- T2-270
- 862
- Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.270
- Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 35, n. 6, pp. 173-176.
- 1 ADORATRICES DU SAINT-SACREMENT
1 AMOUR DU CHRIST
1 CONFESSION SACRAMENTELLE
1 CONTRITION
1 CONVERSION SPIRITUELLE
1 CROIX DE JESUS-CHRIST
1 CRUCIFIX
1 EPOUSES DU CHRIST
1 FAUTE D'HABITUDE
1 LOI DIVINE
1 LUTTE CONTRE LE PECHE
1 MORT DE JESUS-CHRIST
1 PASSION DE JESUS-CHRIST
1 PECHE MORTEL
1 PECHE VENIEL
1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
1 REDEMPTION
1 SAINT-SACREMENT
1 SAINTS
1 SAUVEUR
1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
1 TENTATION
1 THEOLOGIE MYSTIQUE - AUX ADORATRICES DU SAINT-SACREMENT
- ADORATRICES
- 24 juin 1857.
- 24 jun 1857
- Lamalou,
Mes chères filles,
Outre les sentiments dont je vous montrais la source dans l’usage de votre crucifix, il me semble que je puis vous dire quelque chose encore d’une disposition importante de l’âme qui tend à la perfection, et, selon moi, beaucoup trop négligée, je veux parler de la contrition.
La plupart des personnes pieuses sont arrêtées dans leurs progrès vers la perfection, parce qu’elles ne combattent pas assez énergiquement leurs défauts; et elles ne les combattent pas, parce qu’elles n’ont pas assez l’horreur des péchés oû ces défauts les entraînent. Quels progrès avez-vous faits depuis quelque temps? Et pourquoi n’avancez-vous pas? Parce que vous n’éprouvez pas assez le besoin de conversion, sinon du mal au bien, du moins de l’imperfection à la perfection(1), sans lequel on tombe dans la torpeur et l’engourdissement. Vous ne pouvez rester dans cette léthargie. Il faut en sortir, et, pour cela, je viens vous offrir le secours de votre crucifix.
Pourquoi Notre-Seigneur est-il mort? Pour payer la peine de nos péchés. Et vous, ses épouses, vous n’avez pas horreur du péché! Entendons-nous. Vous détestez le péché mortel, j’aime à le croire, mais où en étes-vous par rapport à l’habitude du péché véniel? Votre amour-propre, votre susceptibilité, vos antipathies, votre imagination, votre envie de paraître, votre légèreté dans les choses de Dieu, votre négligence dans la prière, en un mot cet ensemble d’infractions à la loi de Dieu qui forme le bagage d’une personne pieuse allant se confesser, tout cela où en est-il? Le fardeau devient-il plus léger chaque jour? Devient-il plus. pesant ou bien reste-t-il au même poids?
Voyez la conséquence. Je ne donne pas, d’une confession à l’autre, la mort à celui que j’appelle mon époux, mais je le meurtris sans cesse par mes révoltes, par mes négligences, par ma légèreté, par mes inadvertances coupables toujours quand il s’agit de Dieu. Rendez-vous compte de toutes les tentations de soulèvement, de murmure, de découragement, de dépit par où vous passez. Je ne prétends pas vous peindre tout entières. La vérité est que vous promettez tous les huit ou quinze jours à Notre-Seigneur de vous corriger, de vous sanctifier, et que vous êtes toujours à peu près les mêmes.
Pourquoi cela? Pourquoi? Pour beaucoup de raisons. J’en donnerai une seule: vous ne connaissez pas assez votre crucifix, vous n’aimez pas assez Celui dont il est l’image, vous n’avez pas assez la science des douleurs de Jésus; et cette science, votre crucifix vous la donnera quand vous la lui demanderez. Laissons le péché mortel qui a donné la mort au Sauveur des hommes. Toujours est-il que sur la croix je le vois déchiré par les fouets de la flagellation, couronné d’épines, dévoré d’une soif brûlante. Ces souffrances eussent pu ne pas lui donner la mort. Mais que de sang déjà répandu, que de tortures dans cette tète divine, que d’angoisses dans cette poitrine dévorée par le désir de sauver les hommes! Prenez votre part de tout cela; ce sont nos péchés véniels qui en sont cause. Nous n’avons pas enfoncé la lance dans son côté, nous n’avons pas attaché Notre-Seigneur à la croix, mais nous l,avons livré aux douleurs les plus intolérables et nous l’y livrons tous les jours, quand, par notre peu de générosité, nous retombons sans cesse dans ce que nous appelons nos péchés d’habitude. Et nous disons que nous l’aimons!
Ah! mes chères filles, une servante de Dieu est arrivée à la sainteté, parce qu’elle a souffert sans se plaindre que, pendant plusieurs années, son mari l’attachât toutes les nuits à un poteau et la frappât jusqu’au sang. Voilà de quoi faire une sainte. Vous l’admirez; mais que pensez-vous du mari? C’était un monstre, n’est-ce pas? Ce mari, c’est vous. Il battait sa femme sans motif. Quel motif avez-vous de frapper Notre-Seigneur? Ce mari méritait que sa femme se séparât de lui. Quel traitement mériteriez-vous de la part de notre bon Maître?
Allez à votre crucifix; considérez Jésus que vous avez si souvent délaissé, insulté, méprisé, conspué, flagellé, couronné d’épines, et ayez le courage de lui dire que vous l’aimez, si vous n’êtes pas résolues à arracher de votre coeur tout ce qui pourrait lui déplaire, tout, jusqu’aux moindres imperfections.
Je voudrais que vous fissiez votre préparation à la confession ou devant le Saint-Sacrement ou devant votre crucifix. Je suppose que vous n’avez jamais commis de péché mortel; mais qui de vous peut en être assurée? Et si vous n’êtes pas sûres de n’avoir jamais perdu votre innocence, vous croyez que vous n’avez rien à réparer, à expier, aux pieds de votre Dieu?
J’attends de votre petite association et de son amour pour notre bon Maître une préparation plus sérieuse à la confession. Je ne veux rien qui trouble, il n’est pas question de scrupule; je demande une plus profonde horreur de vos péchés. Je ne dis pas: Fouillez plus attentivement; mais je dis: Détestez plus énergiquement, plus efficacement vos fautes, mesurez-en la gravité à la profondeur des plaies du Fils de Dieu, et, au pied du crucifix, prenez la résolution de détruire en vous tout sans aucune réserve, tout ce qui pourrait déplaire à Notre-Seigneur.
Tout à vous, mes chères filles, avec l’ardent désir que le règne du péché disparaisse de vos âmes.
E. D'ALZON.