Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.168

22 dec 1856 [Paris, COMBIE_JULIETTE

Il veut bien lui rendre justice, mais il veut aussi la rendre sainte. -Il lui offre son appui et il attend le sien. -Progrès de l’oeuvre de Saint-François de Sales.

Informations générales
  • T2-168
  • 763
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.168
  • Orig.ms. ACR, AM 155; D'A., T.D. 37, n. 45, pp. 126-127.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 AVENT
    1 EPREUVES
    1 SALUT DES AMES
    2 COMBIE, MARIE-CATHERINE
    2 MERMILLOD, GASPARD
    2 PARISIS, PIERRE-LOUIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SACCONI, CARLO
    2 SIBOUR, MARIE-DOMINIQUE
    3 ARRAS
    3 PARIS
  • A MADEMOISELLE JULIETTE COMBIE
  • COMBIE_JULIETTE
  • le] 22 déc[embre 18]56.
  • 22 dec 1856
  • [Paris,
  • Mademoiselle
    Mademoiselle Combié
    6, rue de la Maison carrée
    Nîmes Gard.
La lettre

Ma chère enfant,

Je vous promets de vous rendre toujours justice, mais je voudrais bien vous rendre sainte aussi. Vous ne pouvez croire à quel point j’en suis préoccupé. Je vous plains, sans doute, d’éprouver bien des ennuis dans vos bonnes oeuvres. Mais de bonnes oeuvres peuvent-elles rapporter autre chose, à moins qu’on ne les fasse pour avoir sa récompense en ce monde? C’est une très grande grâce que Dieu nous fait que de nous envoyer des ennuis. Cela nous force à lever les yeux au ciel. Ainsi, quand vous me direz: « Mon Père, je n’en puis plus », je vous tendrai bien vite la main, mais à condition de ramener doucement ma fille dans la voie de la croix, de l’humilité, de la douceur, de la patience.

Je n’ose pas vous dire que Louise vous avait écrit et que j’ai empêché la lettre de partir, afin de maintenir la règle de l’Avent(1). Quel père je suis! Certainement, mon enfant, vous ne devez pas renoncer à l’appui que je vous offre, mais vous avez peut-être tort de ne pas me dire que vous me donnerez celui que je vous demande. Relisez ma dernière lettre et répondez-y nettement.

L’oeuvre de Saint-François de Sales se pose très bien. L’archevêque de Paris, l’évêque d’Arras nous prêteront main forte. Aujourd’hui même, j’en ai parlé longuement au nonce(2). Il a été convenu qu’au retour de l’abbé Mermillod il nous réunirait et nous causerions des moyens d’arrêter une oeuvre un peu large.

Adieu, ma chère enfant. Tout à vous, avec l’affection la plus tendre et la plus paternelle.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Louise sa soeur, religieuse. Hors les cas de nécessité, on faisait, au noviciat, le sacrifice de sa correspondance, pendant l'Avent et le Carême.
2. L'archevêque de Paris, Mgr Sibour, l'évêque d'Arras, Mgr Parisis, le nonce, Mgr Sacconi. -Fort de ces appuis, pour l'oeuvre de Saint-François de Sales, le P. d'Alzon en avait écrit à Mgr Plantier. "Je ne refuse pas, lui répondra son évêque le 23 décembre, de me prêter à une oeuvre dont le but serait l'extinction du protestantisme par voie d'institutions et d'apostolat. Mais avant d'y entrer, j'ai besoin de savoir ce qu'elle sera tant que les bases ne m'en seront pas connues, je me tiendrai à l'écart. Ce qui ajoute à ma réserve, je devrais dire à ma défiance, c'est l'intervention d'Arras. Tout ce qui part de là, porte si peu le caractère de la raison et du sens pratique qu'il me serait impossible de subir, avant épreuve faite, un pareil patronage. Ainsi, je ne dis pas non, mais j'attends. Je ne vous défends pas d'échanger quelques vues, de demander certaines explications; mais ne faisons pas de promesses, ne contractons point d'engagements, avant d'être sûrs du terrain sur lequel nous devons marcher". Puis, après avoir demandé au P. d'Alzon de lui trouver des subsides auprès du ministère pour les réparations de l'évêché, Mgr Plantier ajoutait: "Je recevrai très volontiers l'écho de tout ce qui se fait et se dit à Paris en dehors des bruits de journaux. Vous savez combien je suis tolérant en matière d'opinions. J'aime beaucoup ma liberté, mais je respecte avec scrupule dans les autres toutes celles que supporte l'Eglise et qui se concilient avec la foi".