Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.193

18 feb 1857 [Paris, COMBIE_JULIETTE

Elle n’a pas à se défier de son affection. -Profession religieuse de sa soeur. -Le moment vient de lui demander tout son dévouement et toute sa vie. -Qu’elle soigne sa santé et assouplisse son caractère.

Informations générales
  • T2-193
  • 791
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.193
  • Orig.ms. ACR, AM 160; D'A., T.D. 37, n. 50, pp. 131-133.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 AMOUR-PROPRE
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 GENEROSITE
    1 PROFESSION PERPETUELLE
    1 SOUFFRANCE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 COMBIE, MARIE-CATHERINE
    2 HEDOUVILLE, MARTHE DE
    2 SEGUR, GASTON DE
  • A MADEMOISELLE JULIETTE COMBIE
  • COMBIE_JULIETTE
  • le] 18 fév[rier 18]57.
  • 18 feb 1857
  • [Paris,
La lettre

Ma chère enfant,

Quoique un peu fatigué, je tiens à vous écrire sur-le-champ. Je voudrais que vous comprissiez, mon enfant, tout ce que je veux être pour vous. Croyez-moi, ne vous défiez pas tant de mon affection; elle est toujours la même, quoique vos lettres semblent en douter quelquefois. Il y a même quelque chose de plus. Je vous vois souffrir. Si j’étais près de vous, je devinerais la nuance de votre souffrance; de loin, c’est impossible et c’est pour cela que je m’abstiens.

Je croyais vous avoir parlé de Louise, l’avant-veille de sa profession.(1) Le jour où elle fit ses voeux, nous parlâmes bien longuement de vous. Vous étiez là par notre pensée, notre souvenir et le regret de votre absence.

Aujourd’hui, je voudrais que vous fussiez convaincue que je compte sur vous pour un peu plus tard, et, vous avez beau dire, j’y compte. Je ne vous laisserai pas tranquille, quand le moment sera venu, à moins que vous ne me disiez: « Je ne veux plus de vous ». Sans doute, il serait bon que nous fussions plus souvent auprès l’un de l’autre; mais si Dieu ne le veut pas, il faut vouloir ce qu’il veut.

Juliette, à l’instant même, une occasion se présente de vous demander tout votre dévouement et toute votre vie, quelque temps loin de moi, peut-être un jour à côté de moi. Il ne m’est pas permis de m’expliquer davantage. Il y aura à souffrir, à endurer, à se vaincre. Il y aura à faire des sacrifices d’amour-propre. Peut-être quand nous croirons avoir atteint le but, nous échappera-t-il. Vous voyez, je ne vous dissimule rien des difficultés et je ne vous dis rien des détails du projet. C’est vous demander une confiance aveugle. Ma fille en est-elle là? Priez, lisez, étudiez, reposez-vous. J’aurai, plus tôt que vous ne le pensez, besoin de vos forces, si elles sont encore à ma disposition; ce dont je ne puis douter, malgré les découragements de ma fille.

Je vous ordonne de vous bien et sérieusement soigner. Je veux que vous vous teniez prête, pour bientôt peut-être. Assouplissez-vous; mettez de l’égalité dans votre caractère, de la patience dans votre âme, de la force dans votre coeur, et quand vous me direz: « Je suis prête à la souffrance, au combat, à l’humiliation des discours humains, au sacrifice », je vous emploierai, soyez-en sûre.

Adieu, mon enfant.

E. D’ALZON.

En y réfléchissant, je vous dois peut-être des excuses. Je prends pour vraies vos défiances, j’ai tort. Vous croyez vous défier, vous ne vous défiez pas. Adieu, tout de bon.

Aujourd’hui, nous avons une grande réunion pour les petits protestants; je vous en rendrai compte.(2)

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
2. Il s'agit de l'oeuvre de Saint-François de Sales. La réunion se tint chez Mgr de Ségur, que le P. d'Alzon avait pressenti pour y collaborer, voire en être le président, sans qu'on puisse préciser la date de cette proposition, à compter du séjour du P.d'Alzon à Paris, fin novembre 1856 (cf. HEDOUVILLE, *Mgr de Ségur*, p. 432).1. Louise, sa soeur, en religion Soeur Marie-Catherine.
2. Il s'agit de l'oeuvre de Saint-François de Sales. La réunion se tint chez Mgr de Ségur, que le P. d'Alzon avait pressenti pour y collaborer, voire en être le président, sans qu'on puisse préciser la date de cette proposition, à compter du séjour du P.d'Alzon à Paris, fin novembre 1856 (cf. HEDOUVILLE, *Mgr de Ségur*, p. 432).