Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.316

1 aug 1853 Nîmes, ROCHER_MADAME

Qu’elle reste auprès du duc de Narbonne pour l’assister. – Une de ses filles sera certainement religieuse. – On ne peut aimer sans sacrifice. – En novembre, il ira à Paris.

Informations générales
  • T1-316
  • 285
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 1, p.316
  • Orig.ms. ACR, AL 179; D'A., T.D. 34, n. 12, pp. 288-289.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
    1 CHOIX
    1 ENVIE
    1 JESUS-CHRIST MEDIATEUR
    1 PATIENCE
    1 PENITENCES
    1 PERSEVERANCE
    1 PROVIDENCE
    1 SOINS AUX MALADES
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 NARBONNE, DUC DE
    2 ROCHER, ADRIEN-MAURICE DE
    2 ROCHER, HENRI DE
    2 ROCHER, MARIE DE
    2 ROCHER, THERESE-AUGUSTINE DE
    3 PARIS
  • A MADAME DE ROCHER
  • ROCHER_MADAME
  • le 1er août 1853.
  • 1 aug 1853
  • Nîmes,
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Je veux vous répondre sans retard, ma chère cousine, et, à peine votre lettre lue, je mets la plume à la main pour vous dire combien tous les détails que vous me donnez m’intéressent. Certes, vous avez besoin d’une grande patience, mais vous êtes dans une situation clairement marquée par la Providence. Aussi n’avez-vous qu’une seule chose à faire, rester là où vous êtes. C’est, du reste, la volonté de votre mari. Aussi ce qu’il y a de mieux pour vous, c’est de prendre rondement votre parti. Que certaines personnes aient été jalouses de votre position, cela se conçoit à merveille. Ce n’est pas pour vous une raison de l’abandonner, et puisque le duc de Narbonne insiste pour vous retenir auprès de lui, il faut ne pas l’abandonner et lui fermer les yeux. Quant à Marie, je m’en préoccupe peu, après y avoir réfléchi. Ce que Marie laissera, Thérèse le prendra, et pour Marie, certainement elle sera religieuse quelque part. Il me semble que sacrifiant si généreusement un établissement, Dieu l’en récompensera en lui donnant la grâce de la persévérance. Je vais faire prier pour que la volonté de Dieu se manifeste et pour que vous fassiez en tout ce qui sera le meilleur sous l’inspiration de Notre-Seigneur. Je crois que vous devez vous interdire toutes vos mortifications et vous contenter de celles que le bon Dieu vous envoie.

Ah! que vous avez raison, quand vous me parlez du besoin que nous avons d’aimer Notre-Seigneur! Que doit être une vie chrétienne qu’un acte d’amour et d’amour crucifié? Mais le pire, c’est que voulant aimer nous ne voulons pas souffrir. Et pourtant que sommes-nous capables de faire sans sacrifice; c’est-à-dire sans souffrance? Offrez, offrez à Notre-Seigneur, ma chère enfant, l’ennui que vous cause votre éloignement de ceux que vous aimez. Puisque Notre-Seigneur veut tout, il veut le sacrifice de tout ce qui vous serait bon selon la nature.

Je ne sais vraiment pas si j’irai à Paris. Cependant, au plus tard au mois de novembre, il faudra bien que j’y aille, si je n’y suis pas allé avant. Ne vous inquiétez pas pour Henri[1]; nous trouverons une occasion sûre de vous l’expédier.

Adieu, ma bien chère enfant. Je pense bien souvent à vous devant Dieu, et je lui demande du fond du coeur beaucoup de grâces pour vous. Je suis souffrant, et voilà une longue lettre que je ne relirai pas.

Mille choses à Marie. Tout à vous, ma cousine, du fond du coeur.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Henri, comme plus haut Marie et Thérèse, sont les enfants de Mme de Rocher. Henri fut élève de l'Assomption, de 1852 à 1860. Marie devait entrer au Sacré-Coeur, et Thérèse à l'Assomption, sous le nom de Soeur Thérèse-Augustine.