Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.392

• T1-392
• 357
• Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.392
• Orig.ms. ACR, AD 15; D'A., T.D. 21, n. 204, p. 122.

• 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
  1 AMITIE
  1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
  1 AMOUR DU CHRIST
  1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
  1 CONSTITUTIONS DE 1855
  1 FOI
  1 FRANCHISE
  1 GRAVITE
  1 IMAGINATION
  1 INFIDELITE
  1 OEUVRE DE JESUS-CHRIST
  1 PROJET D'UNION AVEC LES RESURRECTIONNISTES
  1 PURIFICATION
  1 RENOUVELLEMENT
  1 SIMPLICITE
  1 TERREUR
  1 TIEDEUR
  1 UNION A JESUS-CHRIST
  1 UNION DES COEURS
  2 CHABOT, JEANNE DE
  3 MIREMAN
  3 PARIS
  3 ROME
• A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
• MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
• le] 15 février 1854.
• 15 feb 1854
• [Nîmes,

Je vous ai écrit tout à l’heure, ma chère fille, quelques lignes dans ma réponse à Jeanne de Chabot[1]. Je reprends la plume en ce moment, uniquement parce que j’ai besoin de penser tout haut avec quelqu’un; et à qui irai-je, sinon à ma vraie fille, à l’âme que Dieu me permet d’aimer entre toutes les âmes? Ce n’est donc que pour vous que je vous écris en ce moment, à moins que vous ne vouliez voir une preuve d’affection (et je crois bien que, pour moi, c’est la plus grande) dans cet épanchement de coeur.

Fais-je bien de vous parler ainsi, et ne vaudrait-il pas mieux que je repliasse en moi l’expression des dispositions où il me semble que Notre-Seigneur me met? Il me paraît que, malgré des infidélités sans nombre de ma part, Notre-Seigneur s’empare tous les jours un peu plus de moi. C’est un mélange de gravité, de sérieux, de simplicité, de sécheresse, de tendresse douloureuse, d’abandon, de terreur, de renouvellement d’esprit de foi, mais surtout de besoin de beaucoup aimer Jésus-Christ, et tout ce que Jésus-Christ aime, uniquement parce qu’il a lui-même aimé. Si je suis triste et brisé, j’aime ma tristesse et mon brisement en Jésus-Christ, dans la mesure où il veut que je l’accepte, en voulant ou n’en voulant pas, selon les dispositions de son amour pour me purifier. Oh! si tout cela pouvait ne pas être de l’imagination et le bruit du perroquet qui répète ce qu’il a entendu dire, sans en comprendre un mot? Il me semble pourtant que je suis sincère, d’autant plus que ces dispositions ne sont pas venues en moi tout à coup et qu’elles me donnent une grande confusion, à cause de tout ce que je découvre d’impureté au fond de mon âme, en face de cette belle lumière que Dieu, ce semble, me manifeste.

C’est à cause de cela que je n’ai pas voulu mettre la dernière main à nos Constitutions[2]. Il vaut mieux attendre que je sois un peu plus uni à Notre- Seigneur et à son esprit. Il me paraît que je pourrai attendre la fin du carême, si je vais à Rome au mois de mai, ou le mois de juin, époque pendant laquelle j’irai m’enfermer quelques jours à Mireman, si je ne vais à Rome qu’au mois d’août[3]. Quoi qu’il en soit, je vous demande beaucoup de prières. Vous n’avez pas besoin de dire que c’est pour moi, mais faites un peu beaucoup prier. Je deviens vieux. N’est-il pas temps que je me donne sincèrement à tout ce que Notre-Seigneur exige? Il me semble que je m’occupe un peu plus de notre petite famille.

Adieu, ma chère fille. Tout à vous avec un coeur de vrai père.