais que vous l'avez dite, j'ai eu le coeur tout serré de la pensée que vous auriez volontairement ou involontairement prêté des armes aux ennemis d'un ami si dévoué de notre Congrégation. Dites-moi ce qui en est. Si dans la suite il y avait lieu, seriez-vous en situation d'écrire au général pour lui dire dans quels termes innocents et naturels la plaisanterie a été faite; car, après tout, nous en avons tous dit ce jour-là autant que lui [...] Quant à l'affaire de l'Index, c'est à un de ses Pères, avec qui il est lié et qui avait demandé cette permission pour lui, qu'il a fait la plaisanterie de la renvoyer en lui répondant qu'il n'en avait pas besoin". (Voir *Lettre* 829, note 2).1. Le P. Ceslas Loyson, Dominicain. -"J'ai un vrai chagrin ces jours-ci, écrivait Mère M.-Eugénie, le 14 novembre. Deux choses qui ont l'air de venir de vous, ont été reprochées au P. Ceslas par ses supérieurs. L'une est la plaisanterie qu' il a faite sur les Jésuites, le jour de la profession de sa soeur, devant vous, moi et son frère: *qu'il y avait entre eux et lui un empêchement d'honnêteté publique*. La seconde chose est ce que vous m'aviez raconté et que vous saviez par le secrétariat: qu'il avait dit à l'évêque de Nîmes qu'ayant reçu une permission de l'Index pour les livres défendus, il l'avait renvoyée. Il ne vous attribue pas cette seconde chose; mais moi qui sais que vous l'avez dite, j'ai eu le coeur tout serré de la pensée que vous auriez volontairement ou involontairement prêté des armes aux ennemis d'un ami si dévoué de notre Congrégation. Dites-moi ce qui en est. Si dans la suite il y avait lieu, seriez-vous en situation d'écrire au général pour lui dire dans quels termes innocents et naturels la plaisanterie a été faite; car, après tout, nous en avons tous dit ce jour-là autant que lui [...] Quant à l'affaire de l'Index, c'est à un de ses Pères, avec qui il est lié et qui avait demandé cette permission pour lui, qu'il a fait la plaisanterie de la renvoyer en lui répondant qu'il n'en avait pas besoin". (Voir *Lettre* 829, note 2).
2. Le 30 avril 1857, jour de la profession de Soeur M.-Colombe, soeur du P. Celsas Loyson et de l'abbé Charles Loyson.
3. Grand-père maternel de Marie Correnson, chargée de la fondation des Oblates de l'Assomption par le P. d'Alzon en 1867.
4. Supérieur général des Dominicains.
5. Mère M.-Eugénie se rendra, non sans peine, à l'exposé du P. d'Alzon.
6. Anciens élèves de l'Assomption.
7. Mme Cambon, de Sumène, eut trois fils à l'Assomption.