- V3-246
- 0+525|DXXV
- Vailhé, LETTRES, vol.3, p.246
- 1 COLLEGE DE NIMES
1 CONSTITUTIONS
1 CORPS ENSEIGNANT
1 ECONOMAT
1 REPOS
1 SANTE
1 VOLONTE DE DIEU
2 CARDENNE, VICTOR
2 CUSSE, RENE
2 FRANCOIS DE SALES, SAINT
2 GOUBIER, VITAL-GUSTAVE
2 HENRI, EUGENE-LOUIS
2 JEANNE DE CHANTAL, SAINTE
2 RANCE, ABBE DE
2 SURREL, FRANCOIS - A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS(1).
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- le 17 mai 1847.
- 17 may 1847
- Nîmes,
Je viens d’envoyer à la poste une lettre pour vous. Je reçois la vôtre du 14; j’y réponds bien vite, parce que ce matin j’ai le temps. Dites, tant que vous voudrez, qu’il vaut mieux donner que recevoir; avec vous, ma fille, il me semble que ce que je vous donne vous appartenait déjà, et que ce que vous me donnez est bien un peu dans son principe ma propriété. Voyez comme je dispose de vous! Il est très vrai que, lorsque je sentirai qu’avec la permission de Notre-Seigneur vous redevenez mon appui, ma force morale sera bien autrement grande. Mais, en ceci comme en tout le reste, que sa volonté se fasse! Il sait quelles croix me sont bonnes, et je ne sais pas trop ce qu’il m’enverra de plus amer. Mais il ne faut pas en être en peine. Son amour est si habile, quand on le charge de nous crucifier.
Je vous promets de laisser M. de Rancé et de prendre saint François de Sales, quand j’aurai terminé les explications de sainte Chantal, sur les Constitutions des Visitandines. Quant au reste de votre lettre, je ne sais qu’y dire, car c’est là tout à fait mon avis et c’est à quoi je tends depuis un an. Je vise à une organisation très simple que voici.
Je voudrais réduire à quatre ou cinq chefs principaux le travail de toute la maison: j’aurais un préfet de religion, un préfet des études, un préfet de discipline et un économe. Le préfet de religion aurait sous sa dépendance la chapelle, les sacristains, les catéchismes et les catéchistes -ils sont cinq,- il surveillerait les instructions à la chapelle et l’action à exercer sur les élèves dans les conversations particulières. Le préfet des études aurait sous lui les professeurs et tout ce qui concerne l’enseignement. Le préfet de discipline surveillerait les surveillants, proclamerait les punitions, assisterait à tous les mouvements, surtout au dortoir. L’économe présiderait à la lingerie, à l’infirmerie et à la dépense. Vous voyez que chacun de ces chefs principaux se distribuerait, avec les divers travaux, l’ensemble du personnel. Le préfet de religion avec les catéchistes, le préfet des études avec les professeurs, le préfet de discipline avec les surveillants formeraient divers Comités, qui, du reste, subsistent déjà en partie, et je dominerais le tout avec assez de facilité, ce me semble.
J’ai un excellent préfet des études. De ce côté, les choses vont très bien. La préfecture de discipline pèche un peu, parce que M. Henri veut s’en décharger sur M. Cusse et que M. Cusse ne veut pas accepter le fardeau. L’économat irait bien, si j’avais un linger et un infirmier, et si les appréhensions de M. Goubier me laissaient me reposer un peu plus sur M. Henri, qui, lorsqu’il est tenu de près, fait très bien. J’aurais besoin d’un préfet de religion. J’en partage les fonctions avec M. Henri, mais un homme spécial et capable m’irait tout à fait. Le tout est de le rencontrer, car, pour en avoir un comme M. Surrel, j’aimerais autant n’en point avoir.
Le 19.
Voilà pour la partie extérieure de l’administration. Quant à ce qui m’est personnel dans cette vie de brisement perpétuel, je sens bien que je plie sous le faix et que j’ai un besoin très grand d’un peu de repos. J’espère que plus tard cela viendra. Mais cela ne vient pas encore, tant s’en faut. Aujourd’hui encore, j’ai eu une explication très pénible avec M. Cusse pour le forcer à un travail, au sujet duquel il a montré une mauvaise volonté incroyable. Le sentiment que chacun cherche à faire ses arrangements est une des choses les plus déplorables dans une maison comme celle-ci, et puis, pourtant, il faut bien voir cela.
Quoi qu’il en soit, je vais faire mes efforts pour entrer dans vos pensées. Voyez-vous, je n’ose pas trop descendre dans mon fond; j’y vois une impuissance qui me désole. Mais cela reviendra un peu plus tard, j’en suis sûr. Aussi, ne croyez pas que je songe à rien abandonner. Dieu a peut-être ses vues; et peut-être y a-t-il en moi quelque chose en quoi je ne le sers pas convenablement. Je ne puis pas trop exiger du bon Cardenne. Sa constitution est altérée par un travail forcé et aussi par les chaleurs. Je ne voudrais pas lui donner un surcroît d’occupations.
Adieu, ma chère enfant. Je m’arrête, parce que le temps me presse, et suis tout vôtre en Notre-Seigneur.